Mes yeux scrutent, mon corps se tend. Mes sens sont en alerte. J’ai l’impression d’être l’aigle à la recherche d’une proie dans les hautes herbes d’une plaine verdoyante, d’être le hibou nocturne repérant une sourie dans la nuit avant de la coincer entre ses serres.

Et alors, arrivent les premiers effets du poison. Certains gargouillent, émettent des bruits bizarres, avant de s’effondrer dans des convulsions de plus en plus importantes. Le chef de ces salopards, tombe, non sans hurler quelque chose qui met la puce à l’oreille de certaines de ses ouailles. Il est temps d’agir.

Entouré des deux Skagits, je décide de m’occuper de celui à ma droite, celui qui me gênera si je dois me mettre à dégainer. Le tuer m’assurera plus de place. Je fais donc mine de me lever pour voir ce qui se passe, lorsque mes deux compagnons d’un soir commencent à ressentir eux aussi certains effets. Débarrassé du banc qui entravait les mouvements de mes jambes, j’ouvre ma veste de combat d’un geste sec sur la fermeture éclair, avant de sortir mon couteau de son étui. Les crans de la lame sont tournés vers moi.

Machinalement, je place ma main gauche sur la bouche de ma première victime, crochetant mon auriculaire et mon annulaire dans l’angle de sa mâchoire, pour lever sa tête vers le haut et qu’il m’offre ainsi son cou. Je place le couteau le plus loin possible, les crans entrant dans sa peau, avant de tirer d’un coup sec. Je tire vers ma droite, et légèrement vers moi, de sorte de créer un angle entre ma lame et la peau de ma victime. La lame entre avec aisance, sectionne les nerfs, les vaisseaux et la trachée. Je libère alors l’homme, qui s’effondre, dans des gargouillements horribles et des borborygmes ineptes, sa respiration se faisant sifflante, alors que l’air entre directement dans sa trachée à moitié découpée.

Une menace en moins, voyons qui sera le prochain sur ma liste.

Résumé:

Le temps passait doucement, mais l’inévitable approchait à grands pas. Tous mangeaient et buvaient, certains tenaient leurs langues et d’autres ne soupçonnaient absolument rien. Il faudrait se tenir prêt toutefois, car dès que les premiers effets du poison se feraient sentir, certains mouraient moins rapidement que d’autres. Il faudrait donc se salir les mains pour en terminer avec ces gens.

Et ce fut exactement ce qui arriva. Rapidement, plusieurs tombaient comme des mouches. Leur chef s’emportait, mais le poison fut plus fort. L’Anglaise sortait son couteau et ses yeux scrutaient ceux qui avaient gagné un peu de temps et qui restaient encore debout. Faire le ménage pour éviter les dégâts, voilà leur tâche désormais. S’approchant d’un homme qui était en train de s’agripper la gorge à deux mains, la jolie brune pensait le surprendre et le tuer rapidement. Toutefois, on la vit venir et on la repoussa violemment, tant qu’elle alla se cogner contre la table. Même le choc fut douloureux, cela l’avait empêché probablement de tomber à la renverse. Commençait donc une danse macabre pour savoir qui tuerait qui.

La Britannique tâchait de se remémorer ses derniers entrainements avec Miss Winslet. Évitant un coup de couteau de justesse, Jones se découvrait un peu plus fluide dans les mouvements maintes fois pratiquer avec leur responsable de la sécurité. Un réel combat, avec l’adrénaline changeait définitivement la donne. Feintant quelques fois vers son ennemi, Layla testait ses défenses, l’épuisait doucement pour finalement le frapper au niveau des yeux. Une grande estafilade que l’homme ne put ignorer. Portant instinctivement ses mains à son visage, Layla en profitait pour faire un pas vers l’avant et enfoncer avec toute la force qu’elle avait la lame de son couteau sous le menton de son adversaire. Jusqu’à la garde en fait. LE retirant prestement et avec un peu de difficulté, la brune évitait de suivre le Skagit dans sa chute. Un élégant pas de côté lui épargnait cela.

L’Anglaise se retournait donc, le sang maculant légèrement sa main armée, prête à continuer le châtiment mérité.

Spoiler:

Ses interlocuteurs n’insistèrent pas pour qu’elle partage leur repas, aussi s’était-elle éclipsée pour déambuler entre les tables, s’assurer que tout le monde mangeait à sa faim et se resservait en vin ou en liqueur de prune. Elle glissait ici et là, un sourire faussement chaleureux. La prestation était telle qu’elle commençait presqu’à sentir ses zygomatiques se crisper. Mais pas parce qu’elle ne souriait pas assez, mais parce que la tension de cette soirée commençait à la crisper jusque dans les gestes les plus anodins. Un sourire, par exemple.

Enfin les premiers toussotements s’élèvent, et les voilà qui se resservent de vin pour faire passer la toux qui explose de plus belle. Amrani déambule à nouveau, pose son regard sur ces personnes qui peu à peu réalisent ce qui leur arrive. Jusqu’à ce que leur leader ne se lève, donne de la voix, avant de s’écrouler aux pieds de June, pris de convulsions. Il y en a d’autres qui tombent, et si les premières réactions sont de se précipiter vers leurs blessés, Ela change d’attitude. Sa robe fendue lui permet d’attraper facilement la lame qu’elle dissimulait, mais le geste fut intercepté par la Skagit qui avait renversé son verre dans le sien qui se jeta sur elle avant qu’elle ne parvienne à monter correctement sa garde. L’israélienne tombe lourdement au sol, entrainée par la jeune femme qui a vu son compagnon s’écrouler à ses pieds, s’étouffant dans sa bave. Il y a un cri de rage qui s’échappe de sa bouche, tandis qu’Ela essaye de rendre les coups de griffes qu’elle prend, et de contrer le couteau que son assaillante brandit aussi. Cette dernière la force à lâcher son couteau en cognant sa main contre un pied de table, l’architecte n’a plus d’autre choix que d’essayer de se dégager de là.

Elle profitera d’une ouverture, pour échapper à la poigne de la femme qui lui faisait face, mais sans y laisser quelques plumes. L’arme de la femme vient se planter dans son dos, au niveau du flanc, laissant une entaille suffisamment profonde pour la stopper net. C’est un cri de douleur qui lui échappe, prouvant une fois encore que la brune était encore capable de ressentir quelque chose. Sa main se crispe sur son couteau de chasse, mais sur le coup, elle est clouée à terre, dans un grognement de douleur. Elle se retourne pourtant, prête à encaisser un deuxième assaut ou de riposter… qui sait ?

Spoiler:

Spoiler:

Jusque-là, tout s’était passé globalement comme convenu. Elle avait mangé peu, bu une boisson sans alcool – ni poison – alimentant les échanges avec un ton neutre, conversationnel. Rien qu’elle n’était de toute façon pas déjà habituée à faire.

Lorsque les premiers effets du poison se firent sentir, June toisa l’assemblée de son regard glacé. Elle ne sourit pas, elle ne grimaça pas, elle était stoïque devant la laideur de la mort. Pire encore, elle était comme grisée par un étrange, indicible, sentiment de toute puissance. Les hallucinations, les malaises, les toux ensanglantés. Les symptômes submergèrent leurs hôtes. L’avocate n’eut pas un mot pour Alistair qui s’effondra devant elle, alors qu’ils discutaient projet d’avenir quelques secondes seulement auparavant. Elle se contenta de le dévisager froidement, alors que la vie quittait ses prunelles. Voilà ce qui arrivait à ceux qui défiaient Fort Ward, voilà ce qui arriverait encore à ceux qui penseraient se jouer d’eux.

Néanmoins, tous les convives n’étaient pas atteints de la même façon et les plusieurs ennemis étaient encore en état de se défendre. C’était le cas de figure qu’ils avaient prévu et n’avaient désormais pas d’autre choix que d’affronter. June vit Layla se débarrasser d’un assaillant mais en parallèle, Ela n’eut pas la même chance. Se levant vivement à son tour, elle récupéra l’arme cachée dans son dos, ôta la sécurité et fit claquer la culasse. Une balle dans la chambre.

La rouquine arriva dans le dos de la femme Skagit, chancelante à cause du poison, qui s’apprêtait à poursuivre son agression de l’israélienne. Son bras se tendit, le canon placé quasiment à bout portant. La déflagration pulvérisa l’arrière de son crâne pour ressortir par un œil, non sans projeter sur Ela une gerbe de sang et de chair. Le corps bascula en avant pour s’écrouler aux côtés de l’architecte, à qui June tendit une main. Douleur ou non, elle avait intérêt à se relever.

Spoiler:

Plus le temps passe et plus je me sens tendue. Je donne quelques coups de fourchette dans mon assiette mais je n’ai vraiment pas d’appétit. J’attends que le poison fasse effet, je scrute les visages de mes voisins, lançant toujours quelques sourires et mots agréables. Puis lorsque les premiers toussotements résonnent, que les premiers Skagit commencent à se sentir mal, je glisse discrètement ma main sous la veste de mon tailleur, prête à attraper mon couteau. Le cœur battant, la voix d’Alistair résonne mais l’homme semble bien trop mal en poing pour faire quoi que ce soit.

Mais la situation dégénère subitement alors que certains de nos invités semblent comprendre ce qu’il se passe. Je me lève brusquement alors que mon voisin s’écroule de sa chaise. Malheureusement ce n’est pas le cas du gars à côté de lui qui se jette violemment sur moi. Je n’ai même pas le prendre ma lame qu’il me frappe au visage. Plusieurs coups de poings dans la pommette et sur le nez. Je m’effondre par terre avant qu’il continue à se charger de moi en venant refermer ses mains sur ma gorge. J’essaye de me débattre mais je ne fais pas le poids.

Spoiler: