Haletante, le cœur dévalant un flanc de montagne, la rouquine demeura un instant au sol, sur les coudes, à contempler l’homme qui mourait dans un dernier soubresaut. Elle avait le tournis et se sentait vidée de ses forces. D’abord, elle échangea un regard silencieux avec Indiana qui se relevait pour aller aider Ela, puis fit un geste à Logan, qui s’était arrêté à sa hauteur, pour signaler qu’elle allait bien. Qu’il continue ce qu’il faisait, elle n’avait rien.

June se remit sur ses pieds et visualisa le tableau macabre. Une trentaine de corps, écroulés sur le sol ou sur la table. Parfois immortalisés dans des grimaces de souffrance, parfois répandant des flots de sang au milieu des victuailles, parfois frémissant encore ; faibles spasmes provoqués par l’agonie des nerfs. A nouveau, elle eut le vertige. Elle avait déjà franchi bien des limites ces dernières années, elle avait tué et commandé la mort plus qu’à son compte. Mais ça… c’était une première. Une horrible première.

Marchant au milieu de ses co-survivants qui s’activaient pour venir en aide aux blessés ou achever les morts pour commencer à les déplacer, la rouquine ne faisait même pas attention au sang qui ruisselait sur son visage. Elle avait pris un mauvais coup, son nez s’épanchait, mais qu’importe. Finalement, elle s’arrêta devant Zelda, assise au sol, recroquevillée aux côtés d’une dépouille, une main coincée entre ses jambes.

- Zelda, commença-t-elle en posant la main sur l’épaule de la gamine, Zelda, c’est bon, insista-t-elle devant la résistance de l’adolescente qui semblait ailleurs, ZELDA, regarde-moi ! June s’accroupit à sa hauteur et attendit de capter son regard dans le filet de ses yeux verts, ça va aller, c’est fini, elle laissa filer un blanc, face à cette enfant qui n’en était plus une désormais – elle avait franchi le point de non-retour, je suis fière de toi, l’avocate avisa Kassandra, aux côtés de sa sœur, qui souffrait également le martyr. Elle dit alors à sa protégée, lève-toi, emmène-là se faire soigner. S’ils ne sont pas encore en chemin dis à Jacqueline, Maeve et Ismaël de venir tout de suite.

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Les autres finissent par tomber. Le poison fait effet et forcément, ils s'écroulent comme des mouches dans des spasmes douloureux. C'est presque irréel et franchement étrange. Mon cerveau a du mal à percuter. Est-ce que c'est ce groupe, ou moi seulement ? Est-ce qu'en d'autres circonstances, on en serait venu au même point ? Maintenant qu'ils sont morts - tous, c'est comme si les choses avaient plus aucun sens. Je les vois humain, là où quelques jours avant, ils étaient les monstres qui m'avaient fait manger de l'homme. Je pince les lèvres. Et m'active.

Si on veut s'éviter une deuxième emmerde sur les bras, autant achever au plus vite les cadavres qu'il reste. Je m'en charge. La joyeuse équipe qui quelques minutes avant tentait de fuir Zelda se retrouve morte, définitivement, d'un coup de couteau dans le crâne. Par question qu'ils aient une seconde chance de nous faire encore plus de mal, et se venger de notre vengeance. Franchement ? ça serait sans fin sinon. Je me sens vide néanmoins, tellement que ma tête bourdonne de ce silence après la guerre. Quand je relève finalement les yeux, je vois sans voir ce chaos ambiant, et les blessés de notre côté.

Et ma soeur, qui tourne de l'oeil. C'est presque instinctivement que je me redresse et m'arrête quelques pas après. Non, merde. Je recule. Nathan s'est jeté sur elle pour l'aider, et je sens comme un pincement me prendre dans la poitrine, une sorte de mauvaise colère aussi. C'est son gars, sa place à lui visiblement. Mais il aurait jamais dû permettre que ça arrive, et ça me fout forcément en rogne. Alors je ravale ça, c'est que mon avis au bout du compte. Tant pis.

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