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One half that you see

Mer 12 Juil 2017 - 4:45


One half that you see

“Believe nothing you hear, and only one half that you see.”
― Edgar Allan Poe, The System of Doctor Tarr and Professor Fether

One half that you see Tumblr_mypbmeteNe1t373vjo1_500 One half that you see Giphy


Je commençais à m'y reconnaître, à Tacoma. La banlieue désaffectée, les maisons enlignées, le goudron comme repère, les allées plus larges laissant accès aux rues primaires puis aux routes secondaires. Tertiaires. Ce n'était pas important. J'avais fui avant, j'avais couru. I collapsed, said fuck too many times. Je m'étais épuisé, à force. J'avais croisé Brady, la figure squelettique, le fantôme d'une autre vie. On avait fait camp commun, séparément. Les deux antihéros, le cynisme ambulant. Il y a 12 ans dans un bar à San Francisco. Maintenant, loin. Au nord. Avec fin du monde en sourdine. Volume increasing. World resuming when you weren't ready to play. Wanting a drink.

Tacoma, le terrain de jeu pour certains. L'endroit où j'étais. Je m'étais posée. Vigilante, sur le qui-vive. C'était temporaire, toujours temporaire. Comme avant, en Oregon. Comme avant, en Californie. Comme avant, au Nevada. On the run. Lone girl against the world, with a trust problem.

[...]

Le crépuscule dans le ciel paresseux, une fin de journée avec cinq rôdeurs aperçu, l'impression d'une certaine routine dans mes pas et le périmètre établi pour la nuit qui approchait. Le gris du ciel contre les arbres dans le parc. Un centre de garde dans lequel j'avais trouvé des couvertures additionnelles, des médicaments périmés. Découvertes décevantes en plein été. Un temps mort.

A FEW HOURS LATER

Un bruit déchire la nuit, me réveille. C'est brutal. Je pense à un rôdeur. Je pense à quelqu'un d'armé. Ce n'est pas un cri. Je ne pense pas à ça. Je ramasse mon sac, cache ce qui me reste rapidement. C'est une explosion. Une explosion lointaine, maintenant.

D'une autre vie, presque. Pas une bombe. Pas un feu. Il y en avait eu, avant.

La dernière fois que j'ai entendu ce bruit, c'était la fête nationale. Patriots, red, blue, white, stars, a million of them, former slave states, colonies. Fireworks. Une explosion un peu plus à l'est. Des feux d'artifice. Une dynamite ambulante, dans le contexte actuel. Source de chaleur, de lumière. Elle permet un visuel sur le paysage éclairé, absurde, même loin. Des têtes - au moins une dizaine. Je tente de dénombrer rapidement.

Je supposais un accident ou une méthode de défense improvisée. Mon glock de service ne m'avait pas quitté: c'était une extension continuelle, une prothèse noire, pas aussi cinglante que mes pensées.

Ma course jusque là prudente, l'allée en béton étant facile à naviguer, même malgré la noirceur. Des pas agiles mais fatigués, toujours fatigués. Le manque d'endroit sûr. Le manque de Seattle. Le manque d'un autre de ces groupes. Je respirais l'indépendance acharnée. C'était le long voyage, les concessions, la fureur de survivre. La peur qui ronge les nuits, l'angoisse qui mange l'espoir.

Je vois une horde de rôdeurs au loin, amassés sous les feux. Le bruit masquant mon activité près, alors que je prends couvert. Trente-cinq, au moins, maintenant. En grappin. Agglutinés. Je les compte en groupe de cinq. Les sous-divise mentalement. Les assigne. Les catégorise. "Fucking hell." Mon murmure à moi-même, la narration inutile. Des pas, en diagonale. Mon arme dans les airs. Pointée. Je reste silencieuse un moment, pensant à un corps presque sans vie. Je ne bouge pas. Les yeux braqués sur ce que je pense être les trente-quatre autres. À cinq-cent mètres, environ. Les pas sont réguliers.

Je ne distingue rien. C'est noir. Je suis caché par l'angle du bâtiment. J'entends un halètement. Quelqu'un qui a couru. Quelqu'un qui a eu peur. Quelqu'un sur l'attaque. C'est difficile à distinguer, sans indice visuel. Mon arme, qui dépasse du mur. Je jette un œil rapidement. Girl with a gun, unknowingly meeting another live one. J'aperçois l'arme avant la personne. L'arc de tir change de la horde, lointaine, à la silhouette. L'arme, la fille. Avec mon bras gauche, je lui fais signe d'abaisser son arme.    

Trente secondes passent. Les feux dans le ciel ont terminé d'éclairer le ciel.

"Drop it." Tone low. Flames consuming the factory in the background. The sky darker, now. Clouds, black onto grey."Fucking... - There's-" Trente-trois rôdeurs au loin. Je ne les ai pas bien compté. Trente-quatre, toujours. Le dernier. Derrière. "Slowly." Je fais signe de s'approcher. L'arme braquée, toujours. "Lower it." There's a walker behind you.

Une minute est passée. Rapidement. Lone girl against the world, with a trust problem. Times two.
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Re: One half that you see

Mer 12 Juil 2017 - 8:26

Perdre Kassandra, elle n’aurait pas pensé que ça l’affecterait autant. Du moins, « affecter » n’était pas le terme exact, mais ce fait l’emmerdait bien plus que la chute du groupe qu’elle occupait encore il y a un mois. Malgré leurs différences, malgré le gouffre qui séparaient leurs âmes, Daphne avait fini par apprécier la modéliste pour ce qu’elle était. Une alliée précieuse dans ce chaos qu’elle peinait à faire tenir en équilibre. Elle qui n’aimait pas, ne s’attachait pas, ne communiquait pas… avait su enlever une partie du masque avec la blonde. Se souvenir, le temps d’une parenthèse, qu’elle n’était pas seulement un bloc de glace. Avant ça, sous son persona craquelé, il y avait une femme.

Leurs pas les avaient ramenées vers Tacoma. Aux côtés de l’urgentiste, la gamine de huit ans qui semblait encore avoir mûri d’un coup. Les traits fermés, ses boucles dorées oscillant à chaque de ses pas. Elle aussi avait l’allure d’une survivante : le teint pâle, la peau crasseuse, les vêtements brunis par la poussière. A sa ceinture, un couteau qui luisait à la lueur du crépuscule. Même si la taille et la force physique n’étaient pas à son avantage, on ne savait jamais.

Avant que la nuit ne tombent, elles avaient élu domicile dans l’une des baraques abandonnées de la Klapache avenue. Dos à la mer, donc une seule direction à surveiller pour éviter une attaque. La trentenaire avait laissé dormir la petite, épuisée par des heures de marches, même si elle ne s’en plaignait pas. Cette enfant aurait la chance de ne pas vraiment se rappeler ce qu’était son existence d’avant. Elle s’adaptait vite et à chaque jour qui passait, Daphne était fière de l’avoir prise sous son aile. Sérieusement… ça aurait été un pur gâchis de la laisser avec Adam et Michaela. A la lumière vacillante d’une paire de bougies, elle examinait l’arme trouvée dans une boîte, sous l’un des lits de la maison. Un petit pistolet d’auto-défense à cinq coups, rien à voir avec le Beretta qu’elle avait fidèlement gardé pendant 1 an avant d’en être séparée. Dans un soupir, elle chargea les balles poussiéreuses dans le barillet et se mit en position, testant le poids, la visée, le maintien… impossible de savoir s’il fonctionnait encore et malheureusement, l’heure ne se prêtait pas à un essai.

Le médecin pensait se coucher, elle aussi, lorsqu’une détonation déchira le ciel noir. Un feu d’artifice. Un crétin – ou un groupe de crétin – venait d’allumer une putain de flammes dans le ciel, à moins d’une centaine de mètres de là où elles se terraient. Mue par sa réactivité glaciale, l’urgentiste s’était empressée de trouver Texas dont les yeux grands ouverts témoignaient qu’elle avait été réveillée par l’explosion.

- On y va.

Pas de discussion, la petite faisait désormais parfaitement confiance à sa tutrice. Il faisait nuit, mais ça pouvait être bien pire si elles ne bougeaient pas. Le feu était monté si haut, avait tonné si fort, qu’il devait avoir été entendu par des cadavres à des kilomètres – mais pouvait aussi avoir signalé leur position à des vivants. Et si un groupe mal intentionné venait ratisser le coin ? Être audacieuse mais prudente, c’était bien ce qu’il l’avait gardée en vie jusque-là.

Dans les ruelles nocturnes, Daphne tenait sa nouvelle arme devant elle tandis que sa complice éclairait la voie avec leur lampe-torche. Les dernières étincelles dégringolaient, s’estompaient, alors qu’elles ne croisaient pour l’instant rien d’autre que les ombres défranchies des pavillons. Lorsqu’une silhouette se dressa devant elle, la trentenaire s’arrêta net. Une vivante. Aussi proche ? Sans doute celle qui avait tiré le feu… ou « l’une de ceux » si on partait du principe qu’elle venait d’un groupe. Ses yeux glacés la détaillaient, impénétrables, mais elle ne prit pas la peine d’obéir.

- Je ne pense pas, non, répondit-elle froidement.
- Il y a un mort derrière toi, interrompit Texas de sa petite voix laconique.

Elles n’étaient plus vraiment à ça prêt. L’urgentiste se retourna, pressa la détente… et heureusement : l’arme fonctionnait. La déflagration perça le crâne que la charogne comme un fruit trop mûr. Elle avait aussi attiré l’attention de toute la clique lointaine, mais ça : le médecin ne les avait pas encore vus. Reportant son attention – et son flingue – sur l’inconnue, elle demanda avec une ironie acide :

- Alors ? Le feu d’artifice, c’était pour quoi ? Célébrer le 4 juillet ?
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