Dieu. Elle n'allait pas passer son temps à chercher un code à la noix... Ce gérant psychorigide avait un gros problème, sans doute... Christina avait trouvé un code, Isabel à sa suite, le résultat avait totalement décourager la blondinette. Cela faisait bien une demi heure qu'ils étaient tous en train de retourner les bureaux sans rien trouver. Ce qu'elle détestait le plus au monde, ce qui la faisait hurler, c'était de ne pas pouvoir avancer. Violemment, elle ouvrit avec fracas plusieurs tiroirs tout en tentant de contrôler au maximum son expression. Ce qu'on pouvait voir, c'était des gestes brusquement exécutés et un sourire confiant sur le minois de la jeune femme. Son corps et ses émotions étaient totalement en désaccord oui. C'était dans ce genre de moment qu'elle pourrait très bien péter un câble. Parce que les minutes continuaient de s'écouler et que rien n'arriver. Elle repoussait classeurs et cahiers, sans trouver de petits feuillets glisser entre deux, sans trouver de clef, d'indices.

On fait comment si on ne trouve pas ? Sérieux quoi... Peut être que ce code, il est juste introuvable parce que le gérant est psycho et qu'il la juste retenu... Si ça se trouve on cherche un code sur papier qui n'existe même pas... Lâcha-elle en manquant de se prendre le tiroir sur le pied.

Outch. Elle allait devoir se calmer. Elle grimaça en jetant un regard à l'assistance et clama :

M'enfin, on a sûrement pas le choix de continuer à chercher...

Pourquoi n'avaient-ils pas penser à faire sauter quelque chose ? Elle aurait voulu marmonner que son idée de passer par cette lucarne poussiéreuse avait peut être été l'unique vrai solution. Le danger était réel partout de toute façon... Pour ce que ça changerait... Et sans aucun doute, ils gagneraient du temps. Le bruit aurait alerté les morts de la zone, ils auraient attendu et auraient pu accéder au magasin.

Pourtant voir le visage de la doyenne l'obligea à y croire encore un peu. Elle avait le visage ferme et décidé de la femme qui ne doute pas une seule seconde. Enfin, c'est ce que Kassandra voyait. Et Justin et Isabel étaient un peu de ce bain là aussi. Etait-elle vraiment la seule à envisager de suivre une autre voix plutôt que de perdre du temps ?

Si dans... Une heure on ne trouve rien. Autant chercher une autre entrée. Genre, on aura qu'à envoyer Justin par la lucarne au sous sol, non ? Il s'y connait bien en mort-vivant.

Un petit sourire à son encontre, elle continua toutefois à fouiller dans sa zone avant de soupirer de désespoire.

Christina voulait croire que le code était là quelque part. Certes quelqu’un de sensé – et de réellement parano – aurait fait en sorte de l’apprendre par cœur et de bruler toutes traces de ce dernier… mais ils étaient ici dans un magasin, et non une chambre forte. L’endroit était suffisamment grand pour justifier plusieurs employés. Peut-être même des saisonniers, qui ne restaient pas longtemps. Une bonne raison de changer régulièrement ce code – et donc de l’oublier ou de se mélanger les pinceaux – et donc de le noter quelque part. Non ?

Elle devait reconnaitre que le temps qu’ils perdaient-là était frustrant. Leurs pistes s’étaient toutes révélées fausses et ils étaient un peu à court d’idée. Christy répondit à Kassandra par un regard rassurant.

- On va le trouver, dit-elle avec confiance. Il fallait dire que l’idée de la lucarne ne lui plaisait vraiment pas… Au pire on attaquera la porte à la hache… ou au stylo bille ! Elle haussa une épaule, puis fit un sourire taquin, en brandissant un feutre. Aucune hache n’avait traversé son champ de vision !

Elle croisa les bras et regarda autour d’elle, à la recherche de l’inspiration. Ils avaient foutu une pagaille sans nom.

- Aucun d’entre vous n’a testé ces jeux à la mode là ?... Hum comment ils appellent ça ? Quand ils vous enferment dans une pièce et vous avez 1h pour en sortir. L’escape game. Christina connaissait parce que James lui avait raconté l’été précédent avoir testé un truc de ce genre. Il avait d’ailleurs promis à Sven de l’y emmener à Seattle. Elle avait interrogé ses trois comparses du regard. C’est un peu le même principe, non ?

Trouver des codes, des clés etc. Justin proposa alors un nouveau code et ce fut Isabel qui se chargea de le tester. Sans succès. Fichtre ! Diantre ! Sa mère ! Bon bon bon… Christina reprit sa réflexion. Où est-ce qu’elle irait planquer un tel code, si elle gérait cette boutique ? Elle revint vers l’ordinateur et souleva le clavier. Rien. Le tapis de souris. Le pot à crayon. Son regard s’illumina. Là était noté en lettres capitales sur un petit bout de papier scotché : « Ashley15 ». Le mot de passe de l’ordinateur ! Rien de très utile pour notre groupe, mais au moins cela les confortait dans leur approche ! L’ancien propriétaire était du style à garder une note quelque part !

- Cherchons sous certains meubles ! S’exclama-t-elle, au cas où le même principe de cachette aurait été utilisé pour la porte. Elle encouragea notamment Isa à l’imiter, alors qu’elle soulevait une corbeille. Vierge ! Hum on peut peut-être essayer tout bêtement un truc comme 2015, non ? L’année en cours au moment de l’épidémie. Le 15 à la fin du mot de passe correspondait certainement à ça.

Elle se déplaça elle-même pour tester, mais rien n’y faisait !

Rien. Ils ne trouvaient absolument rien, à croire qu’ils allaient finir par devoir renoncer à passer par cette issue. Ce fut Kassandra qui évoqua l’idée la première, visiblement agacée par ces recherches qui restaient vaines. C’était une solution à envisager s’ils ne trouvaient rien ici... Le problème, c’était qu’ils pourraient passer des heures à fouiller sans rien trouver. Mais Isabel était du même point de vue que Christina, le code était sûrement là quelque part. La blonde ne put s’empêcher d’échanger un sourire avec la mère de famille lorsqu’elle expliqua qu’ils pourraient peut-être défoncer la porte à coup de hache, et son sourire se transforma en rire lorsqu’elle parla de stylo à bille. Non, il ne fallait pas se décourager. S’il y avait bien quelque chose que l’ancienne logisticienne avait appris durant son séjour à l’extérieur, avant d’arriver au stade, c’était de ne pas baisser les bras… Si ça avait été le cas, elle serait probablement morte ou aurait fini comme l’une de ces repoussantes créatures. Elle avait eu de la chance et espérait que cette dernière allait être encore au rendez-vous aujourd’hui…

Izzy écouta de nouveau Christina parler d’un jeu… Où il fallait trouver un moyen de sortir d’une pièce en une heure. Elle n’en avait jamais entendu parler. La télévision, les jeux vidéo… Isabel n’avait jamais été intéressée par tout ça. Elle avait grandi dans les livres, la musique classique et avait toujours lu les journaux lorsqu’il s’agissait de s’informer sur les nouvelles du pays ou du monde. Elle avait bien eu un ordinateur quand elle était à la faculté de droit mais il ne lui avait servi que pour écrire ses cours et taper ses dossiers… Puis après elle avait parcouru le monde, se retrouvant souvent dans des endroits où il n’y avait pas de télé, d’ordinateur, internet, ni même d’électricité… Alors les jeux vidéo… Bref, ce n’était pas vraiment ce qui l’intéressait pour l’instant. Il fallait continuer à chercher.

La blonde se mit à regarder sous les meubles, imitant Christina, mais elle ne trouva rien du tout. Combien de code avaient-ils essayé ? Plusieurs déjà… Et si le propriétaire avait décidé de mettre un nombre bien précis d’essai, en plus de tout ce dispositif de sécurité ? Encore une fois, c’était sûrement exagéré mais il fallait peut-être y penser. Bon… Heureusement pour eux, même s’ils atteignaient un soi-disant maximum d’essai, il y avait peu de chance pour que tout explose… C’était déjà ça… Isabel ne put s’empêcher de sourire à cette pensée avant de se diriger vers la salle de sécurité. Avaient-ils bien regardé dans cette pièce ? Parfois les gens cachaient des choses au plus près… S’installant sur le fauteuil sui faisait face aux écrans de sécurité, elle observa un moment la pièce. Puis elle se mit à tourner doucement sur la chaise, tentant de réfléchir… Où pouvait bien être ce code ? Son regard s’arrêta alors sur un panneau en liège accroché au mur en face d’elle, il était complètement recouvert de feuilles, visiblement un peu trop petit… Plans du bâtiment, dispositifs d’évacuation en cas d’incendie, diverses listes avec tout un tas de numéros de téléphone et coordonnées… Les feuilles se chevauchaient, et il y avait l’air d’avoir d’autres choses là-dessous… Izzy se leva alors sans grand espoir d’y trouver quelque chose, peut-être même que les autres avaient déjà regardé. Elle souleva quelques feuilles jusqu’à ce que quelque chose interpelle son attention… « Qu’est ce que… » Chuchota-t-elle alors qu’elle tirait sur un petit bout de papier pour l’arracher… Un numéro avec quatre chiffres qu’elle n’aurait sûrement pas aperçu si elle n’avait pas été chercher là. « J’ai peut-être quelque chose ! » Déclara-t-elle suffisamment fort pour que les autre l’entendent. Elle retourna jusqu’au petit boîtier et tapa le code. 1, 6, 4, 1… CLAC. Ses yeux s’écarquillèrent alors, c’était ça ! « Hey ! Je crois que j’ai réussi !! La porte semble s’être déverrouillée !! » Le ton de sa voix était enthousiaste, et un grand sourire s’affichaient sur ses lèvres. Ils allaient enfin pouvoir se rendre jusqu’à la boutique !

« Oh mon dieu Isabel... Merci... »

Kassandra avait eu très envie de serrer Isabel dans ses bras. C'était une libération cette trouvaille... Elle n'en pouvait plus... Elle avait vraiment été sur le point de tenter la cave... Christina avait bien fait de positiver. Et, Justin, il avait pensé comme elle. Les chiffres ça les rendaient fou. Mais cet épisode était déjà derrière Kassandra qui avait collé la petite copine d'Arthur lorsqu'elle avait entendu le déclic de la porte. C'était ouvert. Vraiment. Réellement. Cette fois, c'était le bon chiffre ; et elle ne tenta même pas de savoir comment elle avait fait pour le dénicher ce chiffre maudit. Le principal, c'était le résultat. Le petit groupe avait passé la porte, lentement et en alerte. Kassandra avait réajusté son arme avant de passer la porte, guettant le moindre mouvement suspect dans les parages. Rapidement, ils avaient fait le tour. La sécurité était évidente. Kassandra prit le temps de croiser le regard de chacun avant de tirer son sac de ses épaules et le tenir à bout de bras.

« C'est parti. On prends le maximum. Ça pourrait être pas mal de chopper la luge en bois plus loin, celle accroché au mur, je pense qu'on pourrait essayer de s'en servir quand on aura tous rempli nos sacs ? »

Ou alors ils reviendraient avec les gros bras puisque la zone était maintenant safe... Và savoir. Kassandra s'éclipsa derrière un rayon, elle tomba sur celui des chaussettes polaires entre autre. Pour dormir déjà, ça serait vraiment super pour le plus jeune, et eux ensuite. Le stock permettrait de chausser tout le monde... Sans réfléchir davantage elle commença à les en bourrer le maximum dans son sac quitte à mettre le pied de dedans pour faire un maximum de place.

« On manque de sweet polaire aussi. Ils font partis des choses à prendre en priorité. »

Après avoir passer la moitié de l'étage chaussettes dans son sac déjà pleins à craquer elle attrapa un des sacs en toile en tête de gondoles.

« Deuxième tournée... »

Sauf que son regard s'arrêta sur le comptoir. Là où brillait dans un petit panier en oseille des baumes à lèvres. Le genre de chose qui lui manquait cruellement depuis que cet hiver interminable s'était installé... Elle tira le sac en toile et abandonna son sac de randonnée pour foncer sur le comptoir. Il devait y en avoir d'autres dans des petites boîtes derrière le comptoir. Kassandra vida les baumes à lèvre dans son sac et disparut derrière le comptoir... Ouais ben, les trois autres se chargeraient bien de s'occuper de prendre les vestes et autres choses chaudes... Kassandra devait aussi songer à prendre de l'équipement de ski au passage... Elle n'y pensait plus... Elle rêvait de chaussettes chaudes et de baume à lèvres magique...

Alleluia ! Isabel parvint à ouvrir la porte par ils ne savaient quel miracle ! Evidemment, ils s’enquirent tous de connaitre quelle était la résolution de l’énigme, et la jeune femme partagea sa trouvaille. Christina la gratifia d’une tape sur l’épaule. Ils pouvaient ENFIN passer aux choses sérieuses ! Merci !

Les premières secondes dans la boutique furent un chouia angoissantes. Justin passa devant, plus à l’aise avec les menaces modernes que les trois filles, mais tout paraissait calme. La doyenne marqua un temps d’arrêt supérieur aux autres, avant de se convaincre qu’ils n’avaient effectivement rien à craindre ici ! Puis elle prit la direction des rayons. Toutes ces affaires de sports d’hiver, ces textiles chauds, en remplir leurs sacs étaient une vraie exaltation ! Hélas, tout cela était volumineux et la femme n’eut d’autres idées que de troquer ses vêtements actuels.

- Nos habits prennent moins de place que tout ça, on gagnera certainement de la place en faisant l’échange maintenant !

Et hop, en moins de deux, l’ancienne hôtesse de l’air était en culotte dans la pénombre. Une nouvelle culotte, diantre, comme elle en rêverait ! Son corps était amaigri, mais elle gardait une silhouette relativement intéressante pour son âge. Elle en profita pour regarder la plaie qu’elle s’était faite un peu plus tôt sur la cuisse. L’entaille n’était pas profonde, mais faisait presque 10cm de long. Elle grimaça en appuyant dessus. Mauvaise idée ! Elle se choisit ainsi un pantalon de ski qu’elle enfila, et fit la même chose pour le haut. Soutif et tout le tralala. Elle fourra alors ses vieux vêtements au fond du sac qu’elle avait amené, et le combla avec des pantalons supplémentaires.

- Kassandra, est-ce qu’il y aurait des sacs en plastique en rab de ton côté ? A savoir près du comptoir, là où la blonde amassait des baumes à lèvres. Nos sacs se remplissent trop vites, j’ai à peine pris cinq pantalons, que le mien est plein à craquer !

L’avantage était néanmoins que le sac restait léger. Mais l’encombrement pouvait être un problème ! En appuyant, elle parvenait néanmoins à compresser le tissu. Un bon aspirateur là, pour faire du vide, ça aurait été ni-ckel ! Mais ils allaient devoir faire sans… La proposition de la jeune fille de transporter tout ça avec la luge était toutefois une excellente idée. Christy reporta une seconde son attention sur la grille qui protégeait toujours la vitrine. Réussiraient-ils à l’actionner depuis l’intérieur ? Pour s’éviter le détour depuis l’étage, ce serait super ! Et notamment le passage technique parmi au travers du verre brisé !