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Manipulation

Ven 29 Juil 2016 - 15:01

D'un regard patient, mes yeux fixent l'une des fenêtres de l'immeuble d'en face. J'attends, accroupi, dissimulé derrière un rideau, prêt à bondir tel un prédateur affamé.

Je les guette. Ce matin, je suis parti seul en repérage dans le sud de la ville afin de tenter de trouver quelques survivants avec qui “faire affaire”... La chance m'a tendu les bras : un groupe de trois personnes loge dans cet immeuble, en face, et voilà déjà trois heures que je les scrute attentivement, observant par leur fenêtre leurs moindres mouvements, leurs moindres actions. J'ai pu apercevoir un fusil un homme armé d'un fusil à pompe, un autre d'un simple pistolet et je n'ai pas encore pu identifier l'arme du dernier… Un groupe de trois hommes en tout cas, visiblement de bonnes relations entre eux. Cela fait un moment qu'ils jouent aux cartes dans leur petit appartement. Le plus gros, un barbu, rit à gorge déployée. A travers la vitre insonorisée, je devine un rire gras, sans doute dû à une blague bien lourde qu'il vient lui même de sortir. Celui là a une tête… d'ancien boucher. Le genre boucher sympa mais un peu beauf, qui fait des blagues vaseuses et qui appelle ses clientes “ma p’tite dame”. Sans doute un gars serviable qui ferait pas de mal à une mouche ceci dit. Le fusil à pompe de bourrin lui correspond bien, à ce gros lourdaud. L'homme au flingue, lui, paraît tout simple. Calvitie naissante, petite bedaine, l'air timide. Un monsieur tout le monde. Sans doute un ex-employé de bureau banal. Le dernier est plus jeune. Sans doute 25 ans environ. Des trois, ça doit être lui qui a le plus une sale gueule avec ses grosses lunettes et ses dents en avant. Vu la tronche qu'il tire, soit c'est un petit fumier en retard dans sa crise d'ado, soit il est en train de perdre et c'est un très mauvais joueur… Et le gros en face doit en rajouter une couche avec ses blagues pas drôles. L'ambiance reste tout de même bon enfant. Ces trois gars survivent tranquillement dans leur petit appartement. Le calme avant la tempête. Ils sont distrait. J'attaquerais bientôt. Non, je n'ai pas pour projet de forcément les tuer, du moins pas tous, mais je vais leur proposer… mon petit marché obligatoire habituel.

L'heure approche. Tranquillement, je m'empare de mon sac que je passe en bandoulière, ainsi que de mon revolver chargé à bloque que je tiens directement à la main. Je sortirai la batte de mon sac le moment venu. Doucement, de façon à rester caché derrière le rideau, je me relève donc et fait craquer mes doigts avant de me diriger d'un pas tranquille vers la sortie de l'appartement. Un bruit. Des pas dans l'escalier… Merde, c'est quoi ça ? J'étais tellement concentré sur cette fenêtre que je n'ai même pas vu un type rentrer dans l'immeuble ?! Quel con ! Bon, garde ton calme Jonah, garde ton calme… On va rester caché là et attendre que le gus se ramène dans le couloir pour pouvoir le cueillir tranquillou...
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Re: Manipulation

Lun 1 Aoû 2016 - 6:20

Le colosse avança prudemment dans le nouvel enfer urbain qu'était devenu le sud de Seattle. Partout où son regard bleuté si pur et débordant d'une gentillesse hors normes se posait c'était pour frissonner de dégoût ou bien de compassion. Déjà que l'ancien mineur n'aimait aucunement se balader dans ces endroits où polluaient la méchanceté humaine et le mépris pour son ignoble carcasse, maintenant la mort et la déchéance avaient repris les rênes de cette nécropole à ciel ouvert. Une parade grotesque de goules, démarche lente et traînante comme des marionnettes suspendues aux doigts crochues d'une Faucheuse ricaneuse qui se complaisaient de cette danse macabre, venait de surgir entre les restes d'un carambolage monstre. Robert n'eut que le temps de se cacher derrière les restes d'un fourgon de laitier abandonné et à moitié carbonisé. Le vent du printemps soufflait dans l'horrible faciès balafré, garantissait dans le même coup que son odeur d'homme vivant ne soit pas détecté par les narines immondes des abominations en pleine putréfaction. Le géant aux muscles disproportionné se sentait ridiculement petit devant la dévastation qu'il pouvait voir. Il songeait en voyant les vitrines des commerces éclater, les quelques marchandises n'ayant pas trouvé grâce aux yeux des vandales éparpiller aux quatre vents et les voitures emboutis l'une dans l'autre, que c'était l'œuvre d'un enfant. Un petit roi qui avait cassé ses jouets dans un accès de rage et qui avait laissé le tout éparpiller ici et là.

Quand la progression de morts-vivants eut tourner le coin pour s'engouffrer dans une nouvelle rue, leur sens ayant surement capter un stimulus qu'eux seuls pouvaient déchiffrer, le colosse difforme se redressa et se hâte de rejoindre la sécurité relative de l'immeuble à logement en face de lui. Déchiffrant les chiffre doré en façade, le mastodonte entra par la porte vitré totalement pulvérisé par une poubelle métallique. Replaça sa hache de pompier à son étui de ceinture, Bobby farfouilla un instant dans sa ceinture à outils qui l'accompagnait depuis le tout début de l'apocalypse. De sa main immense et ganté de cuir, le golem de chair saisit son pied-de-biche. Les doigts de la chose, de la circonférence de saucisses, caressant les contour de l'outil comme il aurait souhaité le faire avec le visage si parfait et doux comme la soie de Breann. Il avait laissé la sécurité relative de la forêt pour se plonger dans ce cauchemar de mort imminent pour le doux sourire de la journaliste. Le colosse soupira tout doucement dans l'atmosphère éviscérer d'humidité et d'effluve légère de putréfaction. Il aimait l'ange au regard d'azure de tout son cœur, comme jamais il n'avait éprouvé ces puissants sentiments envers une femme. Le mineur se savait maudit par une apparence de gargouille de granit laide à souhait et un intellect avoisinant la même dureté que la matière où il était à peine sculpté. Aucune femme ne pourrait l'aimer et ses derniers espoirs avec la journaliste avaient sombré selon lui en même temps que la porte qui se refermait sur la magnifique soirée qu'il avait partagé. Mais il adorait les petites attentions qu'elle continuait à lui porter et sur un coup de tête il avait décidé d'aller à l'ancienne demeure de celle qui avait capturé son cœur parsemer de cicatrice. Concentrer sur les mouvements de la rue et que son léger état lunatique qui l'avait submerger en repensant à la belle, Robert n'avait pas vu le regard bleuté acéré, froid et calculateur qui l'avait espionné lors de sa progression dans les rues aux bitumes éventrer.

Les pas lourds du goliath des temps modernes furent comme des claquements de tonnerre dans le silence de l'immeuble. Bobby ne remarqua pas que la poussière avait été remuée sur les marches entre les différents paliers. Signe qu'un être vivant avait soit gravit ou bien descendu l'escalier il y a peu de temps. Tendant son oreille encore moindrement intact, l'autre n'étant qu'une vague amas de chaire cicatrice. Souvenir brulant d'une slave de pistolet à qui avait pulvérisé le pavillon de l'oreille gauche. Aucun gémissement, aucun frottement si de bruit de pas ne signalèrent au géant à la musculation disproportionné la présence d'un danger imminent. Gravissant le dernier palier, il se retrouva devant deux portes. Une entrouverte et l'autre fermer. Le chiffre 302 était visible dans la lumière du soleil qui peinait à éclairer à cause de la crasse qui recouvrait la fenêtre. Le géant cogna tout doucement à la porte. Non pas par un accès de civisme, mais mue par une prudence durement acquis lors de ses expéditions dans ce monde chaotique. Souvent les goules étaient immobiles dans les lieux clos, attendant un stimulus pour se mettre en mouvement. Un simple son déclenchait chez les enfants pourrissants de la Faucheuse un instinct de prédation inassouvi et mortelle qui les poussent à gémir leur faim macabre. Sinon si l'inconscient ouvrait la porte, souvent des bras décharnés doté d'ergots acérer l'agrippaient et le voile de la mort chutait devant son regard exorbité. Tendant l'oreille, la manœuvre du géant avait portée ses fruits. Un grognement suivi de coups faibles sur le battants de la porte furent l'indice que le logement de Breann avait trouver un nouveau pensionnaire. Englobant la poignée de laiton avec sa poigne, la faisant totalement disparaître dans la noirceur du gant de cuir, l'homme difforme ayant un blue jean de bûcheron et une veste de cuir renforcé tourna le mécanisme d'ouverture. La porte s'ouvrit d'une vingtaine de centimètres avant de bloquer subitement.

Un visage entièrement décomposé essaya de s'infiltrer par l'embrasure. Les os faciaux craquèrent sous l'obstination de la goule qui voulait atteindre le buffet protéique qu'était robert. Celui-ci leva son pied-de-biche et planta la partie plate dans l'orbite blanchâtre de la chose qui fut autrefois humaine. L'aberration soupira de frustration quand le métal froid de l'outil pulvérisa le cerveau corrompu par le virus meurtrier. Le corps chuta vers l'arrière, les pénombres l'enveloppant entièrement. Robert écouta de nouveau et aucun bruit ne se fit entendre de nouveau. Poussant doucement sur la porte, le golem de chair sanctifiée usa de sa force prodigieuse. Des bruits de grattements bois sur bois se firent entendre, comme si des lourds objets raclaient le sol de l'appartement. Respirant comme un taureau en furie, le mineur réussit à se ménager un espace suffisant pour entrer. Bobby put voir enfin ce qu'il l'empêchait d'entrer. Celui qui s'était transformé en monstre sans âme avait dû barricader la prote avec une partie de l'ameublement de salon de la journaliste. Reprenant une respiration et un rythme cardiaque normale, le colosse donna un coup de pied à l'amas putride qui s'était affaissé sur le sol du corridor. La goule était définitivement morte. Faisant une inspection de routine, balayant les zones d'ombres de sa lampe de poche attacher au revers de son manteau de cuir, le mastodonte put enfin commencer à rassembler les effets personnels de celle qui avait ravis son cœur. Dans le salon il trouva un album de photos qu'il empocha après avoir reconnu le sourire charmeur et merveilleux de l'ange. Concentrer à sa fouille, il devint comme à son habitude un peu lunatique…
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Re: Manipulation

Jeu 4 Aoû 2016 - 1:18

Le bruit continue. Lourd. Saccadé. L’individu qui se déplace ici n’est sans doute pas une demi-portion… Un homme ? Un rôdeur ? Nul ne peut le savoir pour le moment. La démarche régulière peut cependant laisser penser à quelqu’un de bel et bien vivant… Et cela m’inquiète d’autant plus. Je suis seul dans cet appartement, et si cette personne est bel et bien vivante et plus balèze que moi… C’est pas forcément génial.

D’une oreille attentive, je suis à travers le mur le son étouffé des pas. Quelque chose semble tomber sur le sol. L’étranger est là. Au même étage. Dans l’appartement voisin. Les râles étouffés d’un ou deux rôdeurs coupés subitement me confirment mes doutes : celui qui est ici est un vivant, se chargeant simplement de faire le ménage dans l’appartement.

Ravalant ma salive, je sers les dents. Si je veux tirer quelque chose de cette personne, il faut que j’agisse furtivement, maintenant. Il faut la prendre par surprise, l’attaquer dans le dos. De la fourberie ? Oui, c’en est l’exacte définition. Une tromperie basse et odieuse. Mais je n’en ai pas honte, non, loin de là. Après tout, les péchés capitaux sont mes tables de la loi, alors pourquoi avoir honte d’un geste sale et mesquin ?

Tout doucement, veillant à ne pas faire craquer le parquet, je me dirige lentement, baissé, vers la sortie de l’appartement, fusil à la main. Tournant très lentement la poignée pour ouvrir la porte, je jette un coup d’oeil discret vers la porte d’à côté, ouverte. Un soupir discret. Je sors de l’appartement en emportant mes affaires.
Toujours très doucement et le plus silencieusement possible, je m’enfonce dans l’appartement, suivant les traces de l’inconnu dont les pas raisonnent encore un peu plus loin, dans une autre pièce. Enjambant soigneusement le macchabée traînant au sol, j’arrive enfin tout près de la porte en question. Me plaquant furtivement dos au mur, juste à côté de l’issue, je sers les dents et colle mon fusil contre moi. Une. Deux. Trois.

Subitement mais toujours en silence, je surgis à découvert, pointant mon fusil chargé en la direction de l’étranger que je découvre enfin… Je sursaute. La taille de ce type est monstrueuse. C’est un véritable colosse qui se dresse ici, encore dos à moi. Bordel de merde, la circonférence de ses bras font au moins la même taille que celle de cuisses de taureaux… Écarquillant grand les yeux et ravalant ma salive avec difficulté, je ressers mes mains sur mon arme et déclare enfin, d’une voix forte et sévère, doublée d’une certaine crainte que je tente pourtant de dissimuler. « EH ! Bouge plus, mains en l’air ! » Respirant bruyamment, je laisse flotter un cours moment de silence. Dois-je demander à ce type de se retourner ? Vu la carrure de ce gaillard, ça m’étonnerait qu’il ait vraiment une tête de tendre… Et oui, je vais être honnête, j’ai un peu la flippe ! Enfin, de toute façon, il le faut bien… Pour ma sécurité, au moins. « Retourne toi, doucement, et montre tes mains libres... »

Après avoir attendu que le type s’exécute, j’eus un léger mouvement de recul, les sourcils froncés et les yeux écarquillés, en découvrant son visage. Il était à la fois… anguleux, boursouflé, menaçant et… comme… étrangement inquiet. Un rien badaud. Un regard doux et un peu vide… Un type étrange et effrayant, en particulier par sa masse de muscle, son cou de taureau et sa taille colossale… Vous voyez, ce cliché de la bête de foire ? J’avais cela sous mes yeux, et je dois dire que si je n’avais pas eu mon arme à ce moment là, je n’aurais pas trop fait le malin. Ravalant encore une fois ma salive discrètement, je repris d’un ton sévère. « Ton nom. » lui demandai-je, l’air aussi menaçant que ma nervosité me le permettait, elle qui était pourtant d’habitude si rare...
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Re: Manipulation

Jeu 4 Aoû 2016 - 2:56

Le colosse fouillait maintenant une garde-robe pour prendre quelques vêtements que Breann lui avait décrits. L’ange au regard d’azur aux traits si magnifiques était nostalgique en parlant de ses morceaux de tissus. Comme si chaque pièce de vêtements avait une histoire qui lui était propre. Comme à son habitude, lorsqu’il pensait à un de ses anges qui avait effleuré sa misérable vie, l’esprit lent de la chose s’égara dans les étendues désertiques de son subconscient. Souriant d’une manière niaise, le géant prit un chemisé bleu pour le mettre dans son sac à dos à ses pieds quand une voix autoritaire s’éleva dans son dos. Un ordre sec. Une menace à peine voilée. Tous les muscles de la bête se contractèrent, levant ses mains tout doucement. Habituellement les gens qui surprennent dans le dos ont une arme à feu. Sinon Robert pourra faire jouer sa masse et sa force phénoménale dans la lutte qui va suivre immanquablement. Quand l’injonction fut crachée comme un serpent qui expulse son venin, le géant balafré et difforme commença sa lente rotation.

Se retournant lentement, les pieds bien ancrés sur le plancher de marqueterie us. Par les pieds de tant de locataires, le spectacle pitoyable de la laideur du colosse se dévoila totalement à son agresseur. Un rayon de soleil venait d’inonder de manière traîtresse la silhouette de cauchemar de l’homme. Des pantalons noirs à bretelle, une chemise ayant connu des jours meilleurs et les manches roulés au niveau de ses coudes. Une image des cheminots des années 40 en quelque sorte. Le jeune homme armé d’un fusil pouvait deviner aisément une puissante et solide ossature, des muscles volumineux et même disproportionnés cachés à grand-peine dans l’armure de tissus. Des mains géantes et grosses comme des boulets de canon. Une d’entre elles resta à plat sur le mur, telle une immense araignée de couleur chair. L’autre main, ayant des doigts de la circonférence de saucisses, était levée dans un signe universel de reddition ou bien de supplication. Les pieds, extraordinairement pointés vers l'extérieur et des plus stables, se dandinaient sous l’effet de la gêne et surtout de l’angoisse de ce moment stressant. La cage thoracique bien développée et un cou aussi large que son crâne. Des trapèzes laissant présager une force conséquente dans le haut de ce corps impressionnant. Robert devait dépasser la totalité des hommes d’une bonne trentaine de centimètres et devait peser presque le double. Devant le regard dur comme l’acier de l’homme, le géant devait être plus associé au monstre des films d’horreur qu’au genre humain. Ce mastodonte peut sembler être sorti droit des rêves fous d'un savant ayant perdu le contact avec la réalité. Une tête en forme d'œuf, une dentition irrégulière, une mâchoire carrée et virile, des lèvres minces et presque exsangues, une fossette entre ses deux sourcils, des oreilles décollées, dont une totalement disparue dans le souffle d’une détonation de pistolet, une barbe et des cheveux châtains rasés d'une main malhabile et des orbites enfoncées. Tout pour qualifier ce visage aux traits atypiques de faciès monstrueux et repoussant. De son angle de vu, l’apparition céleste pouvait dénombrer la multitude de cicatrices qui lézardaient sur les mains et les avant-bras de la chose difforme en face de lui. Et la balafre qui serpentait la joue droite était aussi ignoble qu’un anaconda rosâtre se reposant sur les reliefs d’un visage de granite à peine sculpter.

Tel un duel à la Tombstone, le regard des belligérants se fracassa dans onde de choc. Robert ne pouvait aucunement deviner les intentions de l’homme, mais celui-ci pouvait lire comme un livre ouvert l’amalgame d’émotions qui pulsait du regard bleuté de la chose. Il pouvait plonger au travers des yeux de Bobby et contempler ces fenêtres donnant un libre accès à l'âme de cet imposant individu. Un mélange saisissant de mélancolie, d’angoisse, de prudence se reflétait dans les iris de l’homme déformé. Mais aux fins fonds des yeux, aux reflets dansants faisant penser au bleu si profond d'un océan par temps clair, doux et rempli de compassion. Un mystérieux mélange d’humanité grandiose et de bienveillance des plus déplacés dans ce corps d’être digne de figurer dans le bas échelon de la société humaine. Robert prit une seconde respiration, son ton rauque s’éleva alors dans l’air chaud de cette belle journée de printemps. Les mots furent mâchés, mastiqués même avec des roulements de pierres dans la bouche. Un ton presque intimidant si une trace de gentillesse et de bonté n’accompagnait pas la pitoyable envolée de mots. Un peur semblait faire frémir un peu les lèvres exsangues du mastodonte.

Robert- Ne tirez pas monsieur… Euh… Mon nom est Robert ou bien Bobby… Euh… les gens m’appellent souvent le monstre. Mais je n’en suis pas un. Je viens juste chercher des trucs pour mon amie et ensuite je pars OK?

Derrière la gueule de l’arme menaçante se trouvait un jeune homme aux traits finement ciselé. Un charisme certain semblait émerger de sa personne ainsi une autorité. Naturelle. Le genre de personne qui pouvait prendre le rôle de chef d’un groupe et les guider aussi bien vers la gloire que la déchéance. L’homme est certes dans la normale pour la grandeur des hommes, mais des muscles bien dessin était trahi par les jeux d’ombres des vêtements. Au fond de son regard bleuté, une certaine inquiétude légitime flottait dans le tourbillon prenant d'une intimidation et de dureté qui pulsaient intensément. Il était devant une erreur de la nature, un monstre de foire, la perversion même d’un humain. Le géant avala sa salive et attendit bêtement la fatalité de la situation. Il ne pouvait pas saisir le canon de l’arme sans laisser amplement le temps à l’individu d’écraser la gâchette. Robert voulait vivre au moins le temps de ramener les trésors à Breann. Car pour lui il n’y avait qu’elle qui comptait…
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Re: Manipulation

Ven 5 Aoû 2016 - 1:10

Rien que le fait que le gaillard m'appelle “monsieur”, et l'hésitation naïve dans sa voix suffirent à me faire comprendre que cet individu était plus du genre “gentil bourrin un peu neuneu” plutôt que de celui du “méchant molosse écervelé rêvant de t'éclater le crâne à mains nues”... C'est déjà un très bon point, qui me fit d'ailleurs me redresser quelque peu, un peu plus sûr de moi, plus rassuré.

“Le monstre” ? Étrange… Finalement, je dois bel et bien dire que ce bonhomme m'intrigue. La douceur pudique de sa voix, se plaignant sans trop le faire de ce pseudonyme peu plaisant, sonnait comme une sorte d'appel à la curiosité dans mes oreilles attentives. Avouons-le, il est vrai qu'avec la taille de ses paluches, la circonférence de ses doigts, les angles disgracieux de son visage horriblement balafré, on aurait pu croire voir un monstre, mais généralement, ce genre de surnom n'est pas donné au hasard, pas naturellement… Ce genre de surnoms sont immédiatement fait pour humilier, piétiner, rabaisser en crachant sur un physique disgracieux et différent.
Mes sourcils se froncèrent légèrement alors que des souvenirs me traversaient subitement l'esprit. Je revoyais un pauvre ado loser, boutonneux, maladroit et malaimé, traverser lentement les couloirs du lycée en écoutant, impuissants, les rires moqueurs de ces odieux camarades. Il aurait pu se défendre, leur coller une bonne droite et en finir avec ce harcèlement constant, mais il ne le faisait pas. Il n'osait pas. Il avait peur. Quel trou du cul, le Jonah Parks d’entant. Car oui, en effet, à travers le regard innocent de ce colosse aux traits terribles, je me revoyais, plus jeune, sans doute comme lui victime impuissante des moqueries et autres harcèlements. J'ai fini par changer, je me suis défendu. Nous valons tellement mieux après tout… pourquoi rester enfermer dans une coquille de faiblesse alors que nous pourrions devenir des titans ?

Mes sourcils froncés laissaient désormais plus de curiosité que de froideur à l'égard du fameux Bobby, et je ne pus m'empêcher de lui adresser à nouveau la parole d'un air intrigué. « “Le monstre” ?... Sympa… Pour moi ce sera Bobby, je laisse ces insultes futiles aux idiots banaux sans imagination. » L'air toujours légèrement sur mes gardes, j'adressai un petit sourire entendu à mon immense interlocuteur. Un sourire hypocrite ? Eh bien pour une fois non. Étrange venant de moi, je le sais, mais mon sourire laissait cette fois ci transparaître une certaine amicalité, même si je gardais un peu mes distances : on ne change tout de même pas aussi vite un homme qui méprise autant autrui que moi !

Doucement, je rabattis mon fusil vers moi pour paraître un peu plus “pacifique” face au géant, même si ce n'était pas non plus vraiment le cas. « Je m'appelle Jonah. » déclarai-je tout honnêtement. Je laissai flotter un moment de silence, toujours intrigué par la curieuse créature qui se dressait devant moi, puis repris la parole, d'un air évidemment intéressé. « Je ne vais pas te tuer, Bobby… Mais dis moi… Tu as dit que tu avais des amis ? Tu ne voyages donc pas seul ? » Mes intentions ? Mauvaises, comme toujours, et je ne le cache pas. Je comptais là bel et bien profiter un peu de la naïveté apparente du grand gaillard à des fins qui me seraient, uniquement à moi, favorables. Bien sûr, je songeais à Abi, croisée quelques jours plus tôt, cette petite garce qui m'avait probablement menti au sujet de sa solitude… On ne sait jamais après tout, peut être connaît elle ce monsieur, et encore mieux : peut être pourrais-je tirer de lui quelques informations fort intéressantes ? Finalement, je crois bien que je gagnerai à connaître un peu mieux ce Robert… « Pour ma part, j'ai moi aussi une famille, logeant un peu plus loin dans la ville. Une femme, un frère et deux enfants. » MENSONGES MENSONGES ! Ceci était une simple technique pour amadouer un peu le colosse, et j'espérais que cela marcherait bien...
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Re: Manipulation

Mer 10 Aoû 2016 - 6:18

Le rythme cardiaque du géant était une voiture de course lancée en pleine vitesse sur la voie rapide de la frayeur. Il pouvait s'imaginer littéralement les plombs meurtriers pulvériser son abdomen, déchiqueter ses organes internes et broyer ses os. Habituellement la mort ne le dérangeait aucunement. Pour le mineur tourmenter, c'était une occasion de pouvoir retrouver ses anges trépasser, de les serrer dans ses bras démesurés une dernière fois avant de chuter vers les neuf enfers. Car c'était bien l'endroit où devait se retrouver tous les monstres de l'humanité à connus. Mais durant les dernières semaines la bête avait vu de belles âmes surgir dans sa vie et rester près de lui. Selene, Abigaiel, Breann, Flann, Aori pour ne nommer que ces délicates pétales de roses porter par une brise printanière qui apaisaient les craintes et les tourments de l'homme recouvert de cicatrices d'un passé douloureux. Avant de mourir, le colosse balafré devait s'assurer que ces êtres qui ne pouvaient qu'avoir des origines célestes soient en sécurité et totalement hors de danger. Donc quand son agresseur lui décrocha un sourire sympathique, ou du moins sincère, en lui disant qu'il sera épargné et que les gens qui l'avaient interpeler par le passé du patronyme de monstre étaient des vilaines personnes, Bobby eut un soupir de soulagement. Doucement il descendit ses mains immenses et rugueuses à la même vitesse que le blondinet descendit le canon de son fusil de haut calibre. Comme si les deux individus avaient convenus de faire une trêve temporaire de la violence et de la haine qui sévissaient dans cet univers complètement déjanté que les gens avaient l'audace d'appeler la nouvelle réalité.

Les yeux de l'homme difforme, d'un bleu saisissant de pureté et d'humanité enfouie, épiait chacun des mouvements de l'individu qui avait pris un pose nonchalante. Dans l'esprit lent et pathétique de Robert, les yeux de Jonah s'étaient étirés pour ressembler à ceux d'un serpent. L'attraction animale, les mouvements hypnotiques, la voix douce et le sourire à la fois charmeur et carnassier donnait l'impression au colosse que c'était un prédateur impitoyable. Bobby quant à lui symbolisait à merveille la petite souris sans défenses, effrayé par sa mort imminente et espérant trouver une voie de fuite pour sauver sa misérable peau. Une question fut susurrée par une voix enveloppée de miel, mais qui pouvait renfermer soit du venin de la trahison ou bien une réelle envie de connaître le géant aux muscles déformer. Robert espérait, priait le ciel que c'était pour la seconde option. Avalant sa salive pour essayer de répondre au charismatique homme, mais celui-ci parla de famille. La pathétique créature de cauchemar tomba alors dans un épisode un peu lunatique, combattant entre le rêve et la réalité. Il se revoyait avec Sandra et Rosalie à la veille de son départ pour le camping. Une éternité avant que la folie et les pantins cadavériques de la Faucheuse n'arpentent la surface corrompu de ce monde chaotique. Des sourires, des rires, une demande d'être un parrain. Des moments heureux avant de subir la déchéance et le tourment de voir leur dépouilles profaner et partiellement dévoré par les goules nouvellement ressuscité. De son errance dans ce cauchemar éveiller. De ses douleurs autant physiques que psychologiques. De la rencontre avec ses anges qui partageaient sa vie. Il n'était parti que quelques secondes, une fraction de grain de sable dans le sablier de la course du temps impitoyable, quand la conscience du simplet fut tracté de nouveau dans son corps sanctifié. Son regard océanique se focalisa sur la silhouette à la musculation discrète de Jonah. Souriant bêtement, le ton rocailleux du chainon manquant s'éleva dans l'atmosphère gorgée d'humidité du logement de la journaliste.

Robert- Désolé Jonah… Euh… J'ai perdu ma famille au début tu sais… Euh… J'aurai aimé être là pour mourir à leur place… Euh… C'était des anges et le monde a plus besoin d'elles que de moi, un monstre qui a pas un bon cerveau. Attend.

Basculant une épaule ayant la densité d'un ballon de basketball, la ganse du sac à dos du colosse balafré glissa vers le sol. La ceinture entourant la taille excessive du mineur fit des claquements métalliques, les outils s'entrechoquèrent un peu à cause de ce mouvement. Pivotant le contenant de tissu imperméable, le géant ouvrit le rabat. La densité du sac à dos était presque inexistant, preuve que Robert n'avait presque rien recueillis depuis son arrivé en ville. Sortant une bouteille d'eau, deux conserves, un livre à colorier avec des crayons de cire et une peluche représentant un ourson. Déposant le tout sur une commode tout près de lui, le mastodonte au cœur d'or remis son sac à dos en place. D'un sourire ou toute la générosité, la bonté et l'humanité du monde semblait jaillir comme une cascade d'eau pure, le géant s'exprima avec douceur.

Robert- Tiens Jonah… Euh… Pour ta famille. Les jouets ça aide souvent les enfants à oublier un peu les méchants qui mordent… Euh… Si ça peut t'aider toi et ta famille… Euh… Je vais en trouver d'autres surement. Je suis bon pour trouver des trucs.

Sortant une flasque argentée de sa poche de sa chemise de cheminot, le colosse se servit de ses doigts ayant la circonférence de saucisse pour en dévisser le goulot. En buvant une petite rasade, la pomme d'Adam de l'homme difforme s'éleva et descendit une fois, la douce chaleur enveloppa la gorge et l'estomac du monstre de foire. Tendant le contenant d'alcool fort, le géant sourit d'aise. Sa main était lézardée par une multitude de cicatrices, formant des réseaux de crevassasses sur le cuir tanné de la paluche du colosse.

Robert- C'est du moonshine aux pommes… Euh… Je l'ai fait moi-même avant que tout ça arrive. Oh désolé… Euh… Oui je voyage seul… Euh… Je ne veux pas que les autres soient en danger tu sais… Euh… Ils sont importants pour des gens. Moi pas vraiment. Toi tu cherches des trucs pour ta famille? Je peux t'aider peut-être.

De ce discours erratique marquer par l'honnêteté, la sincérité et la générosité grandiose de l'âme pure du golem de chaire, Jonah pouvait deviner aisément un sacrifice de soi et aussi une perte énorme de l'estime de soi de Robert. Ce dernier croyait qu'il ne méritait aucunement de vivre, que tous devaient avoir une chance de s'en sortir sauf lui.
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Re: Manipulation

Ven 2 Sep 2016 - 23:38

Aaah la famille, la famille… Est ce qu’un jour les gens se rendront compte que j’en ai rien à péter de leur famille ? Ils sont morts ? Soit, dommage pour toi. Qu’est ce que je peux y foutre ? Vous voulez que je chiale à vos place, bande de merdeux ? Bon, certes je n’ai pas grand chose à branler de la famille de ce fameux Bobby mais… mieux vaut ne pas le montrer. Je suis parti sur le chemin du mensonge et pour l’instant ça a l’air de plutôt bien marcher, alors profitons en. « Oh ne t’excuse pas Bobby, tu n’as pas de raison de t’excuser... » déclarai-je hypocritement en me la jouant gentillet. “Un monstre qui a pas un bon cerveau”... Ce petit descriptif victimisant à caractères enfantin m’intéressa… Le pauvre Bobby semblait bien ne pas être très malin et visiblement était un maltraité malgré sa carrure impressionante… Un très bon point. Mais méfions nous toujours : certaines personnes sont très malignes, il s’agit peut être simplement d’un sombre connard qui tenterait de se faire passer pour un idiot… Comme je l’avais fait avec Zack la première fois que je lui étais tombé dessus. « Je suis désolé pour ta famille Bobby… Mais alors… Pour qui ramasses-tu tout ça ? » Je pointais du doigt les objets que le géant venait gentiment de poser sur la commode près de lui. Un ours en peluche, un carnet de coloriage… C’est pas commun pour un gaillard aussi vieux. Bien sûr, j’avais l’air d’un parfait innocent naïf et curieux lorsque je posais ma question, et le colosse ne se douterait sans doute pas de mes véritables intentions… Lorsque Bobby m’invita à prendre ce qu’il venait de poser à cet endroit, je pris un air soi-disant gêné et répondis en faisant signe au géant de reprendre ses affaires. « Oh… Non, je t’en prie c’est gentil mais… non vraiment c’est trop. Tu en auras sans doute besoin, je ne peux pas me permettre ça… Et puis tu sais, nous avons déjà récupéré quelques jouets il y a quelques jours, nos enfants sont vraiment très occupés en ce moment, ahah... » Roh c’est dingue. Je croirais presque moi même que j’ai des gosses dis donc. “Les méchants qui mordent”. Cette nouvelle expression puérile et innocente m’arracha un sourire amusé. Cependant, bien que ce que me proposait Bobby “materiellement” parlant ne m’intéressait pas vraiment, ce qu’il me proposait par la suite me plut beaucoup… Il est bon pour “trouver des trucs”. Alors là mon grand, tu m’intéresses. Si ce grand gaillard arrive à bosser pour moi et me ramener régulièrement des trucs, ce serait le pied. Je ne prononçai cependant pas un mot sur ce point pour le moment, et observai Bobby sortir une flasque dont il avala une gorgée… avant de m’en proposer une. Une pointe d’inquiétude traversa mon esprit à cet instant. Et si ce truc était empoisonné et que Bobby avait déjà pris l’antidote ?... Non. Décidément, quand je vois son regard, je me dis bien que je n’ai rien à craindre, à moins que ce type joue mieux que Meryl Streep et Dustin Hoffman et moi réunis. Souriant gentiment au colosse, j’attrapai calmement sa flasque et en bus prudemment une gorgée avant de la lui rendre. « Merci. » Nouveau sourire de menteur… Le géant me propose son aide. Si je ne savais pas me retenir, je partirais en rire machiavélique.

Je me demandai d’abord ce que Bobby pourrait bien faire pour me servir, puis une idée me traversa l’esprit. Les mecs de l’immeuble d’en face. Oooh oui. « Hum… Eh bien j’ai peut être quelque chose à te demander je… Non. Non vraiment c’est trop. Je ne peux pas avoir l’audace de te demander ça. » Je restai muet un instant, espérant faire insister le géant… « En fait… Ma famille et moi avons été attaqué il y a cinq jours par une bande de… cinglés. Ils ont tué la soeur de ma femme et son mari… Ils s’appelaient Walter et Marie. Sans raison, comme ça, ils sont venus, nous ont trouvé et… ils ont tirés. Ensuite ils ont... » De fausses larmes me viennent. Oscar du meilleur acteur. Va te coucher, DiCaprio, tu te fais doubler. « Ils ont violé ma fille. Elle a quinze ans putain Bobby, quinze ans… Comment on peut faire ça à… ? Bordel… Excuse moi, j’ai beaucoup de mal à en parler. » Retenant mes larmes de crocodile en me pinçant l’arrête du nez, je laissai flotter un instant de silence avant de reprendre d’une voix triste et sombre. « Ces types là. Ces monstres… Ils sont dans l’immeuble d’en face. Ca fait trois heures que j’essaye de trouver un moyen de me venger d’eux mais ils sont trois et je suis venu seul… Tu comprends, je n’avais pas envie de perdre quelqu’un d’autre. Alors peut être que… Enfin je veux dire… Peut être que tu pourrais m’aider à les... » Les larmes aux yeux, je fixais Bobby avec insistance en espérant le faire craquer. « Oh non. Non oublie ça, je serais horrible de t’imposer de faire ça c’est… Mais… Ce sont juste eux qui ont… tué des membres de ma famille. Et violé ma pauvre fille. Jamais elle ne s’en remettra. Il faut qu’ils meurent Bobby, tu sais. Ces gens là ne peuvent pas continuer à vivre comme ça sans rester impunis. Ma fille ne me le pardonnerait pas. » Paaarfait. Et maintenant, laissons faire le talent… Et j’avoue que si Bobby refuse de m’aider, je l’aurais bien dans le cul.
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