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Gabriel Fowler

Mer 27 Avr 2016 - 17:07


Gabriel Fowler
32 ans • Américain • Instituteur • Traveler

i've got a war in my mind

Gabriel n'est pas quelqu'un que l'on pourrait qualifier de réservé. La timidité ne l'étouffe pas et il n'a rien contre un brin de folie de temps à autres. Il sait s'amuser, bien qu'il ne raffole pas des boites de nuits où on ne connaît personne, il préférera rester avec les êtres qu'il chérit et en qui il a toute confiance. Car bien qu'il soit quelqu'un de très enjoué et d'amical, son premier réflexe envers les inconnus sera la méfiance. Mais un brin de causette, quelques bonnes bières et le tour est joué.

Pas vraiment du genre bavard, il peu rester des heures sans décrocher un mot, et lorsqu'il lui arrive de rêvasser, ce qui arrive bien trop souvent au goût de son père, ce n'est même pas la peine d'essayer d'obtenir de lui plus de trois mots par phrase. S'il parle si peu, c'est seulement qu'il préfère écouter. Et puis parler pour ne rien dire ou pour énoncer ce que tout le monde sait déjà n'a rien d'utile. Ceci dit, s'il lui arrive de rester muet comme une carpe c'est aussi que parfois il ne trouve pas ses mots.

Il a toujours eu un atroce manque de confiance en lui-même. Une fille qui lui plaît ? A quoi bon, si c'est pour bégayer et se rendre ridicule. Combien de fois aura t-il laissé échapper de belles opportunités, que ce soit pour sa vie sentimental ou son travail ! Il a beau être courageux, il lui arrive souvent de douter de lui-même et n'a besoin de personne alors pour se couper l'herbe sous le pied. Ajoutez à cela une sensibilité à fleur de peau, les larmes lui viennent facilement aux yeux.

Mais au diable les échecs et les coups durs de la vie ! Gabriel est un optimiste né. S'il lui arrive de déprimer et de tout voir en noir, cela ne dur jamais bien longtemps. Il est le genre de personne à toujours voir le verre à moitié plein et il sait que même lorsqu'il pleut, le soleil n'est jamais très loin. Son sourire suffit parfois à mettre du baume au cœur de ses proches et, si jamais cela ne suffit pas, il fera tout ce qu'il faut pour que les choses s'améliorent.

Profondément altruiste, il n'est pas rare qu'il mette ses propres envies entre parenthèses pour aider les autres. Il ne supporte pas de voir quelqu'un souffrir, plus encore lorsqu'il s'agit de l'un de ses proches.D'une générosité sans limite, il aime souvent répéter à qui veut l'entendre que le monde serait bien meilleur si chacun donnait plus que ce qu'il reçoit. Une pensée bien idéaliste, mais qui, avec lui, semble pourtant réalisable.

À le décrire ainsi, on croirait voir le portrait d'un homme presque parfais. Surtout si on ajoute à tout cela sa douceur, sa gentillesse et sa patience. Pourtant, Gabriel n'est pas un ange irréprochable. Plus têtu qu'une bourrique, s'il est persuadé d'avoir raison il n'en démordra pas. Prouvez-lui qu'il a tort et il se renfrognera d'avantage. Si l'orgueil est le plus grand de tous les vices, alors notre cher Gabriel est le plus grand de tous les pêcheurs. S'il se rend compte de son erreur, jamais il n'avouera à quiconque qu'il s'était trompé, préférant éluder la question et passer à autre chose. Il n'y a pas grand chose qui pourrait lui faire ravaler son amour propre, à part peut-être le risque de perdre un ami.


and blood on my hands

Plutôt bien battis, Gabriel n'a vraiment rien à envier à qui que ce soit.
Il possède des cheveux bruns qu'il laisse parfois un peu pousser et la plupart du temps complètement décoiffés. Ses yeux d'un bleu azur, associés à son franc sourire ont le don de faire craquer les filles.
Ayant un visage très expressif, on devine souvent ses émotions rien qu'en le regardant. Qu'il s'agisse de faire des grimaces, de sourire ou d'avoir l'air renfrogné, ses traits semblent toujours exagérés, un peu comme s'il avait sa place dans un cartoon ou un spectacle comique.

La mode ? C'est quoi cette chose ? S'il y a bien un truc dont Gabriel se fiche c'est sa façon de se vêtir. Un truc sur les fesses, un autre truc sur le dos et hop le tour est joué. Simple tissu en coton, synthétique, jeans, peu importe du moment que ça tient chaud en hiver et pas trop en été. Quant à la couleur, là encore c'est un peu à la bonne franquette. Il n'ira pas jusqu'à porter des couleurs criardes mais il n'est pas contre un peu de variété.

Au moment où nous commençons avec lui cette histoire, il ne dispose que d'un simple pistolet et quelques balles, deux boites de conserves (des haricots blancs à la tomates et des raviolis au bœuf - miam), une couverture pas vraiment épaisse, une lampe de poche, un canif, une bouteille en plastique qui a déjà vu des jours meilleurs et d'autres petites bricoles pas forcement utile.


a storm is coming

La vie n'est jamais simple. On croit toucher le bonheur du doigt et c'est alors qu'il nous est retiré. Quelque chose qui aurait dû être merveilleux se transforme en cauchemar et plus rien n'a vraiment de sens.
Le cœur de Clara avait cessé de battre depuis déjà quelques instant lorsqu'un médecin, les gants tâchés de matières organiques avait coupé le cordon du deuxième enfant. Celui-ci s'était mit à hurler à plein poumon, joignant ses cris à ceux de sa sœur jumelle. Quelle façon ironique de démarrer son existence en privant sa propre mère de la sienne. Bien entendu, ce n'était en rien la faute des deux enfants, mais lorsqu'on perd un être cher, on en rejette souvent la faute sur le premier venu. Bien qu'il ne le leur avouerait jamais, Gabriel était certain que leur père les rendait responsable de ce drame. Jamais un mot affectueux, jamais un regard tendre, pas même une histoire pour s'endormir... Ils n'étaient que deux fardeaux qu'on lui avait jeté dans les bras après lui avoir enlevé la seule personne qu'il ait jamais aimé.
Mais qu'à cela ne tienne, Gabriel et Émilie avaient deux grands frères pour leur donner l'amour dont ils avaient besoin. Seth, l’aîné avait 8 ans de plus qu'eux. Il était bagarreur et colérique, tout à l'image de son père, mais avec sa fratrie, il était plus qu'avenant. Aux yeux de Gabriel, Seth avait plus souvent joué le rôle de père que son véritable géniteur. Et puis il y avait Ethan. Il avait seulement 5 ans de plus que les jumeaux mais cela ne l’empêchait pas de se montrer responsable et bienveillant envers eux.

Jake Fowler, le père de notre cher protagoniste, était un homme rude et froid. La tendresse et la compassion ne faisaient pas partie de son vocabulaire. Acharné et entêté, il était un homme pour qui seul son travail comptait. Son entreprise était à ses yeux bien plus importante que ses enfants. Il n'avait pas toujours été ainsi. Lorsque sa chère épouse vivait encore, il lui arrivait de sourire et même de rire. Il aurait tout sacrifié pour elle. Mais désormais, il ne lui restait plus que son ébénisterie et l'espoir qu'un jour, un de ses fils perpétue son savoir et reprenne le flambeau.
En cela, il avait placé tous ses espoirs dans son aîné, Seth qui faisait de son mieux pour être à la hauteur des attentes de son père. Gabriel ne s'était jamais rendu compte à quel point le fardeau de son grand frère était lourd à porter. Il devrait assumer la reprise de l'entreprise, ne pas décevoir leur père et prendre soin de sa fratrie... Il savait maintenant tout ce que cela avait du lui coûter.

Malgré le peu d'amour dispensé par son père, il n'avait pas eu une enfance que l'on pourrait qualifier de malheureuse. Bien au contraire. Il n'avait jamais manqué de rien, avait toujours eu quelqu'un sur qui compter, qu'il s'agisse de ses frères ou de ses amis. Quant à sa sœur, elle était son double avec qui il partageait toujours tout. Avec elle, il n'avait jamais besoin de parler. Un simple regard leur suffisait pour se comprendre. Un sourire, un clin d’œil et ils étaient sur la même longueur d'onde. Comment parvenait-il à exister sans elle désormais ? Elle avait toujours été présente pour lui et il avait toujours été là pour elle. Désormais il était seul. Comme si on l'avait privé de la moitié de son âme. Seth … Ethan … eux aussi avaient disparus.

On dit souvent que les jumeaux sont comme le reflet l'un de l'autre. Pas seulement physiquement mais également dans leur comportement. L'un des deux se cogne et c'est l'autre qui pleure. Dans le cas de Gabriel et d’Émilie, bien qu'il s'agisse en réalité de faux jumeaux, c'était même encore plus profond que cela. Dans leur petite enfance, ils ne passaient pas une minute sans se chercher l'un l'autre du regard. Et s'il s'avérait que leur moitié n'était pas en vue, il s'en suivait une profusion de larmes et de cris. Et cette manie ne disparu pas avec l'âge.
Lorsqu'ils entrèrent à l'école, ils ne s’intéressèrent pas aux autres enfants. Ils jouaient ensemble, s’asseyaient côte à côte, faisaient des bêtises rien que tous les deux. Ils ne se firent pas vraiment d'ami, excluant les autres de leur petit cercle privé. Par la suite, et sous le conseil avisé de la directrice, ils furent placés dans des classes séparées. Ils avaient alors 6 ans. Six années au cours desquelles ils n'avaient pas passé un seul instant loin l'un de l'autre plus de quelques minutes. Autant dire que les premiers jours furent indescriptibles. Ils pleuraient, refusaient de manger, et Gabriel alla même jusqu'à devenir plus rouge qu'une tomate à force de hurler de colère et d'indignation. Mais avec le temps, ils finirent par s'y faire. Ils n'avaient pas vraiment le choix. Et cette séparation forcée, bien que douloureuse au début, ne les en rapprocha que d'avantage . Car à chaque fois qu'ils se retrouvaient, ils pouvaient se raconter tout ce qu'ils avaient vécu chacun de leur côté et c'était comme s'ils vivaient deux vies en même temps.

Ils se firent même de nouveaux amis avec lesquels, une fois plus grand, ils firent les 400 coups. Une fois ils avaient même attiré de très gros ennuis à Seth. Tout avait commencé à cause de Trevor, l'un des amis de Gabriel. Celui-ci prétendait qu’Émilie avait la frousse des serpents, même si celle-ci soutenait le contraire, et il l'avait mise au défi d'aller dans la salle de science pour aller en voler un dans l'un des vivariums. Ce à quoi la jeune fille avait répondu :
« Très bien, mais si j'en vole un se sera pour te le mettre dans le pantalon ! »
Ils étaient dans le couloir qui menait à la salle de mathématique pour leur dernier cours de la journée. Tout le monde riait à l'idée que Trevor ne se retrouve avec une couleuvre dans le caleçon lorsque le professeur déboula, en retard comme chaque jeudi. Le cours commencé, la plaisanterie fut vite oubliée et le sérieux s'installa. Sauf pour Émilie qui ne pensait qu'à une chose, la façon dont elle allait prouver à cet idiot qu'elle disait la vérité ! Assis juste à côté d'elle, Gabriel croisa son regard et il n'eut besoin que d'une fraction de seconde pour deviner ce qu'elle avait en tête.
« C'est une très mauvaise idée » lui souffla t-il. « Mais ça tu le sais déjà... »
Les sourcils froncés, la mâchoire crispée, Émilie, tout comme son frère, ne supportait pas d'être tournée en ridicule. Il fallait qu'elle ait le dernier mot. Et elle l'aurait.
« Tu comptes m'aider ? » chuchota t-elle sur un ton un peu plus violent qu'elle ne l'aurait voulu.
Gabriel soupira. Évidemment qu'il l'aiderait. L'avait t-il ne serait qu'une seule fois laissée tomber ?
Il déchira le coin de la feuille sur laquelle il notait évasivement le cours et y griffonna 'RDV après le cours au bout du couloir. Trevor va morfler. Fais passer.' Puis il bascula légèrement sur sa chaise en arrière et fit mine de se gratter la tête pour passer le morceau de papier à Stanley qui s'empressa de s'en saisir. Le petit morceau fit le tour du groupe d'amis, hormis Trevor bien sur, qui ne suivirent plus le cours que d'une oreille distraite, impatients de savoir ce qu’Émilie avait prévue de faire.

Ils étaient six en tout, les jumeaux compris, réunis au fond du couloir à attendre que les derniers élèves aient fini de descendre les escaliers. Trevor avait été l'un des premiers à quitter la salle pour se précipiter sur son casier et rentrer chez lui en vitesse. Le bus ne l'attendrait pas et il filait toujours ventre à terre le soir. Une fois seuls, tous se tournèrent vers la jeune fille qui, les bras croisés, souriait jusqu'aux oreilles.
« Je préfère vous prévenir, si on se fait prendre, on risque de très gros ennuis. Alors si vous préférez aller prendre le premier bus, je ne vous retiens pas. »
Aucun des ados présents ne fit mine de partir.
« Bon, il va falloir qu'on attende que Mr Mayers quitte la salle de SVT. D'ici une demi heure ça devrait être bon. Savannah, tu déverrouilleras la porte comme l'autre fois à l'aquarium. »
« Pas de problème. » exulta l’intéressée, une jeune fille rousse à lunette qui n'était pas moins que la meilleure amie d’Émilie. Une vraie rebelle qui avait apprit très tôt à crocheter la porte de sa chambre dans laquelle ses parents l'enfermaient pour ne pas qu'elle file en douce à des soirées plus que douteuses le vendredi soir. Émilie tentait de la remettre dans le droit chemin mais pour cette fois, il lui faudrait faire une exception. Elle avait trop besoin de ses talents.
« Stan tu feras le guet au niveau de l'escalier et toi Charlie au niveau de la grande porte. Si quelqu'un se pointe, vous vous mettez à siffler un air à la con le plus fort que vous pouvez. »
« Et moi je fais quoi ? » demanda timidement Nancy. La petite brunette avait eut beaucoup de mal à s'intégrer à la bande. Gabriel, s'avisant en début d'année qu'elle passait son temps toute seule, avait fini par la prendre sous son aile.
« Toi tu devras trouver un truc pour y mettre le serpent une fois que je l'aurais choppé. J'ai pas envie qu'il se balade dans mon sac ou qu'il se sauve. »
« Pas de souci. » Répondit t-elle, ravie de faire partie de l'aventure.
« Gabriel ... » elle n'eut pas le temps de formuler sa phrase, il la formula pour elle.
«  Moi j'aiderais Nancy à trouver un récipient. »
Ils passèrent rapidement en revu ce qui pourrait mal tourner puis se dirigèrent vers les escaliers où ils s'assirent pour patienter le temps que le prof quitte sa salle de cours. Les pions ne passaient qu'un peu plus tard dans cet escalier pour vérifier qu'aucun élève ne traînait, leur timing était serré mais ça passait. La chance leur sourit ce soir là et lorsqu'ils se retrouvèrent chacun à leur poste, le lycée était comme assoupi, en attente de la journée du lendemain. Le silence était pesant et les cliquetis provoqués par Savannah lorsqu'elle ouvrit le verrou résonnaient dans tout le couloir, ponctués de temps à autres par des bruits de pas qui provenaient des étages.
Gabriel, Émilie et Nancy se faufilèrent dans la salle de science plongée dans l'obscurité. Les rideaux étaient tirés et la lumière du soir ne leur parvenait que faiblement par les immenses fenêtres. Aussitôt, Émilie se dirigea vers les vivariums tandis que Gabriel et son amie se mirent à la recherche de quelque chose dans les placards susceptible de contenir le reptile. Après quelques minutes de fouille, la jeune fille tendit à Gabriel une boite à chaussure pleine de trous qui avait dut servir pour un TP et contenir des souris.
« Parfais » murmura Gabriel, la gratifiant d'un pouce en l'air et d'un clin d’œil qu'elle distingua à peine dans la pénombre.
De son côté, Émilie revenait déjà vers eux avec, à la main, une elaphe aux écailles rouge vif qui ondulait vivement pour tenter de se libérer de l'étreinte de sa kidnappeuse. Sa queue se mit à vibrer furieusement de sorte qu'elle émit une stridulation faisant penser à des maracas. La bestiole était très énervée. Le prof l'avait baptisé Corail et c'était l'une des couleuvres les plus agressives parmi les trois qui se partageaient la salle. Émilie la fourra sans ménagement dans la boite et manqua se faire mordre lorsqu'elle rabattis le couvercle.

Lorsqu'ils ressortirent de la salle, triomphant, ils tombèrent nez à nez avec Seth qui tenait Charlie par le col de sa veste. Celui-ci n'en menait pas large.
« Je peux savoir ce que vous foutez tous les deux ?»
« Seth ? Qu'est-ce que tu ... » commença Émilie.
« J'étais venu vous chercher pour pas que vous ayez à prendre le bus. Sauf que vous étiez pas à l'arrêt. Non mais vous pensez à quoi ? Vraiment ! »
Dans sa boite, le serpent émis une nouvelle stridulation, trahissant sa présence.
« Vous avez chouré un des serpents ? Mais qu'est-ce qui tourne pas rond chez vous ? »
Seth s’empara de la boite, ne laissant pas le temps à sa sœur de protester.
« Tu comptais faire quoi avec ça ? Nous le cuisiner pour ce soir ? »
« Ne sois pas bête ! Je voulais le glisser dans le pantalon de Trevor. » argua t-elle, comme si c'était une idée des plus brillantes.
«  Et toi tu pouvais pas l'en empêcher ? » lâcha t-il à l'adresse de Gabriel qui se tenait derrière sa sœur depuis le début. Droit comme un I, il ne répondit rien. Il n'y avait rien à dire de toute façon. « Y en a pas un pour rattraper l'autre non mais je vous jure. Filez sur le parking. Et plus vite que ça. Je vais remettre ce truc à sa place. »
Dépités, les six ados coururent vers la sortie puis se dirigèrent vers le parking. Repérant la voiture de leur frère, ils firent un signe de la main à leurs amis qui partirent de leur côté puis attendirent en silence qu'il revienne.
Au bout d'un long moment, le téléphone de Gabriel se mit à sonner. C'était Seth. Il ne devaient pas l'attendre et rentrer par leurs propres moyen...  Un des profs l'avait surprit, le serpent à la main au dessus du vivarium et en avait déduit qu'il était en train d'essayer de le voler. Ils attendaient l'arrivée de la police pour l'embarquer au poste. Bien entendu, s'il disait la vérité, c'étaient ses frangins qui auraient des problèmes alors il n'avait rien nié. Suite à cela, Émilie avait laissé tombé l'idée de fourrer le pantalon de Trevor de serpent. De toute façon, le récit que ses amis firent de cette soirée suffit à le convaincre de ne plus la taquiner avec ce genre de sujet. Quant à Seth … il s'en était sortit avec un simple avertissement et avait forcé les jumeaux à lui nettoyer sa voiture tous les week-end pendant les trois mois qui suivirent.

Dans ce genre d'aventures, c'était souvent Émilie qui avait la carrure de meneuse, Gabriel semblant se contenter du rôle de second, toujours discret mais néanmoins présent lorsqu'il le fallait. En réalité, il arrivait que les rôles s'inversent, Gabriel devenant le leader du petit groupe et sa sœur relayée au second plan. Lorsque l'un prenait les choses en main, l'autre semblait s'effacer. Un observateur avertit se rendrait compte qu'en fait, ce que faisait l'un, l'autre ne s'en sentait pas le besoin de le faire. En totale complémentarité, c'était devenu instinctif chez eux.

Plus tard, lorsque Émilie se décida à faire des études pour devenir enseignante en anglais pour les lycéens, il passa de longues journées à cogiter. Pour la première fois dans sa vie, il ne se sentait pas capable de suivre sa sœur. Non pas qu'il n'en ait pas envie. Devenir prof était une idée qui l'enchantait énormément. Mais c'était un projet plus ambitieux que tout ce qu'ils avaient put tenter jusqu'alors. Ce fut finalement Ethan qui lui livra la solution.

« Ch'est quoi qui te chiffonne ? T'as peur que les cours choient trop diffichiles ? » Ethan avait parlé la bouche pleine de pain à la confiture trempée dans son café.
Gabriel réfléchit un moment avant de répondre, touillant inlassablement sa cuillère dans son chocolat. Après un soupir las il fini par répondre :
« Non. Je sais que je pourrait y arriver. C'est juste que … enfin tu sais comment sont les ados. J'ai peur de pas être capable de me faire respecter. »
« C'est vrai que t'es pas du genre à te mettre à hurler pour réclamer le silence. Mais Emy non plus. »
Il avait raison. Mais Émilie, elle, ne doutait pas. Et c'était là le point crucial. Quand un lycéen sentait qu'un de ses profs n'était pas très à l'aise, c'était fichu pour lui. Il lui en faisait baver jusqu'à la fin de l'année. Et même s'il avait peine à se l'avouer, il avait bien conscience de n'avoir aucune confiance en lui de ce côté là. C'était peine perdue.
« Et pourquoi tu fais pas prof pour mioche ? Tu sais ces petites choses qui sont hautes comme trois pommes et qui se mettent à chialer dès qu'on les gronde ! Ça t'arriverais sans doute à gérer ? »
L'idée ne lui était même pas venu à l’esprit. Et à compter de cet instant, elle ne le quitta plus.

Ainsi donc, alors que sa sœur prenait le chemin le plus ardu, lui se contenta de faire ce qu'il était certain de mener à bien. Et dans un sens, il s'en félicita car c'est lors de ces années de grandes écoles qu'il fit la connaissance d'une jeune femme de laquelle il tomba éperdument amoureux. Dans la même filière que lui, elle se destinait à devenir institutrice, tout comme lui mais avec une spécialisation toute particulière. Elle comptait aller enseigner dans d'autres pays. C'est pourquoi elle avait intégré à son cursus une option en espagnol, en français ainsi qu'en russe. Lorsqu'elle ne passait pas son temps dans ses livres et ses cours, elle le passait avec des écouteurs sur les oreilles à s’imprégner des différentes langues qu'elle apprenait.
Chaque fois qu'il l’apercevait, Gabriel sentait son cœur faire une embardée. Et lorsqu'il arrivait que leurs regards se croisent, il sentait ses joues s'empourprer et un sourire béat s'affichait sur son visage. Sourire qu'elle lui rendait systématiquement. A force de le voir sans cesse dans la lune lorsqu'ils déjeunaient ensemble, sa sœur fini par comprendre le fin mot de l'histoire.
« Pourquoi tu ne l'invites pas au cinéma ou au resto. Est-ce qu'au moins tu as essayé d'engager la conversation avec elle ? »
La réalité était bien triste. Il partageait la plupart de ses cours avec elle et pas une seule fois il n'avait osé lui adresser plus qu'un sourire maladroit. Sa sœur leva les yeux au ciel d'indignation en entendant cela. Elle connaissait trop bien son frère. Si elle ne faisait rien, il risquait de passer à côté de la femme de sa vie.
« Bon, tout à l'heure, quand tu entreras dans l’amphithéâtre tu la repère, tu t'assoies le plus près d'elle possible et tu engages la conversation. »
« Mais pour lui dire quoi ? »
« J'en sais rien moi. Dis lui que tu la trouves jolie, qu'elle a de beaux yeux, fais lui des compliments. »
S'imaginant la scène, Gabriel devint blême.
« Et si elle m'envoie balader, qu'elle se moque de moi ou je ne sais quoi ? »
« Tu es gentil, beau garçon et intelligent. Si elle te rembarre c'est que ce n'est qu'une dinde sans cervelle et qu'elle ne te mérite pas. »
La franchise de sa sœur le fit sourire. Elle avait le don de lui remonter le moral et savait lui redonner confiance en lui. Au moins un petit peu.

Suivant le conseil de sa sœur, il se répéta en boucle qu'il était gentil, mignon et intelligent et qu'elle serait forcement charmée. Il se rendait à son prochain cours, la tête haute et d'un pas décidé. Une fois dans la salle, il la repéra, déjà installée dans son coin habituel. Son cœur se mit à battre plus fort encore qu'à l'accoutumé. Ce qu'il s’apprêtait à faire était téméraire et, bien qu'il n'ait pas froid aux yeux, ce moment risquait d'être déterminant pour le reste de sa vie. Les mains moites et la gorge sèche, il gravit les marches de l’amphithéâtre un à un. Cette ascension lui parut durer une éternité. Une fois dans la bonne rangée, il avança vers elle, se sentant de plus en plus gauche et maladroit. Puis il remarqua quelque chose qui lui avait échappé. Elle discutait avec quelqu'un qui se trouvait dans la rangée d'en dessous. Elle souriait et se mit même à rire aux éclats. C'était un garçon, un blondinet dont les muscles saillaient à travers sa chemise. Ses yeux bleus en amande fixaient la jeune femme avec passion et elle semblait lui rendre son regard. Le temps se figea sur cette scène. Il ne parvenait plus à détacher son regard du type qui, très à l'aise, était en train de noyer la belle sous un flot de paroles qu'elle buvait avidement. Sans s'en rendre vraiment compte, il recula, bousculant au passage quelques étudiants qui râlèrent sans qu'il ne les entende. Il redescendit les quelques marches et quitta l’amphithéâtre. Il marcha d'un pas traînant jusqu'au petit parc où il avait déjeuné avec sa sœur, s’assit en tailleur dans l'herbe sous l'un des nombreux arbres en fleurs qui embellissaient la vue. Puis il se mit à pleurer en silence.

Sa vie amoureuse était au point mort mais une fois son diplôme en poche, il fut embauché dans une petite école de quartier, pas loin du lieu où vivait son père. Ayant toujours vécu dans cette maison, il ne se voyait aucune raison de la quitter et son père ne sembla pas dérangé d'héberger son fils même à son âge. En fait, Seth ayant pris un appartement en ville pour être plus indépendant, même s'il travaillait avec son père, et Ethan ayant fait ses valises pour New York du jour au lendemain, Émilie et Gabriel étaient la seule présence qu'il lui restait dans la maison. Il ne l'avouerait jamais mais se retrouver seul le terrifiait. Ayant toujours fait passer son travail avant le reste, l'âge commençait à peser sur ses épaules et il se rendait compte, petit à petit, que le plus important n'était peut-être pas d'ordre matériel. Aussi, le fait que les jumeaux continuent à vivre dans la maison familiale le rassurait et l'enchantait.
Ainsi donc, dans cette petite école primaire, Gabriel eut l'occasion de rencontrer de charmantes institutrices, puisqu'il était le seul homme, en dehors du gardien, dans toute l'école. Lors de sa première année, il succomba aux charmes de Meredith, une belle canadienne venue dans la région pour s'éloigner d'une famille trop envahissante. Ses magnifiques yeux vert lui en avaient fait voir de toutes les couleurs et il le lui avait bien rendu. Mais il s'avéra après quelques temps que la jeune femme était une véritable girouette. Elle avait fini par refaire ses valises pour rentrer au pays, laissant le pauvre Gabriel en plan et à nouveau en pleurs. Il n'eut pas beaucoup d'autres aventures amoureuses, trop sensible pour supporter le choc des ruptures. Sa sœur devait à chaque fois le remettre sur pieds et il s'en voulait de lui infliger de tels tourments. Bien qu'à une ou deux reprises, ce fut lui qui dut aider Émilie à surmonter son chagrin amoureux. Même si elle ne le montrait pas, elle était tout aussi sensible et émotive que lui.
Mais qu'importe, il était heureux dans son travail. Chaque année passée dans son école lui apportait son lot d'élèves turbulents et avides d'apprendre. Il s’émerveillait de la facilité avec laquelle un jeune esprit était capable d'assimiler des concepts aussi complexes que les mathématiques ou encore les bases d'une autre langue. Certains lui donnaient du fil à retordre mais il faisait toujours montre d'une patience indéfectible en la matière. Son naturel joyeux était communicatif et il arrivait sans mal à se faire respecter de ses élèves. Alors que certaines de se collègues se mettaient parfois à hurler dans leur classe pour calmer les esprits retors, lui n'élevait jamais la voix et trouvait toujours une façon douce de se faire obéir.
Friands de bêtises, les enfants adoraient ces moments où il faisait semblant de faire les gros yeux pour réclamer le silence, les poings plaqués sur les hanches, de façon tellement exagéré que cela se transformait souvent en grimace. Et étrangement, après un petit moment de fou-rire, le calme revenait plus promptement et tous semblaient un peu plus attentifs. Il n'était pas le dernier à déclencher lui-même certains moments de franches rigolades et ces élèves étaient toujours bien tristes, en fin d'année, lorsqu'ils savaient qu'ils ne reverraient plus leur cher instituteur.

Tout aurait put durer ainsi, la vie s'écoulant paisiblement. Il aurait été ravi, des années plus tard, de retrouver certains de ses élèves, de savoir ce qu'ils étaient devenu, s'ils avaient accomplis leurs rêves. Mais cela n'arriverait jamais. Aucun d'eux n'accomplirait jamais le moindre rêve, pour peu qu'ils soient encore en vie. .

on the highway to hell

Pour Gabriel, tout à basculé le 12 octobre. Il avait bien eu vent de quelques rumeurs avant cela mais il ne s'y était pas intéressé plus que ça, se disant que, comme toujours, les médias avaient tendance à en faire de trop. Ce jour là, il était arrivé dans sa classe en avance, comme d'habitude, afin de préparer les diverses activités de la journée. Installé à son bureau, il était concentré sur le cours de mathématique du jour lorsque des bruits insolites avaient éveillé sa curiosité. De grands coups frappés dans l'une des salles de classes avaient également interpellé une autre institutrice qui était déjà devant la salle lorsque Gabriel passa la tête dans le couloir.
Saisissant son trousseau, elle chercha la bonne clé puis commença à ouvrir la porte. Quelqu'un s'était visiblement laissé enfermé là la veille au soir. Pourtant le gardien vérifiait toujours que la salle était vide avant de la fermer à clé. Terminant de déverrouiller la porte, Tania l'ouvrit en grand, prête à incendier l'idiot qui avait passé la nuit là. Ce que vit alors Gabriel le glaça d'effroi. Les yeux exorbités, du sang coagulé aux commissures de ses lèvres, Ilona, l'une des trois institutrices, se jeta sur la pauvre Tania, ses dents commençant déjà à lui déchiqueter le visage. Elle hurla à s'en briser les cordes vocales, tentant vainement de repousser son amie de ses bras frêles. Gabriel l'ignorait mais la pauvre femme avait succombé dans la soirée de la veille sans que personne ne s'en aperçoive. Étendue derrière son bureau, la rupture d’anévrisme ne lui avait laissé aucune chance. Sans trop réfléchir, Gabriel se précipita dans le couloir et tenta de décrocher Ilona de sa victime. Elle d'ordinaire si douce semblait mue d'une sauvagerie incontrôlable et d'une force bestiale. Ses dents cherchaient inlassablement un peu plus de chaire à déchirer, ses mains, plus de matière à agripper. Elle était comme possédée ! Grognant tel un animal tandis que sa proie vociférait et lutait pour se dégager. Reniant tous ses principes, il serra le poing et lui décocha un coup à la tempe qui la fit basculer sur le côté. Mais elle revint presque aussitôt à la charge, ses mains agrippant la tunique maculée de sang de Tania qui hurlait toujours, défigurée. Gabriel l'attrapa par les épaules et la fit basculer à nouveau. Elle était si forte ! Allongée sur le dos, le jeune homme la plaquant au sol, elle mordait dans le vide avec l'espoir d'attraper quelque chose. Au bout du couloir, l’altercation avait attiré du monde. Des parents d'élèves un peu en avance ainsi que la troisième institutrice.
« Appelez une ambulance ! Et les flics ! » leur cria t-il, les dents serrés par l'effort qu'il devait faire pour maintenir la folle furieuse au sol.
Ilona tentait de lui griffer le dos, sa tête dodelinant à gauche puis à droite pour tenter de lui mordre les bras. Mais bon sang qu'est-ce qu'elle avait ? À côté de lui, Tania avait arrêté de hurler. Soit elle était morte, soit la douleur lui avait fait perdre connaissance. Il ne chercha même pas à regarder, concentré sur le monstre qu'il s'efforçait de maintenir au sol. La détaillant alors, il remarqua quelque chose qui fit louper un battement à son cœur. Ses yeux semblaient comme vides, délavés et veinés de rouge. Sa peau était blafarde et froide.
A côté de lui, quelqu'un le poussa un peu et commença à l'aider à maintenir la jeune femme au sol. Un autre arriva à la rescousse et ils restèrent là jusqu'à l'arrivée des autorités. Le temps sembla comme suspendu. Gabriel ne parvenait pas à détacher son regard de celui de sa collègue. Il voyait ses dents claquer dans le vide, il entendait ses râles inhumains, il sentait ses ongles s'enfoncer dans sa chemise. Comment croire que cette créature était la jeune femme avec qui il avait déjeuner la veille ?

Tout à coup on l'écarta sans ménagement et on le poussa hors du couloir, vers la cour de récréation. Des hommes casqués avaient investit le bâtiment et ce ne fut qu'une fois dehors qu'il réalisa ce qu'il venait de se passer. Il venait de voir un être humain essayer d'en dévorer un autre. Pire encore. Il venait de voir l'une de ses collègues, une amie ! se jeter sur une autre de ses amies pour lui arracher le visage ! Comment est-on sensé se comporter après un pareil événement ? Autour de lui, les curieux n'ayant pas assisté à la scène s'étaient massés aux fenêtres qui donnaient sur le couloir dans l'espoir d’apercevoir quelque chose. Mais les hommes en uniforme les firent aussitôt reculer. Tout le monde fut rapidement évacué de la cour et Gabriel ne sut jamais ce qu'ils avaient fait d'Ilona ni même de Tania. Il ne fut même pas autorisé à retourner à l'intérieur pour chercher ses affaires. Il devait prévenir sa sœur.
Interpellant l'un des parents qu'il connaissait, il lui emprunta son téléphone et contacta immédiatement Émilie. Celle-ci ne répondit pas, ce qui eut pour effet de faire naître une énorme boule d'angoisse dans le creux de son estomac. Il devait la rejoindre. Immédiatement. Il commençait à croire que ce qui se disait aux informations n'était peut-être pas si exagéré que ça. Et peut-être même minimisé en fait. Il longea le parking et une fois arrivé devant sa voiture, il se rappela que ses clés étaient, comme le reste de ses affaires, dans sa salle de classe.
*Fait chier !*

Il lui avait fallu pas loin d'une heure pour rejoindre le lycée où exerçait sa sœur. Il la trouva en plein milieux de son cours, pas le moins du monde alarmée par ce qui était en train de se passer. Un peu rassuré, il la laissa tranquille, se disant qu'il pouvait bien la laisser dans l'ignorance jusqu'au déjeuner.

Sa sœur avait accueilli la nouvelle avec un calme exemplaire. Elle non plus n'avait pas vraiment prit les médias au sérieux mais l'histoire de son frère la fit rapidement changer d'avis. Vivant toujours chez leur père pour des raisons financières et pratiques, ils s'y rendirent, trouvant la maison déserte à cette heure de la journée. Seul Bouboule, leur gros chat tigré, vint les accueillir à grand renfort de ronronnement. Ils se rendirent sans perdre de temps sur internet, cherchant un moyen de comprendre la situation. Ce qu'ils y découvrirent les glacèrent d'effroi. Partout sur le territoire, ce genre d'incident survenait depuis quelques jours. Et les choses semblaient aller crescendo. Des vidéos avaient été postées, montrant des personnes devenues folles, tout comme Ilona, et qui tentaient de dévorer tous ceux qu'ils croisaient. Sur l'une d'elles, la personne qui filmait se retrouvait même aux prises de l'un de ces enragés. Il finissait au sol, une énorme morsure sur l'avant bras alors que des policiers venaient le dégager.
« C'est de la folie ! » parvint à dire sa sœur après quelques instants. « Il faut appeler Seth et Ethan. »
« Seth est certainement à l'atelier avec papa. Quant à Ethan, il est à New York, que veux-tu qu'on fasse ? »
Cet idiot avait suivi une belle blonde dont il était tombé amoureux, laissant sa famille en plan pour vivre le grand amour. Et au vu de ce qu'il se passait, même lui n'était pas en sécurité la bas.
«  J'en sais rien ! Mais il faut les prévenir. » Émilie attrapa le combiné et commença par appeler Ethan. Bien évidemment, il ne répondit pas. Elle essaya ensuite d'appeler leur père à son atelier. Ce fut Seth qui décrocha. Elle lui expliqua brièvement la situation. Gabriel l'entendit rire à moitié. Bien sur il pensait à une farce de mauvais goût. Ceci dit, au fil du récit que lui exposa sa sœur, il finit par déchanter et sa voix devint presque inaudible dans le téléphone. Lorsque Émilie reposa enfin le téléphone, elle pleurait.
« Il arrive. Mais … enfin tu connais papa. Il n'écoutera pas. »

Ils avaient passé le reste de l'après midi tous les trois à se faire peur en regardant tout ce qu'ils pouvaient trouver sur le net. La plupart ressemblaient à des canulars mais après ce que Gabriel venait de vivre, il savait que ce n'en étaient pas. Leur père était resté à l'atelier, bien entendu. Lorsque celui-ci revint chez lui tard dans la soirée, il trouva ses trois enfants en train de faire leurs valises. Le monde devenait fou ! Rester en ville risquait de devenir dangereux si les choses continuaient d'empirer de la sorte. Ils avaient donc convenu d'aller passer quelques jours au refuge, le temps que les choses se calment.
Le refuge était le nom que Seth avait donné au chalet que leur père avait battit de ses propres mains. À plusieurs kilomètre de Seattle, celui-ci prenait pieds au bord d'un petit cours d'eau à la lisière de la forêt. Le cadre était idéal pour se ressourcer et oublier les tracas de la ville et ils y avaient passé la plupart de leurs vacances. Ce serait un endroit parfais pour attendre que la folie passe. Et si il s'avérait qu'ils s'étaient fait un film, ce n'était pas une semaine de villégiature qui allait les tuer.

Ils eurent beaucoup de mal mais à trois, ils finirent par convaincre leur père. Il dut bien se rendre à l'évidence que quelque chose ne tournait pas rond. Ils ne parvinrent pas à joindre Ethan et Émilie fut celle qui en fut le plus bouleversée. Morte d'inquiétude, elle se mettait parfois à pleurer en silence.
Lorsqu'ils arrivèrent enfin au refuge, ils s'assurent d'avoir de quoi tenir une bonne semaine avec les conserves déjà présentes et celles apportées. Il fallait espérer que les troubles ne dureraient pas plus longtemps parce que ce n'était pas au milieu des bois qu'ils pourraient aller faire leurs courses. Tachant de ne pas penser au pire, ils ne quittèrent pas l'ordinateur des yeux de toute la journée du lendemain, suivant pas à pas la dégradation de la situation. Dans les jours qui suivirent, des émeutes semblèrent éclater un peu partout en ville. Le président fit même un communiqué qui se voulait rassurant. Ce qu'il disait semblait coller et Gabriel espéra que les choses iraient mieux avec ce fameux vaccin.
Mais les jours passaient et rien ne s'améliorait. Bien au contraire. Leurs réserves commençant à dangereusement diminuer, Jake Fowler décida de retourner en ville faire quelques provisions supplémentaires. Juste au cas où disait-il. Il éclata de colère lorsque Seth proposa de l'accompagner. Il lui rétorqua qu'il était encore capable de faire des courses. Mais sa colère dissimulait bien mal l'inquiétude qui le rongeait. Il ne revint que tard dans la nuit, la voiture avait un feu brisé et une des ailes était enfoncée. Il resta quelques instants au volant après avoir coupé le moteur, la tête dans les mains. À le voir ainsi Gabriel aurait juré qu'il pleurait. Mais il ne se souvenait pas avoir jamais vu son père verser la moindre larme. Il fini par descendre de voiture et leur fit signe de venir l'aider. Il avait littéralement chargé la voiture à raz bord ! Des boites de conserves pour la plupart mais aussi des bidons d'eau, des couvertures, et … des armes à feu ? Où avait-il été chercher ça ? Il y avait un fusil de chasse, celui-là même qui ornait la cheminée de leur maison à Seattle. Il faut croire qu'il ne servait pas que de décoration. Il y avait également deux pistolets et quelques boites de munitions.
« Papa, où as-tu été chercher tout ça ? » demanda Émilie, ne parvenant pas à dissimuler le ton angoissé de sa voix.
« Qu'est-ce que ça peut vous faire. Aidez-moi à emporter tout ça à l'intérieur au lieu de bavasser ! »
Gabriel aurait également bien voulu lui demander ce qui était arrivé à la voiture mais il savait qu'il n'obtiendrait aucune réponse. Son père, la mine plus renfrognée qu'à l'accoutumé, avait déjà passé la porte du refuge avec deux bidons d'eau.


Dans les jours qui suivirent, Jake mit Seth à contribution pour l'aider à couper du bois. A ses yeux, ils risquaient de passer l'hiver ici alors qu’Émilie avait toujours l'espoir que les choses se calment. Il voulait être certain que personne ne mourrait de froid. Il avait également instauré un rationnement sur leurs provisions. Il n'aurait plus l'occasion d'aller faire le plein nul part désormais. Et ils commençaient déjà à être à court de papier toilette. Ce n'était pas le plus grave mais pas franchement le plus pratique non plus. Le générateur leur permettait d'être autonome en électricité et la rivière à proximité leur assurait de l'eau douce en permanence. Ancien chasseur, Jake avait montré à Seth comment poser des collets pour attraper des lapins. Ils pullulaient dans la région et même si ce n'était pas vraiment la bonne saison, ils auraient peut être un peu de chance. Il y avait également beaucoup de gibier dans le coin. Si le besoin s'en faisait sentir, il pourrait toujours utiliser le fusil.

Comme Gabriel le redoutait, l'hiver s'installa et aucune amélioration ne se faisait sentir. Émilie avait insisté pour rejoindre un des camps de réfugiés en ville, affirmant qu'ils finiraient par être à court de vivre ici et que ce serait certainement leur seule chance. Leur père avait simplement répondu que s'ils arrivaient à court de vivre rapidement en étant seulement quatre, comment pensait-elle que ça se passerait dans un camps. Sans parler de ces monstres qui revenaient à la vie, toujours plus nombreux. Elle avait donc abandonné l'idée.

Le monde avait volé en éclat. La société s'était disloquée et tous les quatre, Gabriel, Émilie, Seth et leur père avaient fini par instaurer une sorte de routine. Bien à l’abri en marge du monde moderne, ils vivaient, tout simplement, mangeant le strict nécessaire, se réchauffant auprès de la cheminée, allant puiser de l'eau dans le cours d'eau qu'ils faisaient bouillir sur le feu avant de la remettre en bouteille. Sans aucun moyen de contacter le monde extérieur, ils avaient rangé l'ordinateur dans un coin. S'il était possible que les serveurs fassent encore tourner internet, il n'y avait plus personne en mesure de s'y connecter de toute façon alors à quoi bon.

Tout semblait figé. Dehors la neige avait recouvert toute la végétation et même le petit ruisseau était entièrement gelé. Manquant de bois, Jake était retourné en chercher dans la remise. Gabriel et sa sœur faisaient une partie de carte sans grande conviction et Seth était allé relever les collets. Le hurlement de leur père résonna dans la vallée, puissant et bref. Se levant d'un seul coup, les jumeaux se précipitèrent dehors pour secourir leur père. Celui-ci tentait d'assener des coups de bûches à un type dont la moitié du corps partait en lambeaux. Une plaie béante dans son cou laissait échapper des flots de sangs. Gabriel força sa sœur à retourner dans le refuge. Lui-même s'y engouffra, attrapa le fusil de chasse de son père et retourna dehors. Il tira une première fois, rechargea, tira encore, puis encore. Ce ne fut que lorsque le coup le toucha en pleine tête que le cadavre ambulant tomba au sol, inanimé. Mais Gabriel n'eut pas le temps de s'enquérir de l'état de son père. Celui-ci, une main sur sa plaie et une autre pointant la vallée du doigt avait vu ce qui les attendait. Se détachant clairement sur le manteau de neige impeccable, une vingtaines de ces êtres se dirigeaient droit vers eux. Retournant se mettre à l'abri, Jake voulu partir chercher Seth. Mais il se vidait de son sang et fini par s'écrouler, adossé au mur. Émilie essayait de contenir le flot ininterrompu de sang mais c'était peine perdue. La créature avait touché une artère et ils ne pouvaient que regarder leur père mourir. Impuissants.
Seth fini par franchir le seuil, certainement alerté par les coups de feu. Il découvrit les jumeaux en pleurs et leur père adossé à un des murs de cette maison qu'il avait battis de ses propres mains, le teint vitreux et baignant dans son propre sang. Un long gémissement s’échappa de sa gorge avant qu'il ne ferme la porte derrière lui. Juste à temps car déjà un des revenants avait atteint l'angle du mur de la maison. Ne leur donnant pas le temps de laisser libre court à leur chagrin, des dizaines de mains vinrent marteler la porte que Seth venait de refermer. Serrés dans les bras l'un de l'autre, Gabriel et Émilie regardèrent Seth reculer vers eux, ne quittant pas la porte des yeux. Jamais elle ne tiendrait.
« On pourra jamais tous les tuer ! » fit inutilement remarquer Seth.
« Il faut qu'on parte. » proposa Émilie.
« Moi je veux bien mais explique-moi comment tu comptes nous faire sortir ! » Seth était complètement paniqué.
« Ils sont tous après la porte. On prend quelques affaires et on file dans les bois par la fenêtre de la salle de bain. »
Ça se tenait. Sans perdre une seule seconde, ils firent leurs sacs, prenant le plus de vivres possibles. Les abords de la fenêtre étaient libres. Ils s'y faufilèrent l'un après l'autre. Mais la porte d'entrée avait déjà cédé. Seth n'eut pas le temps de passer le rebord de la fenêtre que des mains décharnées et  crasseuses le saisirent pour le tirer en arrière. Comprenant qu'il venait de perdre son frère, Gabriel saisi sa sœur par la main et l’entraîna vers la forêt. Elle tenta de résister, hurlant comme une possédée mais ils n'y pouvaient plus rien. En silence il laissa des larmes lui embuer la vue, ne lâchant pas la main de sa sœur.

La mort d’Émilie, il ne souhaitait pas se la rappeler. Tout plutôt que de revivre ce moment.
Ils avaient réussi à survivre. Ils avaient froid en permanence mais ils survivaient. Ils avaient faim aussi. Mais ils étaient ensemble. C'était tout ce qui comptait. Et puis il avait surgit de nul part. Il n'avait même pas fait de bruit. On pourrait croire qu'un homme mort serait gourd et pataud, faisant craquer les branches sous ses pas. Mais celui-là n'avait pas fait le moindre bruit. Il lui avait attrapé le bras puis l'avait attirée à lui. Ses dents s'étaient enfoncées dans le bras qu'elle avait tendu pour se protéger. Son cri avait résonné même longtemps après qu'il eu cessé. Gabriel, pris d'un accès de rage comme il ne s'en serait jamais cru capable avait achevé le monstre à coup de branche dans la tête. Continuant de frapper, encore et encore,il n'avait cessé sa folie que lorsqu'il n'était plus resté de la tête du type qu'une bouillie noirâtre parsemée d'éclats d'os.
Émilie avait bien entendu contracté de la fièvre. Elle avait fini par mourir dans les bras de Gabriel. Pour rien au monde il n'aurait voulu la lâcher. Il aurait aimé mourir là, sa sœur dans les bras. Il était resté étendu de longues heures contre ce tronc d'arbre, ses membres s'engourdissant peu à peu de froid. Puis elle avait commencer à remuer et à emmètre des râles. Tout était clair. Elle devenait l'une de ces choses. Se redressant, il s'était emparé de l'unique pistolet qu'il avait emporté. Puis il lui avait tiré entre les yeux avant de s’effondrer sur le sol en pleurs, anéanti.

Combien de temps a passé ? Une semaine ? Un mois ? Un an ? Le temps n'existe plus. Les journées s’égrainent comme de la poussière dans un sablier beaucoup trop petit. Le soleil se lève, entame sa course folle à travers le ciel. Puis il s’éclipse, imperturbable et  indifférent au sort des hommes. La nuit apporte avec elle son lot de frayeur et d'insomnie. Ils sont vraiment partout désormais.

Au début, il se contentait de fuir dès qu'ils arrivaient, trouvant une nouvelle cachette pour la prochaine nuit. Il mourait de faim en permanence. Quand il avait de la chance, il tombait sur une cabane de chasseur ou une ferme abandonnée. Quand la chance le fuyait, il se contentait de mâcher de l’écorce comme le font les daims dans l'espoir de tromper la famine. Puis l'hiver a capitulé, laissant le printemps faire son œuvre. Désormais plus que l'ombre de lui-même, Gabriel a oublié qu'il savait rire autrefois. Il a oublié qu'il savait aimer et être heureux. Isolé depuis trop longtemps, les seules personnes qu'il croise sont déjà mortes. Mais il ne se laisse pas abattre pour autant. Il se dit sans cesse que s'il arrive à survivre assez longtemps, il verra la lumière au bout de ce tunnel sans fin. C'est pourquoi le soir, lorsqu'il arrive à allumer un feu et à se faire cuir de quoi remplir son estomac, il fredonne un petit air, un de ceux qu’Émilie aimait tant. Puis il attrape un morceau de bois qu'il sculpte comme il peut pour tromper l'ennuie et faire fuir le désespoir. Puis lorsqu'il reprend son chemin, il abandonne là sa petite sculpture difforme comme un témoin de son passage. Comme s'il voulait hurler à la face des rôdeur "Je suis toujours là ! Et je continue d'avancer !"
Avec le retour de beaux jours, ses larmes ont fini par s'estomper. La cicatrice béante dans son cœur se laissant peu à peu panser par de nouveaux espoirs. Il en avait assez de errer sans but. Il devait se ressaisir. Avancer. Oublier.
C'est donc d'un pas décidé qu'il entreprit de retourner vers Seattle. Il n'était certainement pas le seul survivant. Et s'il y en avait d'autres, alors il se joindrait à eux. Si sa vie pouvait en aider ne serait-ce qu'une autre, alors, lorsque le moment viendrait, il pourrait mourir avec le sourire aux lèvres.

time to meet the devil

• pseudo › Amphipterya
• âge › 26 ans

• comment as-tu découvert le forum ? › Par un ami qui y est déjà
• Ton ancien personnage ?  › /
• et tu le trouves comment ? › Sublimissime
• présence › 2 ou 3 fois par semaine minimum (généralement plutôt une fois par jour)

• code du règlement › OK by Obi
• crédit ›Tumblr
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Re: Gabriel Fowler

Mer 27 Avr 2016 - 17:09



bienvenue sur le forum !

Te voilà fraîchement inscrit sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :

1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours. Un délai supplémentaire peut être accordé par un Administrateur.

2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux bottins des noms, des prénoms, des métiers et des avatars.

3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.

4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire ! Si tu choisis d'intégrer le groupe des solitaires, il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.

5 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.

6 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.

Bonne rédaction !


Bienvenue !
Si t'as des questions n'hésite pas Smile
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Re: Gabriel Fowler

Mer 27 Avr 2016 - 17:15

Bienvenue parmis nous Very Happy
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Re: Gabriel Fowler

Mer 27 Avr 2016 - 19:12

Hellcome !
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Re: Gabriel Fowler

Mer 27 Avr 2016 - 20:26

Saluuuuuuut =D
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Re: Gabriel Fowler

Mer 27 Avr 2016 - 20:31

Bienvenue Gabriel (j'adore tellement ce prénom), bonne marche vers la validation tout ça.
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Re: Gabriel Fowler

Mer 27 Avr 2016 - 20:34

Merci merci Very Happy
Norman J'adooore ton avatar :3 Selene comprendra pourquoi Wink
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Re: Gabriel Fowler

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