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Still alive

Sam 18 Fév 2017 - 21:19

Février 2017 – Still alive

«You may be deceived if you trust too much, but you will live in torment if you do not trust enough. »

Daniel ne broncha pas le moins du monde en entendant le bruit écœurant du crâne lorsqu’il le traversa à l’arrière de sa barre de fer. Un vague instant, le rôdeur resta debout, comme indécis, puis il glissa en laissant une marque sombre sur le métal avant de s’écrouler au sol. Après l’impact, aucun bruit ne troubla le silence pendant un instant. Dan resta là un instant, figé, à contempler sans intérêt le cadavre et la pointe de son arme en alternance. Enfin, il se tira de ses pensées et, secouant la tête, essuya le sang sur les vêtements du mort. Il laissa ensuite sa barre de côté et traîna la dépouille jusque dans la pièce la plus éloignée, un bureau. La porte refermée, il repartit en direction de la cuisine, toujours aux aguets même s’il savait la cabane maintenant vide.

Selon ses estimations, il devait être envers DuPont, pas trop loin d’Olympia. La baraque, une petite maison bien ordinaire, lui rappelait légèrement celle de ses grands-parents. Il était arrivé moins d’une heure plus tôt. Après avoir visité les environs pour s’assurer de ne pas être encerclé, il avait jeté son dévolu sur la maisonnette et avait entrepris de la nettoyer. Un seul rôdeur habitait encore les lieux, une dame qui avait probablement plus de cinquante ans. Celle qu’il venait d’abattre sans un remords.

Fouillant les armoires de la cuisine, il eut un sourire à cette pensée. Pourquoi s’embarrasser par la mort d’un cadavre ? D’un point de vue totalement objectif, cette femme était morte. Peu importe ce qui la tenait debout – parasite, virus, bactérie… – elle n’était plus rien de ce qu’elle avait été. Tout ce qu’il venait de faire, c’était de fermer à jamais une bouche dangereuse. Aucune raison d’avoir des regrets.

Et les vivants ?

Daniel s’arrêta dans sa recherche. Un vague instant, il songea à Dennis. Le chasseur n’était pas mort, quand il avait arrêté ses recherches. Du moins, pas à sa connaissance. Lui fallait-il regretter ? Et pour les autres, morts au long du chemin, devait-il s’en vouloir ? Hendricks, Sophie et tous les autres ?

- Les gens meurent. C’est triste, mais c’est simple. Ils meurent.

Avec un demi-sourire, Dan se débarrassa de ses pensées philosophiques et reprit sa fouille. Il dénicha quelques conserves de fruits et de poisson ainsi qu’un reste de bouillon de poulet. Pas mal. Il pourrait se faire de quoi manger dans le poêle à bois. Son tour fait, il repartit donc dans le salon et déposa ses trouvailles près des quelques bûches. Il prit ensuite son sac de couchage et le déroula près du poêle. En guise d’oreiller, il remplit une taie de quelques vêtements. Une autre nuit de solitude.

Il prit sa gamelle dans son sac et la jeta près de conserves. Un coup le feu lancé, il pourrait se faire une bonne soupe. Cela faisait déjà quelques jours qu’il n’avait rien mangé de chaud et la perspective d’un bon souper ne lui déplaisait pas. De toute façon, avec le froid qui régnait sur la région, allumer un feu serait déjà d’un grand réconfort. Certes, la fumée pouvait attirer l’attention. De nuit, dans l’obscurité la plus totale, les morts ne risquaient pas de la voir, mais d’autres vivants pourraient peut-être la suivre jusqu’ici, à la lueur de la lune. L’idée ne le dérangeait pas outre mesure. Il savait bien sûr que, désormais, les gens pouvaient être encore plus dangereux que les morts-vivants. Toutefois, s’il les avait évités pendant un temps, ces derniers mois le laissaient croire qu’il pouvait faire avec eux, à condition de ne pas relâcher sa garde. Il n’avait donc pas verrouillé la porte, se contentant de poser un sac de cannettes devant. Si quelqu’un entrait, au moins, il le saurait immédiatement.

Les stores et les rideaux baissés, il s’autorisa à allumer son feu, qui lécha rapidement le bois sec. Bientôt, la chaleur commença à gagner la maisonnette. Assis en tailleur devant, Dan s’échauffa les mains un moment. Une lueur orangée auréolait le mur, au-dessus d’un canapé poussiéreux. Au-dessus, un cadre ornait la peinture beige. Daniel s’en approcha et le prit délicatement entre ses doigts. Un couple lui souriait paisiblement, inconscient de la fin tragique qui les attendait. Avec un rire silencieux, Dan jeta le cadre de côté et prit son couteau. Il plongea la pointe dans le mur et entreprit de le marquer aussi soigneusement que possible.

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Un sourire satisfait aux lèvres, il recula pour contempler son travail. Le résultat n’était pas parfait, mais cela importait peu. Les ombres jetées par le feu dansaient de part et d’autre de sa silhouette, conférant à son travail une allure de rituel satanique. Dan secoua la tête et s’en retourna près du feu. L’heure était venue de préparer le souper. Déjà, quelques braises étincelaient le pied des flammes. Il prit donc ses conserves et sa vaisselle et s’installa en indien devant le feu, son couteau à la main.

- Au travail…

Il leva son couteau mais s’arrêta dans son élan. Il lui semblait avoir entendu un bruit.
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Re: Still alive

Sam 18 Fév 2017 - 22:15


Ils s’étaient fait surprendre par la nuit, et un peu le froid aussi.
Depuis leur dernière rencontre, le couple avait abandonné le plan initial que constituait Gig Harbor. Après tout, Neil devait rejoindre Seattle, tôt ou tard, et à choisir, plutôt tard. Il avait fait de son mieux pour contourner Olympia, au moins la masse d’immeubles la plus concentrée. Il pensait le faire en une grosse matinée et ça leur avait pris la journée.
Il crevait la dalle, Roxanne au moins avait pu brouter le temps qu’il commence puis abandonne de fouiller une maison. Trop de morts pour sa hache, il ne tentait plus le diable depuis longtemps. Heureusement qu’elle était là pour le porter le long du trajet, sans elle il aurait depuis longtemps abandonné l’idée de se battre pour sa survie. Il avait été seul, vraiment tout seul, un mois tout au plus, et l’avait trouvé quand il était au plus bas. Il pouvait bien prétendre détester les gens, sans leur compagnie il dépérissait.

Le gamin avait fini par repérer la zone des pavillons au coucher du soleil. Le temps de les atteindre vraiment, il faisait nuit noire et le gel reprenait ses droits. Même avec son pull, sa veste et ses gants, il avait terriblement froid, et devait trouver un endroit utilisable. Dormir dehors n’était pas une option, il fallait un endroit fermé, juste pour une nuit, de quoi faire rentrer sa jument en sécurité.
La première maison qu’il avait visité, il n’en avait ouvert que la porte. Tellement de grognements, ils n’allait même pas tenter sa chance. La seconde, le battant et les fenêtres étaient presque tous brisés, et ils n’auraient aucune protection, ni contre le froid, ni contre la mort. La troisième, un cadavre s’était jeté à la fenêtre à peine passait-il à coté.
Il faisait nuit, il en avait plein les pattes et plein les fesses de sa journée à cheval. Il voulait juste se coucher, même juste sur du parquet, et le sort décidait de s’acharner. Tout ça commençait à le gonfler et loin, probablement à quelques rues de là, il entendait des râles monter. Il fallait se planquer.

La porte de la quatrième maison était miraculeusement déverrouillée.
A peine remarquait-il la lumière en ouvrant qu’il se prenait les pieds dans de l’aluminium qui tintait. « Put-…ain. » Ça lui échappait. Il enjambait d’un pas pour voir ce qui se tramait dans la pièce chauffée. Un type, seul, devant son repas. Lui n’avait pas l’air plus dégourdi, avec sa pelle en guise d’arme et ses mèches franchement ébouriffées.
Rapidement il se reprenait, poussait le sac responsable du pied et faisait entrer son cheval. Puis merde. Il y avait des morts qui arrivaient et il se voyait mal les semer au clair de lune.

« Y en a qui viennent par ici, j’pense que t’aimerais la mettre en sourdine. » Jument dedans, il refermait la porte et lancer un regard au pauvre type qui ne devait pas s’attendre à une visite surprise. Un peu plus bas il reprenait. « Je me planque une demie-heure et je repars. Pas la peine de gueuler ils sont au moins dix dehors. » Ce type-là n’avait pas une gueule de caïd avec son écuelle, ça devrait aller. Dans le doute Neil gardait ses distances, flattant l’encolure et la joue dorées. Une pause finalement, c’était pas faute de l’avoir méritée.
Par contre l’odeur de bouffe qui venait lui lécher le nez, ça, il aurait pu s’en passer. Son bide refusait en bloc le supplice, grognait de lui-même.
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Re: Still alive

Mar 21 Fév 2017 - 7:14

Les sourcils de Dawson se froncèrent, puis s’élevèrent lentement alors que la monture suivait son cavalier dans la maison. Les portes américaines rappelaient définitivement les canadiennes, au sens où elles n’étaient vraisemblablement pas faites pour les chevaux. Malgré une certaine surprise de voir passer l’herbivore dans le cadre de porte, Daniel s’étonna également de ressentir une certaine joie à le voir. Après tout, mis à part ses quelques repas tirés de la chasse ou du trappage, il n’avait vu que peu d’animaux au courant de la dernière année. Lentement, sa surprise laissa place à un léger sourire. Il ignorait si l’étranger lui adressait la parole, ou s’il parlait à son cheval, aussi il préféra ne pas parler pour le moment. Cependant, il brisa le silence après un léger instant :

- Assure-toi que la porte est bien fermée et replace les canettes.

Puis, élevant légèrement le repas qu’il préparait, il le désigna au jeune.

- Approche. Il devrait y en avoir assez pour nous deux.

La tête baissée, il vida le contenu d’une conserve de saumon dans la gamelle de soupe, et brassa le tout de la pointe de son couteau. Satisfait de son travail, il posa le tout sur le dessus du poêle, sans porter attention à l’inconnu. Il lui jeta ensuite un bref regard. Il lui rappelait Hendricks, d’une certaine façon. Penser à son assistant le ramena immanquablement dans le passé et, sans attendre, son esprit tenta de le ramener auprès d’Aiko. Dan secoua la tête pour la chasser de ses pensées et se tourna vers l’étranger, les mains sur les hanches. D’un coup d’œil rapide, il détailla l’animal qui l’accompagnait.

- Tu as quelque chose pour elle ?

C’était une belle bête, même si Daniel ne se passionnait pas pour la race équine. Il avait déjà travaillé avec quelques chevaux, pendant ses études. Par la suite, il avait davantage étudié les animaux exotiques. Cependant, certains d’entre eux rappelaient largement les chevaux. Les chameaux, par exemple. Ils n’avaient pas été parmi ses sujets préférés mais, en bon biologiste qu’il était, il les adorait eux aussi d’un amour sincère. Comme quoi, lorsqu’il travaillait avec les chameaux, il conservait toujours des gâteries aux pommes dans son sac. À bien y penser, il devait même toujours en rester quelques-unes : à l’automne, il avait tenté d’y goûter, faute de repas. La dureté l’avait convaincu de ne jamais réitérer.

Il se tira de ses pensées pour se concentrer sur le jeune. Il ne lui semblait pas menaçant, bien au contraire. Pour être honnête, il s’étonnait même qu’il soit encore en vie après tous ces mois. Peut-être venait-il d’un plus grand groupe ? Cette idée avait quelque chose de surprenant. Depuis que tout avait commencé, Dan n’avait jamais rencontré de groupes organisés. Seulement quelques survivants épars. Oui, on lui avait parlé de zones apparemment protégées et de rassemblements, mais il les avait évités autant que possible. Il ne voulait pas plonger dans les ennuis. De toute façon, ces endroits étaient destinés à tomber, en vue de ce qui arrivait à tout le monde.

Un coup d’œil rapide au repas l’assura qu’il devrait attendre encore un moment avant qu’il ne soit prêt. Il prit tout de même sa cuillère pour le remuer légèrement afin d’éviter qu’il ne colle au fond. Déjà, une légère odeur se propageait dans la pièce, pour accompagner la chaleur du feu. Heureusement, ni l’une ni l’autre ne risquait d’attirer les morts. Ces bestiaux repoussants avaient d’autres intérêts que la soupe et la chaleur. Du moment qu’ils restaient silencieux et que les rideaux tenaient bon, ils devraient avoir la paix.
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Re: Still alive

Mar 21 Fév 2017 - 10:40


Ce type n’avait pas l’air d’être bien méchant, même souriant. Quoique la dernière donzelle qu’il avait croisée était elle aussi plutôt avenante avant d’essayer de lui loger un carreau entre les deux yeux, deux fois. Neil était prêt à parier que c’était l’effet cheval qui frappait encore. Probablement le meilleur truc que cet animal lui apportait, les gens étaient tout de suite plus calmes en le voyant. Depuis le début de tout ce bordel, il n’en avait lui-même jamais vu un seul autre, pourtant ils n’étaient pas rares, avant, il se serait attendu à ce que les survivants en cherchent.  Après tout, c’était un moyen de transport plus efficace et pratique qu’une voiture, et une bonne compagnie.
Il replaçait docilement le sac contre la porte, vérifiant qu’elle était bien enfoncée et faisait quelques pas pour observer l’homme en face de lui. Un quarantenaire, du genre chaleureux, qui lui proposait de la nourriture. Neil ne pouvait pas refuser.

Contournant le mobilier il approchait à pas mesurés en vérifiant qu’il n’avait pas d’arme à portée. Juste un sac de couchage près du poêle. Il posait sa pelle, puis son sac, puis ses fesses au sol avant de laisser son regard courir sur les murs, tombant sur les signes ésotériques gravé dedans. Surement un timbré de passage, comme les hunters, en moins crade peut-être.
« Non… j’ai plus rien là. » Il se tournait un peu pour observer la jument qui prenait ses marques, humant les meubles sagement. Elle avait fini par s’habituer à vivre en intérieur depuis le chalet. Un vrai poney de maison. Revenant à l’inconnu, il frémissait un peu de la chaleur soudaine, agréable, mais tellement rare. Retirant ses gants et bientôt sa veste il dévisageait encore un instant son hôte puis la nourriture.
Putain ce qu’il avait faim. Il n’avait rien pu avaler de la journée.

« Vous venez de Seattle centre ? »
Depuis le temps qu’il cherchait quelqu’un qui en venait, il avait un peu abandonné, demandant juste par habitude. A croire que tout le monde y était condamné, peut-être son père aussi. Ça faisait un long trajet rien que pour y arriver, alors y survivre en prime, sans connaitre la ville…Quelle idée de merde de venir ici. Il aurait mieux fait de rester chez lui, ça aurait évité à son fils d’avoir à le retrouver. L’odeur tirait un nouveau grognement de son bide. Définitivement, il ne pourrait pas faire mine de refuser de la nourriture, même par politesse. De toute façon pour ce qu’il en avait à faire de la politesse. Il ne s’était pas encore présenté, ça lui apparaissait soudainement, juste avant de piquer la bouffe de cet inconnu notoire. « Je m’appelle Neil. »

Cet homme n’avait pas l’air excessivement sportif, ni trop armé, même assez généreux pour partager ses vivres avec un type qu’il ne connaissait pas. Le gamin se demandait un instant comment il s’en était sorti jusque-là. « Vous êtes seul ou vous avez eu un problème avec votre groupe ? » A tant faire, il préférait être celui qui pose les questions, au moins les premières. Ça lui donnerait toujours un petit avantage face à ce type. Plus que jamais, Neil se méfiait des apparences.
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Re: Still alive

Ven 24 Fév 2017 - 19:30

Seattle centre ? Non, définitivement pas. Il avait certes exploré les alentours de la ville, mais il était loin d’être allé bien loin. En venir, encore moins. Les lèvres pincées, Daniel tourna son regard vers les flammes, pour surveiller la soupe. Le liquide commençait à s’agiter légèrement. Il brassa légèrement le contenu, tournant le dos à l’étranger alors qu’il lui répondait :

- Non. Je viens du nord. Loin. Très loin d’ici.

Il eut un sourire amer au souvenir de son temps loin de la civilisation, en compagnie d’Hendricks. Dire qu’avant leur départ, ils avaient eu leur dernier contact réel avec la société sans en avoir connaissance. À l’époque, non seulement il n’avait aucune idée de ce qui se préparait, mais il était également bien loin d’apprécier les joies de la vie. Une nouvelle fois, Daniel chassa le souvenir douloureux d’Aiko et prit le plat dans lequel reposait désormais un repas bien chaud, qu’il posa sur la table basse du salon.

- Appelle-moi Dan.

L’idée de se présenter lui importait peu. Simon, Thomas, Arthur, Neil. Le nom du jeune ne faisait aucune différence, pas plus que le sien ne devait importer. Après tout, cela avait-il fait une différence avec les autres ? Pas vraiment. Toutefois, à défaut d’être positif, Daniel Dawson restait un homme poli. Si Neil tenait aux anciennes banalités, il pouvait bien les lui accorder. Par contre, il eut un léger sursaut quand le garçon rehaussa la note. Un groupe ? Un instant, il observa Neil, les traits tirés par la réflexion. Non, il ne devait pas avoir de mauvaises intentions. Il devait simplement chercher des gens. Après tout, en vue de sa tête et de son allure, il ne semblait pas être le meilleur survivaliste.

- Non, je suis seul, répondit-il tout bas. J’ai voyagé avec quelques personnes à droite et à gauche, mais je n’ai vu personne à part ça. Pas de… groupes, ou de zone protégée. Il y a pas de paradis terrestre, crois-moi. Apparemment les choses sont pires au sud. Ici, on a l’hiver à gérer. Alors, je crois pas qu’il y ait de solution miracle.

Dans la cuisine, il prit un peu de vaisselle poussiéreuse, qu’il essuya sans trop de vigueur avant de la poser près du repas. Il sépara la soupe en deux portions et s’assit près du feu, prenant l’un des deux bols avec lui, ainsi qu’une cuillère. Ce ne devait pas être un problème mais, par politesse, il lança tout de même une légère mise en garde.

- Il y a du poisson. Si tu es allergique, ou quelque chose dans le genre.

De toute façon, à bien y penser, les gens avec des allergies sévères ne devaient plus être nombreux. Par les temps qui courraient, il fallait se satisfaire d’à peu près n’importe quoi pour rester en vie. Heureusement, malgré les tendances princières de la société moderne, l’homme était un animal polyvalent et, une fois tombé au fond du bol, il agissait en véritable cafard, impossible à écraser. Cependant, l’heure n’était pas à la réflexion. Pour l’instant, il avait un invité, façon de parler. Il valait probablement mieux s’occuper de lui.

- Et toi, Neil ? Tu as des gens ? Tu vas… quelque part ? Tu viens d’ailleurs ?
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Re: Still alive

Ven 24 Fév 2017 - 22:01


« Y a eu des camps ici, ils sont tous tombés. » Il n’existait plus d’endroit sûr sur terre. Il en était persuadé. Tout ce qui pouvait être construit finirait par tomber, un jour, aux mains des morts. Tout. Peut-être une station pétrolière à la limite pourrait tenir, c’était le seul lieu viable qu'il avait pu se figurer. Loin des bras des morts, loin des pillards, loin de tout. Il faudrait l’aménager, mais une vie en autarcie au-dessus des flots lui paraissait bien plaisante. Plus que tout ce qu'il avait pu voir de la terre ferme. En plus il avait toujours adoré l'eau.

Son bol devant le nez, le gamin ne se faisait pas prier. Il crevait la dalle et n’y allait pas du dos de la cuillère, il en avait déjà une dans la bouche quand l’autre le prévenait. « C’est cool. » Il n’avait jamais aimé le poisson pourtant. Il avait même toujours piaillé quand il était question de lui en faire manger, même à vingt-cinq ans il crisait comme un gosse. Cette fois pourtant, le bide à fleur et la fatigue assommante, il était prêt à gouter à la fausse viande sans rechigner.

Daniel posait beaucoup de questions en une phrase. Neil prenait deux cuillères de plus avant de pondérer un instant. « Je viens de Salem, c’est un peu au sud, l’état d’en dessous. Mon père m’a donné rendez-vous à Seattle alors j’y vais. Avant l’hiver j’étais dans un groupe de 14 personnes mais c’était des lâcheurs. » Il remuait un peu, reprenait une cuillère. « En ce moment j’ai juste la jument. Et jdois toujours me faire le centre. »
Il haussait une épaule, pas très convaincu de sa capacité à le faire mais il n’avait rien d’autre. Pas une piste, pas une idée, il était juste tout seul à se trimballer sur la route. Il lui fallait un peu de busbstance pour continuer, une quête ou une direction. Seattle même, c’était au moins un début de but, ça lui éviterait d’errer comme le reste des morts. Quitte à ne pas l'être encore.

Le temps que le silence retombe un peu, des râles lointains s’élevaient. De nombreuses voix, surement ceux qu’il avait déjà entendu, passaient près des murs. D’un accord silencieux, les deux la mettaient en veilleuse pour ne pas attirer l’attention des cadavres déambulant. Avec de la chance il n’y en aurait plus beaucoup dans le quartier, si tous rejoignaient le groupe. Les morts en attiraient d’autres, il l’avait vérifié de ses yeux pendant son séjour dans la montagne et ses expériences avec le monstre de Frankenstein qui y siégeait. C’était le bon temps, attacher des cadavres, se faire presque bouffer, fuir comme des débiles dans les talus…
Les pas quittaient peu à peu la zone, le silence flottait encore un moment, laissant soin à Neil de repartir dans ses pensées. Il n’y avait que deux groupes qu’il avait apprécié, ce n’était pourtant pas faute d’avoir fait la sangsue. Quand il était avec les latinos c’était vivable, pas incroyable, mais vivable, la mama était aux petits soins avec lui. Quand il était seul avec Fawn, là, c’était tout autre chose. La vie au chalet était idyllique, ils s’entendaient parfaitement, fonctionnaient à l’unisson et ils s’étaient séparés comme des cons. Il s’en voudrait toujours s’il ne retrouvait pas la jeune femme, elle était tout pour lui à ce moment-là. Sa meilleure amie, la seule femme dans sa vie, celle qui l'avait sauvé et celle qu'il voulait impressionner.

« C’est moins chiant d’être avec une seule personne. » Il avait lâché ça à voix encore plus basse que précédemment, comme une conclusion à ses pensées. Il relevait le nez. « Du coup, c'est quoi votre but en ce moment ? » Il lui avait déjà donné le sien après tout, retrouver son père. Bizarrement, il ne lui tardait pas tant que ça. Sa seule famille parfaitement étrangère, avec qui il s'entendait à peine le temps d'un café. Est-ce que tout ce bordel suffirait à les rapprocher ? Même vaguement ?
 
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Re: Still alive

Lun 27 Fév 2017 - 4:26

Daniel ne s’étonna pas de cette fatalité : le jeune était seul et les environs devaient être déserts. Pas de quoi s’affoler. Désormais, il lui semblait que l’idée de suivre les masses tenait plus du suicide que du besoin. Tandis que Neil lui racontait sa brève histoire, Dan prit quelques cuillérées de son repas. Même s’il n’avait pas mangé quelque chose de chaud depuis un petit moment, il ne parvenait pas à apprécier franchement le repas. Peut-être parce que le goût du poisson jurait avec celui du bouillon de poulet, ou peut-être parce que, d’une certaine manière, ils lui rappelaient un moment quelconque passé avec Aiko. Quoi qu’il en soit, il préféra se concentrer sur les paroles du jeune que d’affronter de telles pensées. Il hocha lentement la tête alors que Neil achevait son récit, laissant son ustensile baigner dans le bouillon.

La seule Salem qu’il avait visitée, c’était celle au Massachusetts. Lui et un collègue – un imbécile du nom de Redd – avaient dû s’y rendre pour une conférence. Il n’eut cependant pas le temps de le mentionner à son invité : des râles s’élevèrent, devant la maison. D’un accord tacite, Neil et lui se murèrent dans un long silence que ne troublaient que les murmures des morts. Assis près du feu, vigilant, la main sur son arme, Daniel laissa son regard se promener entre la fenêtre et la jument. Heureusement, l’animal semblait de bonne compagnie pour un survivant de l’après-monde, et il ne semblait pas vouloir les vendre aux rôdeurs. Les morts s’éloignèrent peu à peu et le silence revint, parfois entrecoupé par les crépitements du bois dans le feu.

La question soudaine de Neil le cloua sur place. Son but ? En avait-il seulement un ? Longtemps, ça avait été le sud. Enfin, façon de parler. Le sud n’était pas vraiment un but. C’était plutôt l’ombre d’une destination. Au départ, il voulait gagner le chaud, avec Hendricks, pour ne pas avoir à affronter les rudes hivers du Canada. Mais, maintenant qu’on lui avait déconseillé le projet, il ne s’y intéressait plus vraiment. De toute façon… le nord, le sud. Il n’y voyait aucune importance. La mort dominait en haut comme en bas. Alors, était-ce un but ? Non, pas du tout. Un vague murmure chantonna le nom de son ex, dans un coin reculé de sa pensée. Non plus. Ce bateau avait pris le large longtemps avant que les morts ne se lèvent.

- Mon but…

Décidemment, c’était une question bien difficile à répondre. Daniel perdit un bref instant son regard dans les méandres de sa soupe – et de son esprit – avant de relever les yeux vers Neil, songeur.

- Survivre me semble déjà en être un bon, par les temps qui courent.

C’était peu mais, maintenant qu’il y pensait, cela lui semblait être la réponse la plus honnête et la plus juste. À quoi bon s’embarrasser d’une destination ? C’était se compliquer la vie, alors qu’elle l’était déjà suffisamment. Il n’avait personne et tous ceux qu’il connaissait étaient morts depuis des mois. Inutile de courir après des fantômes qui ne se souciaient pas de lui de son vivant.

- Et puis merde, hein. Avant tout ça… les gens se faisaient chier avec tout. Tout. Trouver un job. Une maison, une voiture. La femme, les enfants, le chien. La petite vie simple qui demande des tonnes et des tonnes de complications. Je dis pas… je dis pas que ce qui est arrivé est bien. Les morts… la faim… la soif… la fin du monde, tout ça. C’est horrible, oui, mais, en même temps… C’est un peu… une liberté.

Il expira doucement puis secoua la tête, un sourire crispé aux lèvres. Se croyait-il lui-même ? Possible. Il ne pouvait nier que ses paroles prenaient un sens assez véridique, lorsqu’il les remuait dans son esprit, mais il aurait menti s’il avait dit en apprécier chaque mot. Il ajouta donc, autant pour Neil que pour lui-même :

- Je suis libre. Libre de vivre, libre de mourir. Libre de… traîner dans toute cette merde, aussi longtemps que je le pourrai. Tout le monde que je connais est mort. Le dernier gars que j’ai vu… Dennis, qu’il s’appelait. Je sais même pas ce qui a pu lui arriver. J’ai pensé aller au sud, mais on m’a dit que c’était une mauvaise idée. Je viens du nord, alors je sais que c’est aussi une mauvaise idée. À l’ouest, il y a la mer, et à l’est… je sais même pas quelle merde il y a. Alors, peut-être que mon but… c’est de trouver un but.
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