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If you're going through hell, keep going. (Elena)

Mar 2 Juin 2020 - 19:21

Une terre qui ne possède plus son âme, l’essence même de son pouvoir. La nature qui d’une certaine façon reprend ses droits, quoi de plus normal quand on regarde ce que l’humain fait à cette planète depuis bien trop longtemps. Ce respect qu’elle avait pour nous et qui doucement laissa place à une haine évidente amenant rapidement une vengeance méritée pour une bande d’égoïstes qui s’élève à presque 7 milliards. Enfin, ce n’est plus exactement le nombre qu’il faudrait signaler, même parler de quelques millions seraient très certainement une erreur. Une seconde chance de se rattraper ? Impossible. Puis ce n’est pas comme si l’humain était capable de changer pour devenir meilleur, ce n’est un secret pour personne qu’on ne peut pas lui faire confiance. Pourtant, toi tu arrives encore à le faire. Tu es peut-être un imbécile Halvor ou alors simplement un homme bon. Dans les deux cas, c’est très étonnant que tu sois encore vivant, comme quoi la chance fait partie intégrante de l’existence. Alors que tu arrives après plusieurs jours à marcher avec pour seul repos, quelques heures dans des hautes herbes comme camouflage pour combattre une mort qu’il faut absolument retarder. Même si tu n’as pas la moindre idée de ce qui te maintiens debout à l’heure actuelle, tu es épuisé et tu meurs de faim alors qu’il te reste quelques boites de conserves que tu pourrais utiliser pour te remplir l’estomac. Ça serait moins de marchandises à proposer pour un échange alors que tu termines doucement la dernière cigarette qu’il te reste. Si tu passes les prochains jours sans une seule clope, tu risques de devenir dingue et ne pourras pas contrôler le stress du moment. On pourrait croire que tout le monde sait s’habituer à un monde infesté de rôdeurs, mais ce n’est absolument pas le cas. En tout cas, ce n’est pas le tien. Comment se faire à ce genre de « monstre » qui prend plaisir à dévorer des personnes les plus souvent encore vivantes sans le moindre signe de culpabilité. Des humais qui avant n’avait pour seul problème qu’un loyer, quelques embrouilles de couples ou encore un patron un peu chiant au boulot, mais rien de bien critique. Tu n’avais pas une vie de rêve, mais au moins tu avais une famille. Tu n’étais pas spécialement heureux, mais tu n’avais pas à t’endormir la peur au ventre le soir sans savoir si tu pourras ouvrir les yeux le lendemain. Pire, ouvrir les yeux pendant qu’un rôdeur te dévore. Cette simple pensée te donne encore des frissons dans le dos, alors tu fais ton possible pour balayer tout ça de ta tête et ouvrir la grande porte qui donne sur l’entrepôt du No Man’s Land. Tu es quand même un peu content de retrouver un minimum de civilisation, ça fait bien trois semaines que tu n’as pas eu l’occasion de pouvoir discuter avec quelqu’un. Depuis la mort de Bram et de sa fille, tu n’as plus trop l’occasion d’avoir un véritable échange te permettant de conserver le maximum de lucidité. C’est pour ça que tu viens ici de temps en temps, retrouver un minimum l’échange et surtout pour pouvoir passer une réelle nuit réparatrice avant de reprendre la route à la recherche de vivres et du moindre petit truc que tu pourrais échanger contre de quoi tenir encore un peu le coup. Même quelques jours.

Pas grand monde en ce moment, même si tu n’as pas mis les pieds ici depuis quelque temps, il faut croire que tout le monde s’éparpille pas mal. Ce n’est pas ton problème alors que tu souffles légèrement pour te donner le courage d’atteindre le fond de la pièce à la recherche du premier mur qui voudra bien de toi. Juste pour quelques minutes. Alors tu laisses finalement ton sac tomber sur le sol et commencer à bloquer ton dos contre la surface en béton. Tu hausses légèrement les épaules et essaie au maximum de détendre tes muscles, ça n’a rien de simple mais tu dois bien comprendre que pendant les heures à venir, tu n’as plus aucune raison de t’inquiéter. Si tu gardes un minimum les yeux sur ton sac et sur tes affaires, aucun risque de te faire voler alors qu’aucun rôdeur ne risque de rentrer ici pendant que tu dors. Un point positif. Tu sais que de temps en temps quelques soucis arrivent ici, des mecs qui pensent pouvoir faire la loi, mais tu n’as plus peur depuis longtemps des autres. Ce qui te fait réellement frissonner se trouve dehors et mourir des mains d’un homme avec une arme blanche ou à feu, c’est beaucoup mieux qu’entre les dents de ces créatures. Tu laisses ce qu’il reste de la cigarette tomber de tes lippes et s’écraser au sol en fermant doucement les yeux même si tu fais ton possible pour ne pas sombrer dans un profond sommeil. Il va falloir faire un peu de repérage et troc avant de te donner l’autorisation de t’endormir, puis ça serait parfait de pouvoir te laver. Mais tu n’as pas l’impression que se soit possible à moins de donner beaucoup de matériels et il ne te reste pas grand chose.

Tu ouvres le sac et attrape la conserve aux poires déjà commencé de la veille pour la terminer en attrapant chaque morceau directement avec les doigts avant d’en boire le jus d’une seule gorgée. Ça devrait faire l’affaire pour un moment. Tu secoues légèrement la petite gourde dans l’espoir qu’il reste un peu d’eau, mais sans victoire. Voilà un autre souci qu’il va falloir régler rapidement, trop de choses à penser, si peu de temps et d’énergie pour le faire. Tu ne savais pas une seule seconde que la fin du monde serait aussi fatigante. Tu lèves la tête vers le plafond alors que tes idées commencent à se bousculer une nouvelle fois dans ton esprit, tu aimerais tellement pouvoir regarder un épisode de « Friends » là. Tu ne sais même plus comment s’appelle les personnages et tu essaies d’imaginer le visage de Jennifer Aniston. Mais tu n’arrives pas à te faire une idée claire de ses traits, ça remonte tellement et oublier quelqu’un est devenu si simple. C’est déjà bien que tu puisses te souvenir de son nom. Perdu dans ton esprit entre le réel et le rêve, tu ne vois même pas l’ombre qui s’approche de toi. Une personne qui peut-être donnera plus de lumière à cette mauvaise journée. À cette vie de merde.

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Re: If you're going through hell, keep going. (Elena)

Dim 14 Juin 2020 - 16:04


L’échange s’était conclu facilement et d’une poignée de main encore de rigueur, la grecque avait scellé l’accord. De la viande séchée contre quelques boites de médicaments dénichés par Ben et Blake en ravitaillement. Elena rangea précautionneusement ses achats dans son sac à dos avant de le faire glisser sur ses épaules, prête à déserter les lieux pour retrouver Gabriel plus loin. Il devait causer avec ce type qui cherchait à le recruter dans son équipe de chasseurs de prime depuis quelques jours après l’avoir croisé en opération et vu à l’oeuvre avec une arme à feu. L’ancien sicario était clairement le plus à l’aise avec les armes et son sang-froid extraordinaire le rendait très efficace en mission. Elle s’achemina sans urgence à travers les différents stands de fortune, jusqu’à ce que son regard ne capture le visage d’un homme plus loin. Plutôt massif, et dont le désarroi était aussi palpable que l’odeur nauséabonde que dégageait le poisson présent sur l’étalage devant lequel elle s’était immobilisée. Elle secoua négativement la tête quand la femme lui demanda si elle était intéressée par sa « pêche du jour ». Elle fronça les sourcils et s’éloigna sans lâcher des yeux le blond. L’hésitation s’infiltra sournoisement entre les tempes de la jeune femme. Elle n’avait jamais su être parfaitement insensible à la détresse des autres, et après tout, elle ne risquait rien au milieu de tous ces survivants à approcher celui-ci.

Elle se dirigea donc finalement vers lui après avoir sorti la gourde son sac et une fois à quelques centimètres de lui, elle se planta devant. Certains évoquent le destin, d’autres le hasard. Elena n’avait pas de croyance mais elle n’aurait pas non plus su expliquer la motivation intime et profonde qui l’avait conduite jusque devant ce géant. À force, après avoir fréquenté pendant deux ans les un mètre quatre-vingt-dix de son ancien amant et côtoyer au quotidien des Ben, Gabriel et Peter bien plus imposants qu’elle, elle n’était plus intimidée par leur taille. Aussi malgré la différence évidente entre l’inconnu et elle, il n’y avait pas l’ombre d’une hésitation sous ses orbes ambrées. Elle tendit le bras vers lui pour lui proposer de l’eau, dont il manquait manifestement. « Je ne veux pas paraître intrusive mais ça n’a pas l’air d’aller. » commenta la grecque en se pinçant les lèvres et étudiant impudiquement son vis-à-vis comme elle aurait inspecté un sujet d’étude. « Elle n’est pas empoisonnée, sers-toi. » précisa-t-elle devant l’étonnement du blond. Sans doute l’aurait-elle été aussi à sa place. Elle que la survie avait rendue quasiment paranoïaque mais qui se trouvait quand même là, face à un illustre étranger dont elle ignorait tout, du nom jusqu’aux motivations. Elle ne pouvait se fier qu’à son instinct, souvent silencieux car muselé par un pragmatisme froid et sévère. Celui-là même qui rongeait jour après jour l’humanité enfouie et abandonnée. Être responsable de vies qui n’étaient pas siennes impliquait des choix difficiles qu’elle avait souvent regretté sans jamais penser faire autrement pour autant. La survie des siens passait avant tout. Mais quand elle regardait cet homme, elle entrevoyait une opportunité couplée à une main tendue. « Elena. Je m’appelle Elena. Et toi ? »

@Halvor Solheim
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