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HEY YOU ! Please talk to me.

Lun 7 Mar 2016 - 20:33

Les tâches s'accumulent, dans ce qui est maintenant notre camp. Nous avons tous bien plus de travail à accomplir, d'autant que la population du camp ne représente plus que le tiers de ce qu'elle était. J'aimerai bien me poser dans un coin et laisser couler, mais j'ai.. parlé. Trop parlé. J'me suis montrée, maintenant, j'peux plus me cacher. Oh et puis.. C'est mieux. Autant être active, après tout, j'me ferai bien voir et c'est pas plus mal. J'me souviens des paroles de Jaden, et de mes belles paroles en réponse. J'voulais le suivre, et j'le veux toujours. J'veux aider tout ces gens autours de moi.

Ce coup de barre, ce n'est absolument pas parce que je suis une flemmarde. Rire à cette phrase est dangereux pour la santé. Non.. J'ai juste envie de me laisser couler, de me poser dans un coin et de ne plus en sortir. Penser à ces gens qui sont morts, devant mes yeux, assassinés par des enfoirés. Repasser cette scène, ma chute, emportée par Megan - ma meilleure amie - lorsque les fusils lui ont ôté la vie. Oui, j'ai envie de toucher le fond, de tout laisser tomber. De n'avoir que des cernes à offrir, sur un visage pâle. Ce sentiment, je ne le connais que trop bien, et je sais parfaitement ce qui en découle. Quand on laisse la mort empoigner notre âme, on se rend esclave de son jugement. On l'attend simplement. Durant des années je n'ai été qu'une ombre. Je pensais avoir tout perdu, mais j'ai perdu encore plus, en laissant Irvine - mon connard d'ex - m'abandonner. Avait il tort ? Je ne sais plus, maintenant. J'étais un déchet, une loque, une ruine.. Et il essayait de me tendre la main, en vain. Je le déteste et le conchie pour ce qu'il m'a fait, mais dans le fond, je .. comprend. Je le comprenais déjà quand je l'ai envoyé chier, ce jour où il a osé revenir me voir, alors que j'allais BEAUCOUP mieux. Non mais.. J'suis pas un putain de moulin moi.

Bref.. Je lutte contre cette partie de moi qui veut m'entraîner vers le bas, comme un boulet attaché à mes pieds alors que j'essaye de garder la tête hors de l'eau. Je nage très bien d'ordinaire. Je lutte oui, en m'adonnant aux tâches multiples. L'entretiens du camp, ça, c'est pile dans mes compétences. Aucun risque de tomber sur des Eddies - Ces saletés de monstres - ou sur des pillards affamés d'la saucisse. Alors, avec autant d'assiduité dont je faisais preuve en épongeant le front de Thalia, j'éponge le sol du réfectoire, pestant contre ceux qui ont perdu toute notion de savoir vivre en BOUFFANT COMME DES PORCS. NON MAIS SÉRIEUSEMENT ! MOI C'EST LYSBETH, ET PAS CONCHITA ! D'ailleurs je gueule.


" FAUDRAIT PEUT ÊTRE SONGER À NE PAS EN FOUTRE PARTOUT QUAND ON MANGE ! SUR DU CARRELAGE Y A BIEN PEU DE CHANCE QUE QUELQUE CHOSE POUSSE, ALORS ON NE SÈME RIEN ! SINON VOUS ALLEZ AVOIR À FAIRE À MOI ! BANDE DE PORCELETS !

Je suis raffinée et bien élevée, ainsi que parfaitement adorable et facile à vivre. Pigé ?
Grommelant la lassitude qui s'insinue au creux de mon courage, je continue de frotter ces zones dégueulasses avec le torchon humide et la serpillère. Ont ils seulement conscience du temps que ça prend, de décrasser de la bouffe séchée sans produit ? Avec de la neige fondue ? Pfff.

Je remonte le foulard tout à fait sexy qui maintient mes cheveux en place, me donnant ces allures de vieille ménagère à qui il ne manque plus que ce vieux tablier plastifié à fleur et les bigoudis. Je me tamponne aussi le front de mon mouchoir - que j'ai récupéré auprès de Maxine ! - .. L'effort, au moins ça me maintient au chaud. Mon calvaire est bientôt terminé, je passerai ensuite à une tâche bien plus sympathique.. LA BOUFFE ! Je suis une cuisinière hors pair, quand il s'agit de faire chauffer une boite de raviolis ! .. Non mais, de toutes façons, je m'occupe bien plus de la vaisselle que de la cuisine en elle même. Ils ne sont pas fous, et moi.. encore moins.

Cependant, je m'ennuie. A mourir. J'ai bien commencé à chanter, tout et n'importe quoi, en oubliant la moitié des paroles. J'ai ensuite essayé d'imaginer que j'étais un genre de lézard géant attaquant de petites villes humaines avec mon bras tentaculaire humide. Mais c'était pas génial, du coup, j'ai rapidement cessé. Quelle déprime.
Mais heureusement, voilà quelqu'un qui passe ! J'ai déjà croisé ce gars, plusieurs fois, mais je ne le connais pas encore. Oh et puis, quitte à partager la survie avec des gens, autant faire en sorte qu'ils ne restent pas de vulgaires inconnus.

Fronçant les sourcils, j'abandonne alors ma serpillère sur place, ne laissant au final qu'une tâche ou seize derrière moi. Le travail attendra. Jaden n'approuvera pas cette phrase. Je défais ce foulard pour démêler mes cheveux - grâce à mon peigne, que je garde toujours avec moi. Comme un tas de trucs utiles pour les filles -, histoire d'avoir l'air présentable, et je l'attache à mon poignet pour ne pas le perdre. En plus.. je trouve ça tellement cool. Wouh ! Je soupire une bonne fois pour laisser derrière moi cette mauvaise humeur qui gangrène mon esprit. Et voilà, enfin, je retrouve un large sourire, qui illumine glorieusement mon joli petit minois ! Je presse le pas et me dirige vers cet homme qui.. vient de dépasser le point de rencontre que j'avais imaginé. Fichtre.. Il est rapide celui là !
Je me met donc presque à courir derrière lui, puis lassée, j'agite les bras en portant bien haut la voix.


HEY TOI ! Bonjour ! Je m'ennuie. Viens s'il te plais, on va parler un peu ! "

Je suis vraiment douée pour aborder les gens. Pas vrai ?
J'attends sa réaction, agitant doucement la tête pour paraître cool, sympathique, et.. oui bon je sais, je suis tarée.
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Re: HEY YOU ! Please talk to me.

Lun 7 Mar 2016 - 22:29

Seul. Une nouvelle fois. Tyrell avait beau tourner la tête, il ne voyait plus son ami le précéder. Il n'était plus là. Parti. Mort. Tué dans cette rébellion insensée. Dans ce monde où les morts marchaient, c'était des vivants qu'il fallait réellement avoir peur. Les nuits étaient emplies de cauchemars et les jours de questions sans réponse, de ces minutes qui s'égrénaient dans le silence le plus total.  

Tyrell savait qu'il devait faire quelque chose. Aider à reconstruire, à assurer les tâches du quotidien, être là pour leur communauté. Mais personne n'était là pour le guider, pour le conseiller, pour le diriger. Il était seul avec ses pensées, ses craintes, ses doutes. Il savait qu'il devait remettre de l'ordre dans sa vie, rebâtir les fondations de son existence, établir un quotidien fait de ces routines qui le rassuraient. Mais le chemin était long à parcourir et les obstacles durs à franchir. Le passé était toujours là, à engloutir son âme, à emplir son coeur de noirceur. Il devait arriver à le laisser derrière. A avancer.

Il marchait, sans réel but, le regard dans le vague. Tyrell était dans son monde, perdu dans les souvenirs, son corps se mouvant en mode pilote automatique. Il aurait très bien pu foncer dans un mur et ne pas le réaliser. Ses yeux d'un bleu profond étaient braqués sur un horizon qu'il était seul à distinguer, ses oreilles emplies de la voix de son ami, de celui qui l'avait aidé à se relever et lui avait permis de survivre. Celui qui lui avait donné la volonté de continuer. Celui grâce à qui, malgré son absence, il ne cessait de vouloir poursuivre "l'aventure". Vivre. Tenir le coup. Encore et encore. En gardant l'espoir d'un avenir meilleur.

Des cris furieux parvinrent à son ouïe délicate, poussant instinctivement l'homme à se boucher les oreilles. Il détestait le vacarme. Et, après tout ce qui venait de se passer, il était plus sensible que jamais au bruit, aux hurlements, à toutes ces expressions d'angoisse et de nervosité qui lui tordaient l'estomac. Tyrell accéléra le pas presque malgré lui, pour s'éloigner de la potentielle source de colère. Se tenir à distance du "danger". Il ne savait pas comment réagir face à ce genre d'expressions. Son ami n'était plus là pour le guider et parler à sa place. Il... Il était complètement perdu...

Des bruits de pas. On marchait bien vite derrière lui, presque une course. Tyrell était tenté de s'enfuir, mais cette même voix précédemment emplie de colère l'avait interpellé, pour... parler un peu ? L'ancien professeur s'arrêta dans son errance, se retournant lentement vers la jeune femme. Tyrell n'avait jamais eu une très bonne mémoire des visages ou des prénoms, excepté pour ses élèves. Peut-être lui avait-il déjà adressé la parole, peut-être se connaissaient-il... Il n'en avait pas la moindre idée.

Se mordant la lèvre, il se tordit nerveusement les doigts, son coeur battant à vive allure dans sa poitrine. Il n'avait pas échangé le moindre mot avec qui que ce soit depuis que tout cela était arrivé. Personne ne s'était vraiment inquiété pour lui, de toute manière. Tyrell était trop étrange, trop renfermé, trop timide. Hormis son ami, il lui avait été difficile de sympathiser avec qui que ce soit. Mais il n'était plus là et Tyrell... Tyrell ne pouvait pas se laisser déperir, s'enfermer dans son mutisme, loin de tout et tout le monde.

Il prit une profonde inspiration, crispant un peu plus ses doigts, priant intérieurement pour que sa voix ne le trahisse pas avant de marmonner d'un ton interrogatif :

"P... Parler ?"

Sa voix était légèrement rauque. Il ne l'avait pas assez utilisée, ces derniers temps. D'un geste distrait, il massa sa gorge, évitant le regard de la jeune femme, cherchant les bons mots, ceux qui lui permettront d'établir le contact et de ne pas la faire fuir. Elle s'ennuyait et voulait parler. De quoi les gens ordinaires discutaient-ils quand la lassitude les guettait ? Tyrell était tenté d'aborder ses sujets préférés, ses livres, ses films, ses séries, mais il n'était pas certain que la jeune femme apprécierait. Les gens tendaient à le faire taire quand il commençait à s'aventurer sur le terrain de ses passions un peu trop longuement...

Il tenta un sourire maladroit à l'adresse de la jeune femme et souffla finalement d'une voix hésitante :

"Je m'appelle Tyrell. Et toi ?"

Une nouvelle fois, il se mordit la lèvre. Après quelques secondes de silence, il reprit la parole :

"Tu... Tu veux vraiment me parler ? A moi ? Je... Je ne suis pas le meilleur des interlocuteurs. Et tu... euh..."

Tyrell se gratta la nuque, mal à l'aise. Les mots lui échappaient déjà. Inspirer, expirer... Calme, il devait rester calme. Personne n'était là pour rattraper le coup pour lui. Pour parler quand il se retrouvait plongé dans le silence. Il devait se débrouiller. Tout seul.

"Hem... Tu... Tu t'ennuies, alors ?"

Il bredouillait, bafouillait, hésitait. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas parlé à coeur ouvert avec quelqu'un, en particulier une personne qui n'était pas lui, son ami. Tyrell marchait sur des oeufs, tentant peu à peu de retrouver des automatismes, une aisance en terme de sociabilité... Mais cette aisance, il ne l'avait jamais possédée. Et la jeune femme s'en rendait probablement compte. Elle allait sûrement chercher quelqu'un d'autre à qui parler. Tyrell était persuadé qu'il ne parviendrait qu'à l'ennuyer, un sentiment auquel elle voulait précisément échapper.
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Re: HEY YOU ! Please talk to me.

Mer 9 Mar 2016 - 3:35

Enfin, il se retourne. Pendant un instant j'ai crû devoir me mettre à courir et bondir sur lui pour qu'il daigne porter son attention sur moi. D'ordinaire, c'est plutôt moi qui doit jouer au bolide, snobant les gens en relevant le bout de mon nez, pour mieux les regarder de haut. Oui, je faisais souvent ça, autrefois. Quand nous sortions en soirée avec Megan, par exemple. Il y avait toujours un bellâtre ou l'autre pour venir jouer les prétendant, espérant éveiller mon intérêt. En général, je les envoyais chier. En me foutant royalement d'eux et de leur virilité à deux balles.

Mais nous sommes bien loin de ces soirées chics, et Megan elle aussi est bien loin maintenant. Je me dirai bien que je n'aurai plus à subir ces supplices, mais ce serait trahir le souvenir de ma meilleure amie, alors.. j'vais simplement arrêter de penser à rien, et me concentrer sur l'instant présent. Cet homme s'est retourné. Il n'a vraiment pas l'air sûr de lui. A voir sa tête, j'ai l'impression qu'il vient de voir un fantôme.. OU PIRE !!

Instinctivement, je tourne la tête, l'espace d'un balayage du regard, pour m'assurer qu'aucun Eddies ne soit prêt à me sauter dessus. Je soupire de soulagement quand je ne vois que le vide qui nous entoure. Bon sang.. La trouille. Pourquoi me fout il la trouille comme ça ?! Non mais ça va pas ?! Je fronce les sourcils en reportant le regard sur lui.. Et finalement je me calme.

Je hoche doucement la tête, essayant de retrouver le sourire amical que j'avais juste avant. Enfin peut être plus... réel. Parce que j'ai l'art de faire des sourires qui sonnent faux. Peut être est ce le stress, ou les vestiges de ces blessures en moi, celles qui ne se refermeront jamais vraiment. Celles qui m'ont poussée à rester une espèce de fantôme ne voulant plus sortir de ses quatre murs. Les relations humaines, j'ai souvent un peu de mal avec. A trop en faire ou vraiment pas assez, à être cette chieuse.. Adorable certes, mais CHIEUSE.

Je me sens un peu rassurée quand je sens le manque de confiance en lui. Je me dis qu'au moins, il ne s'agit pas d'un de ces connards qui hantaient les soirées. Au moins je n'aurai pas à admirer le reflet de ma poitrine dans son regard, et ses mots ne vont certainement pas évoquer " moi vouloir taper fesses de toi " à chaque intonations. Oui, je sais, c'est moi qui l'aborde, donc si c'était le cas, ce serait de ma faute.. Eh bien on va dire que non. J'ai raison. Point.

Tyrell, donc. Un nom un peu étrange, mais qui sonne bien. Il se met même à sourire, c'est génial ! Wouhou ! On entame une discussion ! Voilà qui va faire passer le temps. Par politesse, je me met à mimer une révérence comme si je parlais à sa majesté Tyrell-j'sais-pas-combien et me présente à mon tour, laissant ma voix s'accorder au sourire qui étend toujours mes lèvres.


" Je m'appelle Lysbeth ! Enchantée !

Officiellement, nous ne sommes plus inconnus. Voilà, une connaissance de plus dans ce lycée. C'est important d'en avoir, à l'heure actuelle.. D'autant plus de noms à hurler pour demander de l'aide si un jour, ces foutus Eddies se mettent à nous assiéger. Brrr..
Je le regarde, clignant des yeux deux fois durant les secondes de silence qui suivent. Ouais, mon plan était génial. Le suivre, l'aborder, et parler. Mais parler de quoi ? Du nouveau monde ? De notre survie ? Des tâches à accomplir ? Du plus beau couple ici dans c'camp ? Oh tiens, allons donc faire un bal de fin du monde ! J'imagine tellement bien Jaden et sa coiffure improbable au bras de Maxine, l'incontestable reine du bal - Je ne suis évidemment pas inscrite, sinon j'aurai gagné ! -. Ou pourquoi pas Wade et Sally ? Papa et la cougar, waouh.. Mais je les imagine mal rester uniquement à deux pour fêter ça. L'idée qu'ils puissent m'imaginer en friandise me fait frémir de.. brrr. D'ailleurs.. Il faut que je rappelle à Wade que je suis inaccessible. Je le snoberai en passant devant lui, un de ces quatre.

Finalement, il essaye de se dérober. Ah ça non, mon petit. J't'ai mis le grappin dessus et crois moi, on VA parler.

... Oui, te parler, à toi... Hihi. J'ai bien pensé à une partie de belote mais.. déjà j'ai pas de cartes, et j'connais pas les règles. Ca se joue à deux la belote ?

Je fronce doucement les sourcils, posant bien hélas, une question très sérieuse.

Sinon y avait quelques balles qui traînaient dans le gymnase. Si l'une d'entre elle n'est pas crevée, on peut envisager un match de basket... Mais .. euh.. j'connais pas les règles non plus. Bref euh.. Oui. Je m'ennuie vraiment. Ca m'ennuie de m'ennuyer.

Je hausse les épaules, transformant mon sourire en moue désabusée. Je sais parfaitement jouer la pauvre petite demoiselle qui a besoin d'attention, et là, je mérite amplement deux oscars. La meilleure actrice ET le scénario le plus improbable. J'me rend bien compte, dans ses mots, sa voix, ses yeux et certaines de ses mimiques, que le pauvre n'est pas vraiment à l'aise. Ma présence ainsi que mes paroles doivent être une forme de torture, contre laquelle il semble encore résister. Je fais deux pas pour m'approcher de lui, clignant encore des yeux. Je ne sais pas vraiment comment réagir, là, alors j'vais simplement rester moi même. Si ça le fait fuir, et bah je continuerai ma chanson. J'en étais à... euh.. AH ! More than a feeliiiiiing.. Wouh !

Enfin euh.. T'façons j'vais t'avouer j'suis pas très sport, moi.. Et puis, si tu ne veux pas me parler, c'est pas grave, je.. vais partir.

Je montre du doigt le réfectoire, duquel je viens. Mon visage exprime la tristesse qui va m'envahir s'il m'affirme qu'il préfère que je m'en aille. C'est rare, d'habitude je suis extrêmement vexée si on me dit ça, mais là, l'idée que ça puisse arriver ne m'éveille pas ce sentiment. Peut être suis je en train de comprendre, pour une fois dans ma vie, qu'il est possible que je sois de trop.

Si pas.. On trouvera bien quelque chose à se dire, non ? Tu viens d'où, toi ? "

J'enchaîne donc sur quelque chose de simple. Loin de mes délires, de ma folie, de mon exubérance habituelle. Être une personne normale, pour une fois. Et laisser une impression normale. On verra bien.
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Re: HEY YOU ! Please talk to me.

Mer 9 Mar 2016 - 22:37

Lysbeth. Elle s'appelait donc Lysbeth. Luttant contre sa mémoire vacillante, Tyrell articula silencieusement le prénom de la jeune fille, plusieurs fois, espérant le retenir plus facilement de cette façon. Lysbeth. Lysbeth. Lysbeth. D'accord. Il tenterait de ne pas l'oublier. Il risquerait de la vexer et ce n'était vraiment pas son intention, bien au contraire.

Il ignorait comment l'aborder et il ne pouvait s'empêcher d'être intimidée par elle, qu'il ne connaissait pas encore tout à fait, mais elle ne faisait pas preuve de méchanceté et ne semblait rien vouloir de plus que de discuter un peu. Cela lui convenait. Peut-être que cela ne durerait pas, qu'elle finirait par se lasser de lui, mais il pouvait au moins espérer qu'elle ne lui voulait pas de mal. Il tenta un autre sourire, soufflant à son tour qu'il était également enchanté. Terrifié, aussi, mais ça, il préférait le garder pour lui.

Visiblement, elle avait l'air décidée de vouloir lui parler. A lui et personne d'autre. Tyrell ne put s'empêcher de hausser un sourcil lorsqu'elle lui demanda si la belote pouvait se jouer à deux personnes. Il haussa les épaules en réponse avant de déclarer d'une voix pensive, fouillant dans ses souvenirs :

"En théorie, c'est bien possible. C'est une variante de la belote, également appelée "Belote découverte", parmi d'autres désignations. La différence se tient surtout dans le nombre de cartes distribuées. Pour ce qui est de la pratique, je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de jouer aux cartes avec qui que ce soit. Alors, je ne peux pas prétendre avec une pleine assurance que je serais en mesure d'être un joueur correct."

Tyrell se força à stopper son petit discours, se mordant la lèvre. S'il continuait ainsi, il allait se perdre dans des explications inutiles sur les variantes de belote et autres jeux de cartes, qu'il avait retenu malgré lui en errant sur Internet. Ca, ça risquait définitivement de la faire fuir. Bien que leur conversation le rendait nerveux, Tyrell ne souhaitait pas qu'elle s'achève ainsi. Il n'avait personne sur qui se reposer, personne vers qui se tourner et seul, tout seul, il allait finir par s'égarer. Se perdre dans son monde. Au sein de son propre crâne. Et il ne pouvait pas faire cela.

Une grimace déforma brièvement son visage quand Lysbeth suggéra un éventuel match de basket-ball. Non pas qu'il ne connaissait pas les règles, c'était le genre de choses qu'il retenait avec une facilité déconcertante, mais il était à peu près certain qu'il ne réussirait qu'à se faire du mal ou à blesser la jeune femme, s'il se lançait dans pareille activité.

Entre sa maladresse et ses tendances à la distraction, Tyrell n'était vraiment pas taillé pour le sport. Il détestait ça. Bien sûr, pour des raisons de survie, il s'était efforcé de maintenir son corps en forme et d'améliorer son endurance, mais cela ne l'empêchait pas d'haïr profondément toute activité physique. Tyrell était un intellectuel, fait pour lire et regarder des documents audiovisuels. Certainement pas un athlète.

Pourtant, malgré son aversion, Tyrell était sur le point de céder. D'agréer à sa proposition. Lysbeth semblait s'ennuyer terriblement et le professeur ne pouvait pas se résoudre à faire preuve d'égoïsme et à l'empêcher de se distraire. Dans la situation qui était la leur, tout prétexte était bon pour se vider les pensées. Un match de basket pourrait peut-être faire disparaître cette expression désabusée qui marquait ses traits... Et la faire sourire à nouveau. Tyrell aimait ce visage qu'elle lui avait présenté lors de leur introduction. Il était porteur d'espoir.

Deux pas. Elle s'approcha. Instinctivement, Tyrell recula, le coeur battant. La proximité l'angoissait. Il avait besoin d'une certaine distance, un périmètre de sécurité, une bulle d'intimité. Il ne pouvait s'empêcher de se sentir agressé lorsque cette barrière était franchie. Remuant nerveusement les doigts, il chercha à évacuer son anxiété, s'excusant d'une petite voix. Ce n'était pas contre elle. C'était juste... compliqué.

Il était en train de la faire fuir. Il la mettait mal à l'aise. Tyrell s'en serait donné des claques, s'il n'était pas douloureusement conscient que cela le ferait passer pour plus bizarre qu'il ne l'était déjà. Etait-il donc tout bonnement incapable d'entretenir une discussion plus de cinq petites minutes ? Pourquoi les faisait-il tous fuir ? Pourquoi son ami n'était-il plus là pour le guider ?

Heureusement, elle lui offrit une dernière chance, lui posant une autre question pour le connaître un peu mieux. Tyrell entrouvrit les lèvres, mais pas un mot ne s'extirpa de ses cordes vocales. Sa gorge semblait bloquée, comme si une barrière s'était abaissée pour retenir les phrases qui voulaient sortir. Craignant qu'elle ne prenne son silence pour une forme de mépris ou la manifestation d'un possible agacement, Tyrell prit de profondes inspirations, parvenant tant bien que mal à articuler :

"Je... euh... Je viens de Medina. A côté de Seattle. Et je ne veux pas que tu partes. Vraiment pas. C'est... C'est juste que..."

Son angoisse prit le dessus et ses mains s'agitèrent furieusement, signant le moindre mot qu'il prononçait. Pratiquer la langue des signes, même sans nécessité particulière, était pour lui un moyen de relâcher la pression. Il pouvait évacuer son angoisse en bougeant, réfléchissant à toute vitesse aux gestes qu'il était supposé faire pour transcrire son langage oral, éloignant peu à peu les pensées sources de son malaise. Elle allait sûrement le trouver étrange... Si ce n'était pas déjà le cas jusqu'alors.

"Je ne sais pas parler aux gens. Mon ami est mort et c'est lui qui faisait la discussion aux autres à ma place, qui m'aidait à trouver les mots et à ne pas vexer ou troubler qui que ce soit. Mais je... j'essaie. Je veux discuter. Et j'ai bien envie de te connaître, Lysbeth. tu as l'air gentille."

Un nouveau sourire maladroit s'étira sur ses lèvres. Cette activité lui procurant un semblant de calme, il continua à pratiquer la langue des signes, tout en demandant à la jeune femme :

"Et toi, d'où viens-tu ? Tu as des amis, ici ?"

Peut-être. Peut-être pas. Elle semblait plus à l'aise pour sociabiliser qu'il ne le serait jamais. Mais avec ce qui s'était passé, récemment... Elle avait pu avoir ses propres morts à enterrer. A cette pensée, il s'inquiéta : il n'aurait peut-être pas dû poser cette question. Il ne voulait pas réveiller de mauvais souvenirs... Mais il était déjà trop tard.
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Re: HEY YOU ! Please talk to me.

Ven 11 Mar 2016 - 2:01

Mon dieu, il l'a fait. Ce mec est génial. Il commence à m'expliquer les règles de ce qu'il appelle la belote à deux, comme s'il était une version vivante et vocale de wikipédia ! A l'entendre, j'ai l'impression qu'il s'agit là d'un jeu du pays de Galles. Je souris de plus en plus, hochant de la tête, les yeux encore plus grands ouverts et la bouche qui en reste complètement bée. Pourtant il s'arrête, me laissant avec cette expression un peu étrange et débile sur la tronche pendant une seconde. Durant laquelle je cligne des yeux.

" Mais.. Mais comment tu sais ça si tu n'y as jamais joué ?

Je cligne encore des yeux deux fois, secouant la tête.

Et puis, euh.. c'était pour déconner ! J'ai pas envie de jouer aux cartes, ni au basket ! haha.. !

Je termine cette phrase sans pouvoir retenir mon rire amusé. Oh j'espère qu'il ne se vexera pas, qu'il n'ira pas croire que je me moque de lui. Je suis comme ça, à lancer des boutade ou à tenter le trait d'humour dès que possible. Paraît que ça fait partie de ces choses qui peuvent me rendre tout à fait adorable, comme extrêmement chiante. Et je le prend mal, en général.. Surtout que c'est absolument faux ! FAUX !

Je n'imaginais pas qu'il pouvait me prendre au sérieux. D'ailleurs je ne sais rien de ce stress qui l'empoigne à l'idée de prendre un ballon entre les mains, ni même qu'il est prêt à céder à mes exigences, bien malgré son aversion pour toute forme de pratique sportive. Je n'en sais rien et c'est dommage, j'aurai trouvé ça tellement mignon. Je m'arrête net quand je le vois reculer à mon approche. Alors ça, c'est vraiment une première. J'approche d'un homme et il recule ? Waouh. Je ne savais même pas que ça pouvait exister. Une petite moue désolée et gênée se forme sur mes lèvres. Je détourne même le regard un court instant.. Puis je hausse les épaules. Je respecte son choix, son intimité. Enfin.. si je peux vraiment dire ça après m'être ruée sur lui, exigeant une conversation !

Enfin bref. La conversation continue, d'ailleurs. Aussi vrai que je ne veux pas lui imposer ma présence, je ne veux pas non m'imposer le silence. Alors je suis vraiment ravie quand il m'affirme ne pas vouloir que je parte. Il vient même de me dire d'où il vient, génial ! Pourtant, je ne le sens toujours pas confiant. Ses mains.. Il se met à les bouger, en un balais ordonné et méthodique que je reconnais, sans forcément le comprendre. Ca me fait cligner des yeux.. encore oui. C'est plutôt étrange. Mais vachement intéressant !

Ses paroles sont nettement plus fluides maintenant qu'il les exprime aussi par les gestes. Je l'écoute donc simplement, le laissant finir sans l'interrompre. Et pourtant c'est ma spécialité ça ! Je ne sais pas quel est son problème. Pourquoi est il aussi stressé ? Est il timide, ou simplement gauche avec les filles ? Son mal est il bien plus profond ? Je ne le juge pas, et je ne le prends pas en pitié. Nous avons tous un fardeau à porter, certains sont juste plus lourds que d'autres. Non, en vérité, j'essaye juste de le comprendre. Je ne lui poserai pas la question. Je suis franche et parfois inadaptée mais.. je ne suis pas une imbécile. Pour qui me prendrait il, si j'abordais ce sujet comme ça, comme une gamine curieuse et agacée ?

Il vient de me faire un compliment. Ai je vraiment entendu ça, ou est ce que je l'ai rêvé ? Il veut faire l'effort de discuter avec moi car j'ai l'air gentille ? Je ne sais pas pourquoi, mais venant de lui, ça me touche. Ce n'est qu'un inconnu, que je n'ai peut être que croisé, et il le serait resté à jamais si je n'avais pas eu la folle idée de courir derrière lui. Peut être est ce parce qu'il le pense vraiment quand il le dit, que ses mots n'ont que ce sens là, sans aucune idée derrière la tête ? Peut être parce qu'il doit faire un réel effort pour me dire ça ? Je n'en sais rien, mais c'est ce que je ressens quand il me le dit.
Ainsi donc je me retrouve avec une teinte rosées sur les joues..


Merci.. C'est.. gentil de me dire ça.. ... mihihi !

Oui, j'ai réellement fait ce petit son. Un petit bruit digne d'un animal de compagnie de très petite taille, du genre à s'attirer douze moooooh et sept tromimi de la part d'une ado. Je m'en racle la gorge... J'ai honte. Heureusement, sa question qui plombe un peu l'ambiance est une véritable porte de sortie vers laquelle je me rue, avant que l'on ne me demande des explications !

... Oh euh.. oui ! Il y a Thalia, tu sais, la jeune maman. Je l'aime bien. Puis Maxine aussi, elle m'a un peu.. sauvé la vie. Tellement d'autres aussi, les gens sont sympathiques ici. Enfin, pour la plupart.

Je prends une profonde inspiration, me mordant les lèvres. Pour ce qui suit, ma voix n'est plus enjouée. Elle est grave, sévère, et triste. Plus basse. Je fuis absolument et par tout les moyens son regard pendant que prononce ces mots.

... Il y avait Megan aussi. Elle était ... ma meilleure amie, bien avant tout ça. Elle était présente quand j'étais au fond du gouffre et c'est sans doutes la seule à être restée, d'ailleurs. Elle.. elle savait que c'était une mauvaise idée de rester dans ce gymnase, ce jour là... Je ne l'ai pas écoutée. Elle est morte maintenant. Morte au début de l'assaut..

Je lève les yeux au ciel, m'interdisant de toutes mes forces de laisser naître une larme dans mes yeux. Ils sont rouges, humides, mais je ne pleure pas. Je me contrôle. Peut être n'est ce même pas perceptible. Et je compte bien faire oublier ce passage en répondant à la première question..

Je suis de Los Angeles. J'y ai vécu longtemps, mais je suis venue à Seattle il y a... cinq ou six ans peut être.

Je force un sourire à la fin de ma phrase.

C'est comment, Medina ? Je vais t'avouer, je n'ai pas énormément voyagé depuis que j'suis arrivée ici. Je suis même carrément restée dans la ville..  Et.. enfin... je ne pense pas .. la quitter maintenant.. Hum ! "
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Re: HEY YOU ! Please talk to me.

Lun 14 Mar 2016 - 23:46

Tyrell avait haussé les épaules à la première question de Lysbeth, ignorant exactement où il avait pu tirer une information pareille. Son cerveau engrangeait toutes sortes d'informations, pour la plupart anodines et parfaitement inutilisables en temps normal. En revanche, dès lors qu'il s'agissait de se souvenir des prénoms d'autrui ou de quoi que ce soit dans le genre, sa merveilleuse mémoire était aux abonnées absentes. Sa propre cervelle n'avait décidément pas le sens des priorités...

"Sur... Sur Internet, je crois. Probablement."

Autrefois, il aimait passer des heures à explorer la toile, engrangeant toutes les anecdotes et autres données qu'Internet plaçait à sa portée. Il aimait apprendre, comprendre, décortiquer et le web lui permettait de faire cela sans avoir à mettre le nez dehors, ce qui plaisait grandement à son asociabilité et à son côté casanier. Bien sûr, cela ne lui était plus permis, depuis que sa vie avait basculé et qu'il s'était retrouvé à survivre plutôt qu'à vivre...

Tyrell étira un sourire incertain sur ses lèvres quand Lysbeth lui avoua qu'elle n'avait pas vraiment l'intention de jouer aux cartes ou au basket-ball, que tout ceci n'était que de l'humour. Quelque part, cela le rassurait. Il ne se voyait vraiment pas se lancer dans un quelconque sport, en particulier une activité qui requérait de sa part une certaine dextérité qu'il était loin de posséder. Mais, d'un autre côté, cela signifiait aussi qu'il avait pris au premier degré les paroles de la jeune femme et qu'il ne pouvait pas se permettre ce genre d'attitudes sur une longue durée. Il ne voulait pas énerver Lysbeth et il savait que son comportement pouvait être source d'agacement.

La jeune femme faisait preuve de gentillesse, Tyrell ne l'avait pas dit à la légère. Elle ne le jugeait pas, en dépit de ses bizarreries. Elle n'avait pas cherché à le recadrer lorsqu'il avait commencé à remuer ses mains, parlant ce langage des signes dont la choréographie parvenait à apaiser son esprit profondément nerveux. Elle ne se moquait pas de ses maladresses. Et elle avait même accepté son compliment ! Petit à petit, Tyrell se sentait plus à l'aise aux côtés de Lysbeth. Il n'avait pas l'impression que la jeune femme puisse lui faire ou lui vouloir du mal. Et il pouvait discuter avec elle.

Depuis la mort de son ami, il n'avait pas adressé la parole à qui que ce soit, plongé dans ses souvenirs, enfermé dans son propre monde. Lysbeth le tirait de ses pensées les plus sombres. Peut-être pourrait-il trouver une alliée en la jeune femme ? Une précieuse alliée...

Tyrell n'avait pas été déconcerté par la sonorité inhabituelle de Lysbeth face à son compliment. Probablement parce qu'il était habitué à émettre d'étranges vocalises ou des gestes pour exprimer au mieux ses pensées et sentiments bien souvent embrouillés. Peut-être aussi parce qu'elle ne l'avait pas jugé lorsqu'il avait commencé à utiliser la langue des signes et qu'il voulait lui rendre la politesse. Toujours était-il qu'il avait abordé un sujet pour le moins sensible...

Il connaissait Maxine, dont Lysbeth venait de lui parler. Elle et lui avaient partagé quelques moments ensemble, afin de s'occuper des membres les plus jeunes de leur communauté. Difficile de trouver sa place et de savoir lui accorder la sienne, Tyrell étant plus habitué à travailler seul qu'à partager son temps avec quelqu'un d'autre. Mais elle n'était pas méchante. C'était juste compliqué pour lui de collaborer avec qui que ce soit...

Tyrell se mordit la lèvre quand Lysbeth lui avoua que son amie était morte dans l'assaut. Il ne comprenait que trop bien ce qu'elle ressentait. Lui aussi avait perdu quelqu'un de cher. Très cher. Se tordant douloureusement les doigts, il marmonna en réponse :

"Je... Je n'ai que des souvenirs très confus de cet événement. Mon... Mon ami est mort aussi durant l'assaut. Je crois qu'il m'a caché quelque part et qu'il a essayé de calmer le jeu. Je... J'aurais aimé pouvoir l'aider. Etre à ses côtés. Mais je... j'étais terrifié."

Il se rappelait que son ami l'avait traîné jusqu'à une cachette. Qu'il l'y avait recroquevillé et lui avait dit de ne pas en sortir. De rester silencieux. Il était parti et Tyrell... Tyrell avait laissé sa crainte l'emporter. Combien de temps s'était écoulé entre cet instant et le moment où l'assaut s'était achevé ? Il avait perdu le compte des secondes, des minutes, des heures... Tout était si... flou.

"Il a eu plus de courage que moi et il est mort. Peut-être que je le serais aussi, si je n'étais pas aussi effrayé. Pourtant, je suis content d'être en vie. Je crois sincèrement que l'avenir ne peut être que meilleur que ce que le passé a pu nous réserver."

Un grand sourire s'étira sur ses lèvres. Tyrell était un incorrigible optimiste. C'était aussi ce qui lui avait permis de vite sécher ses larmes, ne laissant place qu'à une lourde torpeur. Parce qu'il croyait en un futur brillant. En un moment où tout le monde pourrait être heureux. Il y croyait réellement, qu'importe ce qu'on pouvait lui dire, qu'importe ce qui pouvait arriver.

Changeant de sujet grâce à sa question, Lysbeth révéla qu'elle était de Los Angeles. Tyrell ne pouvait qu'imaginer cette ville. Jusqu'à l'Apocalypse, il n'avait jamais mis les pieds hors de Medina. Il haussa les épaules à sa question, répondant par l'oral tout autant que par la langue des signes :

"Je ne sortais pas beaucoup de chez moi. Uniquement pour donner mes cours et faire mes emplettes. Je suppose que Medina était une ville agréable, mais je n'ai pas passé assez de temps dans les rues pour l'affirmer. J'étais toujours chez moi. Dans mon appartement, avec mes livres et mes films. J'étais bien, là-bas. Si j'avais pu le faire, j'y serais resté toute ma vie. Mais les provisions ont manqué. J'ai rencontré mon ami et on a marché pour tenter de trouver une place ailleurs. Je... Je n'ai pas beaucoup aimé l'idée de quitter mon appartement..."

Tyrell se mordit les lèvres, mal à l'aise. Sa précieuse routine avait été brisée à cet instant précis et dieu seul savait à quel point il en avait besoin pour conserver un équilibre. Aujourd'hui encore, quelque chose avait dérangé ce "confort" qu'il avait réussi à installer et Tyrell commençait tout juste à ramasser les morceaux. Il n'était pas encore certain d'être tout à fait stable...

"Je ne pense pas partir non plus. Je ne peux pas partir et tout recommencer ailleurs en un clin d'oeil. C'est impossible. Je connais ces lieux, j'ai pris l'habitude d'être ici. C'est chez moi. Et je ne peux pas quitter mon "chez-moi". Je ne peux pas."

Tyrell n'était pas certain d'être en mesure de faire comprendre à quel point il lui était difficile de briser la moindre routine, de rompre ce qu'il avait bâti avec tant de soin. Si cela venait à arriver... S'il devait tout quitter, encore une fois... Tyrell n'était pas sûr de parvenir à se reconstruire. Pas sans la moindre petite base sur laquelle s'appuyer. Pas sans espoir.

"Tu sais, je ne suis pas doué pour consoler les gens. Mais je vois que tu es triste et je sais que c'est mal de garder ses émotions à l'intérieur, en permanence. Tu peux pleurer. Ou te reposer sur moi. Je peux même te donner un câlin, si tu en as besoin, mais il faut que tu m'avertisses avant, je risque de reculer à nouveau si ce n'est pas le cas. Je... euh..."

Tyrell se dandina sur place, confus et mal à l'aise :

"Je pense juste que... qu'il faut que ça sorte, tu vois ? Et... Et c'est mieux si quelqu'un est là pour recueillir les larmes, les paroles et les regrets. Je suis à l'écoute et je suis là. D'accord ?"

Il tenta un autre sourire, avant de baisser les yeux et de remuer furieusement les doigts. Il n'était vraiment pas à l'aise dans ce type d'exercices. Mais il voulait que Lysbeth puisse sourire à nouveau, pour de vrai, et il était certain que cela nécessitait que toutes les larmes aient coulé auparavant...
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Re: HEY YOU ! Please talk to me.

Dim 20 Mar 2016 - 20:39

Internet regorge vraiment d'informations vachement utiles pour le monde. Un jour, sur Facebook, j'ai vu cette vidéo qui expliquait comment éplucher un oignon sans pleurer. Eh ben, j'ai pleuré. Ca n'a pas changé ma vie. J'ai juste essayé de trouver une ... oh hey ! Mes oignons ne sont pas VOS oignons. Bref, tout ça pour dire que je ne suis pas surprise qu'il me sorte ça.

Mais le sujet de discussion est maintenant beaucoup plus grave. De toutes façons il est inévitable. Trop récent encore. Trop marquant. C'est un sujet qui hante chaque recoins de cette école maintenant. Et quand bien même le silence le respecte, il nous rappelle à sa réalité par les marques défigurant les murs. Ou simplement par l'absence évidente de ceux qui étaient autrefois près de nous. Bien plus qu'une dîme a été payée en impôt à la faucheuse, pour que nous puissions aujourd'hui avoir le luxe de nous prétendre libres. Oh liberté chérie, et tout ça. Nous avions raison. On se le dit, dans toutes les tombes. On entend l'écho des chants, portés au gré du vent.


" Je suis désolée pour ton ami, Tyrell.. C'est horrible, nous avons tous perdu quelqu'un. C'est.. c'est ignoble ce qu'ils ont fait. Nous tirer dessus, alors que nous n'étions pas armés.. Je sais que c'est aussi de notre faute, nous avons engagé les hostilités mais.. Des enfants.. Putain, ils ont même tirés sur des enfants, ces en.. Hum.

Je serre les poings, plissant les yeux. Cette rage qui m'animait, me poussant au delà de mes limites, refait surface, l'espace d'un instant..

... Megan essayait aussi de me mettre dans un coin pour me protéger.. Elle a toujours fait ça.. Mais les tirs l'ont fauchée. Je suis tombée avec elle, j'étais totalement sonnée, pétrifiée même..J'étais étalée sur le sol et.. j'attendais de mourir, je crois. Je n'arrivais plus à réagir, tu comprends ? Heureusement, comme je t'ai dis, c'est Maxine qui est venue me relever. Après ça, un connard m'a planté son couteau... Celui là regarde.

Je lui montre alors la lame qui est disposée à la gauche de ma hanche. Je ne la dégaine pas, je n'ai pas envie d'effrayer le pauvre Tyrell encore plus qu'il ne semble l'être !

.. Dans la cuisse ! J'étais complètement ouverte et ça pissait tellement le sang !! C'est la mère de Jaden qui est venue m'aider, puis je.. je... J'ai récupéré ce flingue, à terre.. J'me suis relevée et j'ai tiré.. Enfin quand j'ai pigé comment ça marchait. J'en ai tué deux.. Puis deux autres, avec un de leur fusils là, des nems quatre ? J'en sais rien... C'est.. bizarre à avouer, comme ça... Hey SALUT, tu sais quoi, j'ai buté quatre militaires, haha ! Trop bien.

Je me met à mimer une bimbo écervelée et ses mimiques quand elle explique la couleur de la merde de son chihuahua. Si, elles font ça. Et moi, j'les fuis, ces pouffiasses !!

... J'étais.. tellement en rage que.. finalement, je n'avais même plus peur. J'voulais juste me battre, pour m'en sortir. J'aurai pu mourir moi aussi mais.. Pff, je sais pas.. Bref.. t'en fais pas pour ça. T'es vivant, c'est le principal.. On va pas faire le décompte pour savoir qui a fait quoi.. On était des civils attaqués par des militaires armés.. Le genre de trucs qui te traumatise à vie..

J'arrive encore à maîtriser mes émotions. Non, vraiment, autant j'peux être totalement exubérante et démonstrative, autant pour ça, j'ai vraiment d'la force en moi. La mort de mes parents m'a peut être anéantie, mais paradoxalement, elle m'a rendue plus forte.
Quand il me parle de sa vie à Medina, je me rends compte que nous avons beaucoup... mais beaucoup de choses en commun. J'ai l'impression de me retrouver dans ses paroles. Ce qu'il dit, j'aurai pu le dire, en parlant de ces cinq années passées à ne plus sortir de mon trou.


Waouh.. Il fût un temps où.. j'étais comme ça, aussi. Après la mort de mes parents, en fait. C'est là que j'ai déménagé vers Seattle.. Oh je ne sais même plus si je t'en ai parlé, déjà ! J'avais besoin de calme. Ici, c'était.. plus calme. Plus joli. Plus apaisant.. Los Angeles, c'est très bien mais.. j'm'y sentais plus du tout en sécurité, même si j'habitais dans les quartiers d'bourges.. Haha. Le genre coins où t'as tes propres flics à disposition. C'était pas loin de la réalité.. Euh.. je disais quoi.. AH OUI ! Pendant longtemps, j'suis restée chez moi, je ne sortais presque jamais. J'avais peur. Pas de me faire attaquer ou.. quoi que ce soit.. Juste peur de voir le monde continuer à tourner, alors que moi, j'étais restée tellement en arrière. J'voulais pas voir les jours passer, et voir.. voir le temps s'écouler... et me séparer encore plus de mes parents.. Comme si j'pouvais encore les toucher, les voir, les entendre, si j'restais bloquée dans le temps. J'passais mes journées devant des films, à lire des livres, à jouer du piano, puis j'me suis remise à écrire. En fait, j'm'en suis sortie quand ce gros con d'Irvine m'a laissée tomber. La seule qui n'est pas partie, et qui m'a même suivie, c'était Megan. C'était vraiment... mon amie.

Tout revient toujours à elle. Megan. Elle me manque horriblement. J'aimerai revenir en arrière et forcer les dés du destin, comme Qui Gon Jin qui sauve le jeune Anakin d'une vie d'esclavage d'un simple revers de la main. Et de ce fait condamne la force à la nuit, et la galaxie à trente années de dictature impériale. Mais sans le savoir. Oh wait... Megan aurait été une grande méchante char-asmathique si je l'avais sauvée de ce dé ? ... Pourquoi je parle de dé ? ... Bref j'ai mal.

... J'pense pas qu'on parte de si tôt. C'est plutôt sécurisé ici. Faut juste faire gaffe à pas trop ameuter les Eddies..

Je comprends bien à quel point il est important pour lui d'avoir une routine à laquelle se raccrocher. Le pauvre.. Vu la tronche du monde actuel, ça ne va pas être simple pour lui.
Je lui accorde une moue encourageante et compatissante. Et le voilà qui me dit que j'peux pleurer. Là, j'le regarde fixement, avec des yeux ronds et la bouche bée. Ca aussi, ça m'donne l'air bête. Mais c'est dans un élan de sympathie qu'il le fait, et c'est adorable. Du coup, je souris rapidement.


.. Oh t'en fais pas.. J'ai assez pleuré de tout ça et... je gère. Mais merci.. C'est gentil de vouloir me consoler. Surtout que toi aussi tu portes ton fardeau. Euh.. Je t'avertis que.. J'veux bien un câlin, si tu veux, mais t'enfuis pas !

J'ouvre grand les bras, et je l'attends. Je ne m'en rends pas vraiment compte, mais il y a des chances que.. ça soit très difficile pour lui, là ! Pauvre Tyrell. Tombé dans le piège de Lysbeth, cette insupportable exubérante qui arrive dans votre vie comme une saleté d'oiseau qui vole dans tout vos objets, les brises, et va ensuite se cogner contre vos vitres. Je fous le bordel ! Oui !

Si t'as besoin de pleurer.. J'suis là. J'vais pas te laisser tout seul hein. "

Et je souris, encore. Au moins, c'est ça de gagné !
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