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Bon bah... comme vu par MP, plus de Liam alors... conclusion

Il n’y avait décidément rien dans cette baraque. Abel avait beau fouiller, le père de famille avait été prévoyant. Plus de denrées non-périssables, pas d’arme oubliée dans un placard, pas de pack d’eau de secours, pas de grosse couverture dans la buanderie… le cinquantenaire était tellement dépité qu’il se demanda si ça ne valait pas la peine de voler de la vaisselle. Après tout, leur groupe était nombreux et pouvait continuer à croître. Bon, non. Ce n’était que la première des bâtisses et il n’arriverait pas à ses servir tranquillement dans les tiroirs juste à côté du cadavre enchaîné au réfrigérateur. D’ailleurs, il avait proposé de la détacher, mais n’avait pas vu l’ombre d’un outil susceptible de les aider. Rebecca arriva à ce moment, tendant son maigre butin. Pastilles pour la gorge, fond d’antibiotique et préservatifs…
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Rien n’est inutile maintenant , répliqua l’ancien agent un peu plus pâle qu’à l’ordinaire.
Il reporta son attention vers l’épouse défunte. Ça lui faisait réellement mal au cœur de la voir comme ça. S’il n’y avait rien pour couper les liens en acier, il ne restait plus qu’à en extirper ses mains par la force. Sa peau en pleine décomposition allait certainement s’arracher plus encore, mais ce n’était plus un problème. Plus pour elle. Abel par contre, devrait prendre la décision de mutiler un peu plus la dépouille d’une femme qui avait suffisamment souffert.
Il en était toujours à son hésitation silencieuse quand un cri brisa la tranquillité des lieux. Ce n’était pas à côté, c’était étouffé, mais c’était audible. Et s’ils étaient capables de le percevoir, alors les rôdeurs des environs le seraient aussi. Partagé entre cette crainte, qui glaça ses os, et l’instinct paternel qui lui soufflait que l’adolescente était en danger, le cinquantenaire quitta la pièce sur un coup de tête. Pas le temps de voir si ses camarades suivaient. L’extérieur sentait moins le renfermé et la mort ; pourtant, il paraissait soudain plus hostile. Les yeux de l’agent bondissaient dans toutes les directions, à la recherche de l’origine des hurlements. Qu’est-ce que cette gamine faisait là ?! Elle n’avait pas fait un malaise ?
Il finit par repérer la porte béante d’un garage. Un mordeur en approchait en boitillant, l’un de ses bras manquant à l’appel, mais Abel devina que d’autres étaient déjà à l’intérieur. Marmonnant un juron, les traits tendus, il tira son Beretta de sa ceinture et fit feu sur le cadavre. Les déflagrations puissantes l’assourdirent, l’impression qu’elles étaient bien plus fortes que nécessaire. Trois balles avant de toucher la tête, c’était à peine rentable. Il poursuivit, enjamba la charogne au crâne perforé, pour découvrir la scène des deux morts, rampant et glissant pour tenter de rejoindre Malou.
Malgré l’urgence de la situation, il y eut un blanc. L’enfant. L’ancien agent ne put s’empêcher d’imaginer Victoria, dans cet état, traînant pitoyablement sa carcasse décomposée pour un peu de viande fraîche. Ce serait…
non. Ses mains cessèrent de trembler, raffermissant la prise sur la crosse du revolver. Sa fille ne finirait pas comme ça. Il mourrait dix fois avant que ça n’arrive.
BLAM.
BLAM.
BLAM…
BLAM.
Dire que même quand ses cibles ne bougeaient pas beaucoup, il ne faisait pas mouche au premier coup. Les détonations eurent l’air de résonner encore longtemps, gonflant dans le silence soudain. Abel haletait, posant sur la gamine un regard entre reproche et soulagement, et finit par lui dire :
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Retourne à ta camionnette et enferme-toi. D’autres peuvent avoir été attirés par le bruit. Je vais m’assurer qu’on n’est pas en danger immédiat et voir si je peux trouver quelques choses pour ton camion. Faut pas traîner. Il tenta de lui sourire, mais son visage fut déformé par une grimace. C’était un peu bête de vouloir s’assurer qu’ils ne soient pas en
« danger immédiat » parce que ces derniers temps, ils l’étaient à chaque seconde qui passait. Passant une main dans ses cheveux courts humidifiés par la sueur, Abel courut d’un bout à l’autre de la petite zone pavillonnaire, tendant l’oreille, pour vérifier qu’une horde n’était pas en approche. Pas encore, mais leurs minutes étaient comptées, l’expédition serait abrégée.
Bâclant ses fouilles, torturé par le
tic-tac de l’horloge mortuaire dans un coin de son crâne, le cinquantenaire ne trouva rien d’autre qu’un fond de gas-oil dans un petit garage à la porte fracturée. Tant mieux. Le bon sens aurait voulu qu’ils ramènent l’adolescente avec eux, mais cette dernière ne semblait pas décidée à les suivre et ils n’avaient pas le temps de débattre. Le moins qu’il pouvait faire, c’était essayer de lui redémarrer son véhicule et déguerpir.
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J’ai ça , montra Abel à Malou en revenant, visiblement stressé,
on tente de lancer ton camion. Si ça ne fonctionne pas, tu viens avec nous. On va pas te laisser à pieds avec les mordeurs qui risquent d’arriver… Et heureusement – ou pas – le camion volé par l’adolescente finit par docilement redémarrer après avoir toussoté un peu. En la voyant prendre le volant, l’ancien agent eut une dernière fois envie de la raisonner, de l’emmener au chalet rien que pour qu’elle consulte Rose, mais il n’y avait plus de temps. Une petite dizaine de rôdeurs venait d’arriver, entonnant leur chœur de grognements sinistres. Alors Abel bondit au vola de la voiture et s’empressa de reprendre la route, pour ramener chacun de ses coéquipiers sain et sauf.