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Nolan Wilson - here I am...

Mar 19 Nov 2019 - 10:44


Nolan Emerson Wilsontell me more about you

prénom(s) : Nolan Emerson
nom : Wilson
date de naissance : 17 novembre 1990
âge : 29 ans

ville de naissance : Burlington- état de Washington
métier : Médecin-résident à l’hôpital pour enfants de Seattle
groupe : Travelers

avatar : Chris Wood

what i am

qualites
Passionné
Pragmatique
Loyal
Observateur
Intelligent
defaults
Cynique
Maniaque
Buté
Rancunier
Téméraire
Equipement :
Sinon, j’ai toujours mon vieux sac à dos avec moi. Je le traine depuis plusieurs années maintenant. Y a un paquet de trucs dedans. Un journal sur lequel j’ai dû écrire trois lignes et que j’ai jamais tenu. Des fringues que je change régulièrement. Deux ou trois bouquins que je lis en même temps, histoire de m’occuper le soir et d’éviter d’écouter le silence autour de moi. Là aussi, je fais des échanges et du stock dès que je peux. Bizarrement, ça reste un des trucs les plus faciles à trouver. Quelques compresses et autres que j’ai fabriquées avec les moyens du bord. Et l’essentiel du petit survivant. Que ce soit le sac de couchage de compet qu’on avait réussi à trouver dans un magasin de sport il y a quelques années, un bloc de magnésium allume-feu, un petit chargeur USB solaire pour mon lecture mp3… d’ailleurs, ça fait 4 ans que j’écoute tout le temps la même musique, je pense que je vais devenir cinglé. Je dis ça, je dis rien. Je vais éviter de parler de la petite boite au fond de mon sac. Celle avec les photos, les petits mots et les derniers souvenirs qui me restent de ma vie d’avant. Ce serait trop déprimant. Et j’ai pas besoin de ça pour déprimer.

Et une batte de baseball. Vous voyez l'attirail du parfait petit sportif américain ? Ouais, bah c'était pas la mienne de base, je préfère le dire de suite. J'ai tenté le baseball au lycée, c'était la cata. Comme le reste. Mais vu que là, il s'agit pas de faire dans la dentelle mais de taper aussi fort que possible, je sais l'utiliser. Un peu salement, mais c'est toujours ça de pris.      
Details physiques :
A quoi je ressemble ? Vraiment ?

… j’ai probablement une sale gueule. Ah, c’est pas le sujet. Enfin, un peu quand même. Faut dire qu’avant je passais déjà pas mon temps devant un miroir mais maintenant, c’est devenu une option vraiment… optionnelle ? Ouais, j’ai toujours été réputé pour mon sens brillant de la répartie.

J’en étais où moi ? Ah oui. Les rares fois où je me regarde dans le miroir, je peux voir un type qui dort pas assez, avec bien trop de cernes et les joues un peu creusées. Une barbe de plusieurs jours aussi. Je me rase de temps en temps, plus par habitude qu’autre chose, quand je trouve de quoi faire aussi. Mais c’est pas vraiment une priorité. Et j’ai pas trop le profil bûcheron canadien plein de poils, ça aide à ce que je me soucie pas vraiment de ça. J’essaie aussi de me couper les cheveux comme je peux de temps en temps. Mais ça ressemble pas à grand-chose au final. Je me retrouve souvent avec une tignasse emmêlé et des épis dans tous les sens. Le top du glamour donc.

Je me porte pas si mal que ça, du haut de mon mètre 80. Je suis pas plus maigre que la moyenne, pas bien épais non plus. Mais j’arrive à manger à presque tous les repas et à tenir le coup. Bon, on va pas se leurrer, je tuerais probablement pour un bon burger bien gras avec des frites. Voyez les trucs que tout le monde critiquait, parce qu’il fallait pas manger trop gras ou trop salé ou j’en passe ? C’était mon petit plaisir ça. J’ai carrément oublié depuis le temps le goût que ça avait et… je suis encore en train de laisser mes pensées partir dans tous les sens là. On parle de à quoi je ressemble donc.

J’ai un tatouage sur l’avant-bras, depuis mes 18 ans. Trois épées qui s’entrecroisent, avec nos trois initiales. Les trois mousquetaires donc. Les couleurs se sont un peu estompées mas il tient toujours bon. Si ce n'est mon initiale qui a pris un coup quand je me suis cramé une fois. Je sais pas si je dois y voir un signe ou tout simplement déprimer, j’ai pas encore décidé.

Niveau cicatrices c’est une autre histoire. J’imagine que celle de mon appendicite n’a pas beaucoup d’importance. Ou les écorchures que j’ai sur les genoux non plus. Mais on peut parler de cette longue estafilade tout au long de ma cuisse droite. Qui a failli me coûter la vie y a quelques mois. Ou de la cicatrice qu’on peut sentir dans mon crâne, quand je me suis éclaté la tête il y a quelques semaines et que je me suis réveillé totalement à la ramasse devant des inconnus. Je suppose que je dois dire que j’ai de la chance. En étant aussi souvent seul, j’aurais pu crever plus d’une fois et personne s’en serait rendu compte. Sauf que dit comme ça, c’est plus déprimant qu’autre chose. Enfin, je sais me soigner à peu près correctement et j’ai toujours réussi à éviter les infections. Donc on va dire que je m’en sors bien.

Psychologie



Je crois que je suis un peu comme tout le monde en fait, qu’on pourrait parler de moi avant la fin du monde et après. Y a des trucs qui ont pas changé. Je crois. J’ai toujours été buté et manique, du genre à jamais vouloir lâcher le morceau et à passer derrière les gens pour ranger un truc qui dépasse. Le combo qui rend un peu chèvre, j’avoue.

J’ai toujours été… intelligent. Ouais, je sais, ça fait un peu vantard dit comme ça, mais on va pas se leurrer. J’ai toujours eu des facilités pour les cours, de grosses facilités et j’ai toujours percuté plus vite que les autres. Pour ce que ça sert aujourd’hui de savoir lire et digérer un bouquin en une nuit. Remarquez, un coup de bouquin dans la gueule, ça peut vous faire gagner quelques précieuses secondes pour votre survie.

… enfin bref.

C'est un peu comme mon côté observateur. Ca fait toujours un peu louche le mec qui te regarde sans rien dire pendant un moment avant de se décider mais, au final, pendant mes études, ça m'a toujours grave servi... et ça m'a aidé à repérer plus facilement les filles intéressantes mais je suppose que ça, je vais éviter de trop me vanter.

J’étais du genre rancunier aussi. Je pourrais dire que je le suis toujours mais vu que j’ai plus grand-monde autour de moi, pour ne pas dire personne, je me vois mal en vouloir à qui que ce soit. Mais j’étais le type capable de te rappeler deux ans plus tard que t’avais bouffé mon sandwich que j’avais laissé dans le frigo. Heureusement que j’étais toujours là pour les autres, sans faillir, sinon j’aurais pas vraiment été fréquentable. Est-ce que je le suis encore ? Possible, je saurais pas dire. Mais je sais que j'ai toujours été loyal envers les gens. Quitte à sacrifier ma propre vie, comme j'ai pu le faire pour pas foutre la merde entre Tom et Cass'. Et je suis prêt à tout pour les gens dès que je les connais un peu. C'est peut-être pour ça que j'ai plus trop envie de les connaitre, j'ai pas envie de m'attacher.

Mon cynisme a probablement bouffé tout le reste, mais le contexte aide pas vraiment on va dire. Je l’étais pas ça. Avant. J’avais tendance à m’enthousiasmer pour tout et n’importe quoi. Un rayon de soleil ? Un arc-en-ciel ? Paf, j’étais ravi. De quoi en énerver plus d’un. Mais il parait que ça faisait mon charme. Ca et ma tendance à vouloir pousser un peu ma chance, à être un peu trop téméraire. Ca nous mettait parfois dans des situations un peu compliquées, mais c’était marrant. Je continue de l’être ça. Téméraire. Pas enthousiaste, j’ai du mal à être content de voir le jour se lever, alors faut pas trop m’en demander. Mais je continue de tenter le coup. Parce que j’ai plus rien à perdre je suppose. Je reste quand même pragmatique, à calculer les choses pour éviter quand même d’aller trop loin.

Parfois, je me dis que tout est là, enfoui dans un coin, en attendant que quelqu’un vienne tout déterrer. Et parfois je me dis que l’ancien moi a juste disparu avec les autres. Mais la plupart du temps, j’essaie d’éviter d’y penser.




Story of survival


Décembre 1995

C’est la panique à la ferme depuis quelques jours. Faut dire que le ventre de maman s’était tellement arrondi qu’elle pouvait plus s’occuper des vaches et du reste, comme elle le fait d’habitude. C’est Missy, ma grande sœur, qui m’a dit ce qui se passait. Qu’elle allait avoir un bébé. Elle fait genre elle sait tout, parce qu’elle a huit ans, mais en vrai, je suis sur qu’elle raconte n’importe quoi. Surtout qu’elle m’a dit l’autre jour que le père Noël existait pas. Et ça, c’est nul, parce que Noël c’est dans une semaine et que j’ai été super sage.

Alors je louche sur le rebord de la table de la cuisine, alors que je mets toute mon énergie à essayer de la dépasser pour essayer de voir mes parents de l’autre côté mais en montrant que je reste super sage quand même, on sait jamais, des fois que Missy se trompe. Même si elle a eu raison pour le bébé. Faut dire que du haut de mes cinq ans c’est pas facile de tout suivre. Aujourd’hui, maman a ramené ma petite sœur de l’hôpital. Parait que je dois être gentil avec elle. Ca m’en fait deux maintenant. Une grande et une petite. Je trouve ça un peu nul que ce soit encore une fille. Et je l’ai dit à Cassidy. Qui m’a mis un coup de poing en me rappelant que c’est une fille elle aussi. Ca a fait rigoler Tom et elle l’a tapé aussi. Je les aime bien tous les deux. C’est mes copains depuis… toujours je crois.

Mais quand même, c’est pas vraiment une fille Cassidy. C’est ma copine. Même qu’elle m’aide des fois, à nourrir les poussins. Faut dire qu’il y a plein de boulot à la ferme et papa se repose genre jamais. C’est peut-être pour ça qu’on part jamais en vacances, je saurais pas dire. Maman elle dit qu'on a pas besoin de partir, parce que je suis un vrai rayon de soleil à moi tout seul. Que de me voir content pour tout et n'importe quoi leur suffit, qu'on a pas besoin d'aller voir ailleurs comment c'est. C'est un peu bizarre, mais j’aime bien. Les animaux, les confitures maison de maman et l’aider à faire les conserves de légumes pour l’hiver.

Octobre 2003

Je plisse des yeux, levant le nez de mon bouquin alors qu’elle arrive en sautillant, les joues écarlates. Elle vient d’avoir 13 ans. Je sais, elle nous l’a dit à peu près 1000 fois déjà. Et elle nous souffle, la mine complice que Dovan l’a embrassée sous les gradins du stade. Je me rends compte que j’aime pas ça, mais alors pas du tout, sans bien arriver à piger pourquoi. Peut-être parce que c’est moi qui aurait dû l’embrasser. Mais c’est… Cassidy. Tom lève les épaules, les yeux un peu écarquillés, avant d’aller coller une rouste au gamin qui s’est moqué de moi et de cette manie que j’ai de passer tout mon temps libre plongé dans les livres.

Faut dire que ça arrive assez souvent. Qu’on se moque de moi. Mais j’ai toujours Cass’ ou Tom pour me défendre. Pourtant, j’aime bien ma vie. Que soit à la ferme avec mes parents ou avec eux. On se sépare jamais ou presque, même si, le temps passant, on a tous les trois un caractère bien différent. Quand Tom va faire du sport, Cass’ ses… trucs de filles, moi je continue de lire. Tout le temps. A un point que Tom finit par m’attraper par le col et par me dire que je dois faire un truc, sinon au lycée ma vie va être un enfer.

… franchement, il abuse un peu. Mais vu qu’il fait une tête de plus que moi, je vais pas faire mon malin. D’autant que Cass’ se fout de moi aussi. Alors j’essaie différents sports. Là où elle excelle à la course, je finis à bout de souffle en trois minutes. Là où il est super doué au foot, j’ai des stratégies de dingues mais, sur le terrain, c’est la cata. Je sais pas trop à quel moment il a fini par lâcher l’affaire. Probablement quand il m’a vu rater la balle de baseball pour la millième fois. Cass’ était morte de rire, il était dépité.

J’ai eu peur de décevoir mon père, on va pas se mentir. Je suis son seul fils, c’était le capitaine de l’équipe de foot quand il était au lycée et moi bah… je suis un peu gringalet et j’aime pas la chasse non plus ou tous les trucs que lui adore. Enfin si, on s’occupe des animaux le soir, tous les deux. Et même si on parle pas beaucoup, ça se passe bien. Parce qu’il finit par me le lâcher une fois, d’une voix bourrue. Qu’il est fier de son fils, fier d’entendre que collège et le lycée avaient pas vu un élève avoir des notes pareilles depuis un sacré bout de temps. Du coup je multiplie les cours avancés et je dois avouer que je m’éclate quand même.

Un vrai petit génie.

Heureusement donc que j’ai Tom et Cassidy. On est la team des trois mousquetaires non ? C’est comme ça qu’on a décidé de se surnommer après que j’ai été le seul à finir le bouquin. Dans le même genre, je cumule des prix de science et j’en passe. Au point que, sans le reste du trio, j’aurais passé toute ma scolarité la tête dans les toilettes. Je vais pas vous mentir, c’est arrivé quand même plus d’une fois, jusqu’à ce que l’été de mes 15 ans je prenne 20 centimètres d’un coup. Là, ils faisaient moins les malins. Et le lycée est devenu carrément cool. Parce que j’étais devenu mignon, qu’avoir un pote intello pouvait toujours être utile, que mes deux meilleurs potes étaient de super sportifs. Donc ouais, les années lycées, c’était sympa.

Juin 2008

J’inspire et j’expire, essayant de me concentrer pour ne pas bafouiller. C’est pas gagné, surtout quand je me rends compte que mon cœur a un raté en la voyant arriver. Faut dire qu’elle est tellement jolie, surtout quand elle me sourit. Elle se plante devant moi, la mine interrogative alors que je la regarde comme un poisson mort. Mais je finis par souffler, parlant beaucoup trop vite et oubliant de respirer. « Cass’ tuveuxalleraubalavecmoi ? » Elle lève un sourcil, lâchant un « quoi ? » perplexe. « … le bal. De fin d’année. Tu viendrais avec moi ? En… comme ma… petite amie ? » Je pique du nez tout en parlant et je finis quand même par lever un œil vers elle. Elle a rougi non ? Ouais, carrément. C’est bien ça, très bien même. Et elle hoche la tête, visiblement à court de mots. C’est probablement ce qui me donne le cran de lui voler un baiser. Le premier donc.

La semaine qui précède le bal est super bizarre. J’ai l’impression que Tom fait la gueule, sans que j’arrive trop à piger pourquoi. Pourtant, il est avec la capitaine des pompom girls et c’est genre le mec le plus populaire du lycée. Ou pas loin. Donc je pige pas trop mais j’avoue que je suis un peu occupé avec Cass’, que l’embrasser me fait un peu oublier tout le reste. Ca me parait tellement normal, naturel, que ça en serait presque flippant.

Jusqu’au bal de promo. Et la nuit qui suit. Notre première fois à tous les deux. Je suis pas sûr qu’en temps normal, les gens se marrent autant. Mais faut dire qu’on était un peu stressés tous les deux. Et puis, ça se passe bien. Magnifiquement bien. Probablement parce que c’est elle. Surement même. Les semaines qui suivent sont juste parfaites, même si réviser pour les examens de fin d’année devient un peu plus … difficile. Je suis incapable de me concentrer quand elle est là et ça dérape souvent. Au point que je me fais rappeler à l’ordre par mes parents qui voient bien que je suis distrait. Je dois me focaliser sur mes études, sur mes cours d’été à l’UCLA où j’ai eu la chance d’être accepté. Sur cette bourse, qui me permettra de devenir médecin. Cassidy doit passer après tout ça, elle attendra. Parce qu’ils ont pas les moyens de m’aider, que je vais devoir miser tout sur cette bourse et que je dois penser qu’à ça. Juste à ça. Pour rendre tout le monde fier. Ou un truc du genre.

Mais j’ai pas envie moi.

Sauf que même elle commence à avoir le même discours. Et qu’une fois nos examens passés, nos diplômes en poche, je m’envole pour Los Angeles, pour un campus inconnu où je me sens totalement largué. Même si j’adore les cours. Je me plonge dedans, non sans échanger des dizaines, des centaines de messages avec Cass’ et Tom. Ils rythment mon été à leur manière, se préparant eux aussi à leur propre rentrée universitaire. Ils seront à Seattle tous les deux. Et moi à des centaines de kilomètres. Mais c’est pour le mieux. Il parait.

Et pourtant, à mon retour, on décide de faire un truc un peu fou, de se faire le même tatouage tous les trois. Les trois mousquetaires encore et toujours. Comme si c'était un lien que rien ne pourrait jamais détruire, pas même le temps ou la distance.

Septembre 2008 – Juin 2011

Alors pourquoi j’ai fait ça ? Pourquoi j’ai dit à Cassidy que ce serait mieux d’arrêter là ? Parce que je veux pas qu’elle passe après le reste, je veux pas qu’elle se sente mise de côté. Et que je suis tiraillé avec mes propres études. Elle le prend mal, évidemment, surtout que j’arrive pas à trouver les mots qu’il faut. Et on est malheureux tous les deux. Au point que Tom finit par me choper, quand je reviens pour les fêtes de fin d’année, pour me dire que je dois me bouger le cul si je veux pas la perdre pour de bon.

Il me faut quelques semaines pour y penser, pour réaliser qu’il a raison. Je revends ma collection de cartes de baseball et … j’achète une bague. Avant de prendre la voiture et de rouler jusqu’à Burlington. C’est la Saint Valentin, ce sera une bonne occasion pour lui demander un truc comme ça non ?

Sauf que… je les vois en train de s’embrasser. Tom et elle. Je me fige avant de faire demi-tour, sans aller les voir. J’ai gardé la bague depuis. Sans bien savoir pourquoi.

Je crois que je suis parti un peu en vrille après ça. Bon, d’accord, beaucoup. Oh, je me suis plongé dans mes études. Tellement que j’ai eu mon premier diplôme en trois ans au lieu des quatre habituels. Et que j’ai validé les examens pour entrer à l’école de médecine avec un score extraordinaire. Ouais, le petit génie en action. Cass’ continue de m’appeler comme ça. Faut dire qu’on discute beaucoup par mail tous les deux, presque tous les jours. Tout comme j’ai Tom super souvent au téléphone. Ils continuent leurs études de leur côté, parait que ça se passe bien entre eux. Je saurais pas dire, j’évite de les voir. En même temps, ils sont venus une fois me voir et autant dire que le séjour a été… bizarre. Tendu. Je crois que j’ai passé mon temps à éviter de me retrouver en tête à tête avec Cass’ ou à la dévorer des yeux.

… ouais ça craint. Le pire ? C’est que Tom l’a vu. Il peut pas ne pas l’avoir vu. Mais il a l’air de faire avec. Probablement parce qu’elle ne le voit pas, qu’elle est bien avec lui. Et que je suis à l’autre bout du pays.

Je me mets à rencontrer d’autres filles. Bon, okay, je fais pas que les rencontrer. Je les multiplie et je me rends compte que je peux avoir du succès au final. Au moins, j’arrive à ne pas penser tout le temps à elle, c’est toujours ça de pris. Encore que…

Mais je reviens de temps en temps à la maison. Pour assister au mariage de Missy, ma sœur ainée. Avec ce connard arrogant que j’apprécie pas, mais alors pas du tout. Je suis sûr qu’il la traite mal mais tout le monde le trouve trop sympa. Alors je me tais, vu que mon père est ravi d’avoir quelqu’un avec qui chasser le weekend. Et, à chaque fois, je me sens un peu plus en décalage avec toute la famille, même si avec ma petite sœur, Farah, on garde le contact et on s’entend plutôt bien. Elle veut être photographe et je trouve qu’elle se débrouille bien. Et Missy reprendra la ferme avec son … mari donc. Joie.

Juin 2011 – Septembre 2015

J’ai un sourire alors que je regarde mon diplôme, avant de lever les yeux vers la foule. Mes parents sont là, souriants. Ma mère pleure un peu je crois. Cassidy aussi. Elle est juste à côté, sa main dans celle de Tom. Ils sont venus jusqu’ici et je crois que la journée aurait pas été la même sans eux. Le petit génie est Docteur en médecine, ça claque non ?J'ai même fini en tête de promo tous les ans. Ma mère s’est un peu inquiétée. Elle m’a trouvé trop maigre, soucieux, tout le temps la tête fourrée dans les bouquins. Mais au final, mon père lui a dit de me laisser tranquille, qu’elle pouvait être fière de voir son fils briller comme ça.

Pour la peine, j’ai même proposé à Holly de venir. Elle est infirmière et ça va faire quelques mois qu’elle arrive à rester dans ma vie. Une vraie tête de mule qui s’accroche, même si j’ai vraiment été un connard avec elle dans les premiers temps. Mais elle est sympa. Mignonne, intelligente. Et on s’entend bien. Pour un peu, je pourrais presque avoir envie de plus avec elle. Je la présente à ma famille et mes parents sont ravis. Tom aussi. Cass’… je saurais pas dire. Peut-être que j’ai juste envie de me persuader qu’elle est jalouse, même si ça dure qu’un instant. Mais au final, elle est adorable avec elle.

Sauf que je leur apprends que j’ai demandé à faire ma spécialisation à l’hôpital pour enfants de Seattle. Ils ont l’air contents, enfin je suppose. On essaie de rester plus ou moins ensemble avec Holly, malgré la distance. On fait souvent les allers-retours et ça se passe plutôt bien. Et elle propose même de venir s’installer avec moi. Je commence à y songer. Après tout, je pourrais tomber plus mal non ? Sauf que ça tombe grosso modo quand Tom m’annonce qu’il va demander Cass’ en mariage.

… ce qui me fait gentiment péter un câble et tromper Holly à tout va. En vrai, je pensais même pas qu’il était humainement possible de se taper autant de filles différentes en un seul weekend et ingurgiter autant d’alcool. Ouais, je sais, je suis irrécupérable. J’en suis bien conscient, restant stoïque quand elle me traite de connard, m’en colle une et me dit que je dois me faire soigner. Evidemment, je raconte pas pourquoi on s’est séparés tous les deux, j’évoque vaguement la distance, mon incapacité à me contenter d’une seule fille, ce genre de trucs totalement idiots.

Et je reprends ma vie à Seattle. Je vois Tom souvent. Très souvent même. Il a l’air partagé entre l’amusement et l’inquiétude quand je lui parle de toutes mes histoires de filles. Faut dire que je continue mes conneries et que les filles défilent, même si je m’en vante pas du tout quand je croise Cass’. J’ose pas demander, quand est-ce qu’ils vont se marier. Et ils abordent pas le sujet, pas plus que Cass’ ne porte de bague. Je sens toujours le poids de la sienne sur la chaine que j’ai autour de cou. Peut-être que je devrais lui dire un jour. Ce que je manque de faire, quand elle débarque chez moi en larmes, parce qu’elle s’est engueulée avec Tom. Je suis tellement tenté ce soir-là, de l’embrasser, de tout lui dire et de jamais la laisser partir.

Sauf que j’ai pas le droit. Qu’elle est avec Tom. Depuis des années. Que j’ai laissé passer ma chance. Alors je fais ce que ferait un meilleur ami. Je la pousse de nouveau vers lui, j’essaie d’arranger les choses, en totale contradiction avec la façon dont je peux la dévorer des yeux. Mais elle m’embrasse. J’étais pas prêt pour ça, je l’ai carrément pas vu venir. Forcément, mon premier réflexe est de lui rendre son baiser, de jeter aux orties toutes mes bonnes résolutions. Et je suis à deux doigts de me dire que ça va vraiment déraper encore plus quand mon téléphone sonne. Je vois le nom de Tom et, si je décroche pas, je me sens obligé de la relâcher. De m’excuser. De lui rappeler qu’il l’aime. Que c’est mon meilleur ami. Que j’ai pas le droit. Enfin ça, c’est surtout pour moi en fait. On va dire qu’elle le prend pas très bien et que j’ai le sens de l’euphémisme.

Et j’en viens à me dire que j’aurais jamais dû revenir. Mais je pouvais pas rester loin d’eux, c’est physique. Tout comme je peux pas rester trop près parce que ça finira forcément par déraper avec Cassidy. Je saurais même pas dire si c’est bien ou mal, si je suis malheureux ou pas. De toute façon, j’alterne les gardes et je passe encore des heures plongé dans les bouquins. Ils viennent me voir de temps en temps, de plus en plus séparément. Et ces moments sont cools en fait. Entre Cass’ qui me traite de petit génie, qui fait mine d’avoir oublié notre baiser, tout comme je fais comme si c’était jamais arrivé, Tom qui s’amuse à empiler les livres, j’ai presque l’impression que c’est comme avant, que tout va bien entre nous.

Jusqu’à ce que de drôles de rumeurs commencent à circuler à l’hôpital. Et que tout finisse par basculer.


- Octobre 2015 : La chute...

Si je tenais un journal, je dirais que c’est vraiment là que tout a basculé pour nous. Oh, j’avais entendu des rumeurs à l’hôpital, je savais que c’était la merde et qu’il y avait quelque chose qui se passait, qui m’inquiétait. J’avais même appelé Tom qui s’était montré rassurant, qui m’avait dit qu’on pourrait filer à la campagne si besoin. Mais ça restait des rumeurs, jusqu’à ce que les premiers cas concrets finissent par arriver. Et nous fassent penser qu’il était temps de sauver notre peau.

C’est ce qu’on a fait ce jour-là, quand le monde est vraiment parti en vrille. J’ai chopé la voiture, j’ai récupéré Tom puis Cassidy. Et on a filé pour Burlington, loin de toute cette merde. C’était marrant ce réflexe. Quand tout va mal, on rentre chez papa et maman. Mais on se doutait pas que ce serait aussi galère d’aller là-bas. A peine une heure de route en temps normal mais là, on a mis la journée. Entre les barrages qui commençaient à se monter un peu partout, les gens qui paniquaient, les émeutes et j’en passe. Je suis pas du genre à flipper facilement mais j’avoue que là, j’étais content de savoir que Tom avait un flingue dans la boite à gants. On a eu de la chance de pas s’en servir, d’éviter les gros problèmes.

Et, quelque part, je me dis qu’on a quand même eu du nez. Parce qu’on s’est éloignés du gros de la masse. Parce qu’on est allés dans un endroit qu’on connaissait plutôt bien. Et qu’on savait où on pourrait se planquer. Sauf que, perso, je m’attendais pas à ce que ça arrive aussi vite jusque-là, que la population soit aussi rapidement touchée. Mes parents nous ont accueillis à bras ouverts, sans même se poser de questions.

Bon, je vais éviter de parler trop en détail des épisodes traumatisants que tout le monde qui a survécu depuis quatre ans a vécu d’une façon ou d’une autre. Que ce soit le moment où j’ai vu, deux semaines après mon arrivée, mes parents transformés en ces saloperies sur pattes,  ou de les voir bouffer l’oncle de Cassidy. Je pense qu’avec le temps, on a tous ce genre d’anecdotes déprimantes à raconter. Le fait de survivre à ce genre de trucs n’empêche pas d’avoir vu les autres mourir, d’une façon ou d’une autre.Je me suis quand même demandé, l'espace d'un instant, avant de savoir, si c'était pas nous qui avions transporté le virus à Burlington, si on les avait pas tous condamnés. Heureusement que j'ai appris que non, je suis pas sûr que j'aurais supporté ça en plus du reste.

Enfin, quand même, y a un truc que j’ai beau essayer d’occulter, je peux pas. J’ai réussi à accepter que mes parents sont morts ou tout comme. J’ai réussi à faire mon deuil. Mais j’ai toujours pas réussi à digérer que j’ai dû tuer ma propre sœur. Et que je sais pas où l’autre est passée. J’ai envie de croire qu’elle est en vie mais, j’avoue, j’ai quand même de sérieux doutes. Elle était en vacances à New-York quand tout a commencé et j’ai jamais eu de nouvelles.

Qu’est-ce qui s’est passé vous me demanderez ? Oh, comme je disais, rien de bien inhabituel pour des survivants. On savait pas encore comment ça se propageait ou ce qu’on pouvait faire pour arranger les choses. Ou plutôt pour empêcher de se faire infecter. Alors, quand ce connard de Jeff est rentré à la maison, qu’il a gueulé sur Missy parce qu’elle allait pas assez vite pour soigner sa blessure, qu’il s’est plaint de ce voisin taré qui l’avait mordu, on a pas pigé. Pas assez vite.

Il a fallu qu’il se jette sur elle. Et sur mes parents. Avant que je pige. Tom lui a tiré une balle dans la tête, sans réfléchir. Des réflexes sortis de je ne sais où, même s’il a fallu qu’il tire au moins trois ou quatre fois pour faire mouche. Franchement, je pense qu’il a eu du bol. Enfin, on en a eu.

J’avais déjà vu des cadavres, des gens mourir et j’en passe. Mais ça, j’étais pas prêt. Pas plus que de voir ma famille se transformer. Ma mère en premier. Et puis mon père. Et Missy. Ca a pas pris tant de temps que ça en fait, mais le temps avait déjà commencé à perdre tout son sens. Et là encore, on a eu du bol je crois. Mes parents ont entendu le bétail et sont allés l’attaquer. Je crois. J’avoue que j’essaie de pas trop y penser, pour éviter que des souvenirs surgissent en plus du reste.

Mais Missy est restée. Et elle a attaqué Cassidy. Elle a essayé en tout cas. Et pour la première fois de ma vie, j’ai su utiliser cette foutue batte de baseball. J’oublierais jamais le bruit de son crâne quand j’ai frappé sans réfléchir. Ou son corps au sol. Autant la mort de Jeff, je m’en foutais. Celle de mes parents, je l’ai… occultée ? Mais Missy, je pourrais jamais oublier. Probablement parce que j’ai son sang sur les mains.

- Novembre 2015 – Août 2016 : La nuit la plus sombre...

Je crois que c’est la peur qui a primé sur tout le reste pendant le premier hiver. La peur de tous ces bruits qu’on entendait, que ce soit les hurlements des autres habitants qui se faisant attraper. Le bruit des rôdeurs incessant. Celui du bétail, qui a fini par se faire bouffer lui aussi. On a pas beaucoup dormi pendant cette période, mais l’avantage c’est que la ville était petite, que les gens ont fini par mourir ou par partir… ouais, je sais, je devrais pas dire que c’est une bonne chose.

Mais c’est depuis ce jour que la peur est devenue une compagne du quotidien, qu’il n’y a pas un jour où je me réveille pas avec cette boule au ventre et cette appréhension à l’idée de devoir tuer quelqu’un pour sauver ceux que j’aime. Même s’ils sont plus que deux.

On a quand même fini par passer l’hiver. Et bordel, si les hivers sont froids en temps normal, celui-là a battu des records. On a passé des semaines enfermés dans les maisons où on squattait, grelottant les uns contre les autres, utilisant un pauvre réchaud pour réchauffer des soupes et tout ce qu’on avait réussi à emmagasiner. Heureusement, on avait des familles prévoyantes qui stockaient toujours un paquet de bouffe au sous-sol. Là où on passait le plus clair de notre temps. J’aurais juste aimé qu’on soit plus de trois pour la partager. Parce que j’ai beau dire que j’essaie de pas y penser, c’est comme là, tapi dans un coin. Qu’on avait perdu tout le monde, qu’on était plus que nous.

Au printemps, on a réalisé qu’on avait survécu. Mais que la ville était plus vraiment habitable. Que ce soit parce que tout avait été ravagé et qu’il y avait toujours plus de rôdeurs.

- Septembre 2016 – Début de l’année 2018 : Il parait qu'on s'habitue à tout, même à la fin du monde...

Je grimace alors que j’ai un dernier regard en direction de la maison qui m’a vu grandir. Je saurais pas dire pourquoi, mais j’ai comme l’impression qu’on reviendra jamais ici. Et je me tourner vers le reste du trio. « Vous êtes sûrs de vous hein ? On repart à Seattle pour de bon ? » Je suis toujours pas convaincu perso, mais Tom a eu de bons arguments. On trouvera des humains, des gens qui pourront nous expliquer ce qui s’est vraiment passé. Et même si on se mêle pas vraiment à eux on sera plus seuls au monde comme a pu l’être durant cette période.

Pourtant, on s’en sort bien tous les trois. Enfin je crois. C’est parfois un peu bizarre, surtout quand je les laisse pour qu’ils fassent… leurs trucs de couple. Je me sens de trop dans ces moments-là, sans bien savoir comment réagir, quoi faire. Surtout quand mon regard croise celui de Cassidy et que, même si notre libido à tous a pris un sacré coup avec toute cette merde, je me rends compte que les sentiments que j’ai pour elle sont toujours là. C’est même de pire en pire en fait. Probablement parce que je peux pas me changer les esprits avec une autre fille, allez savoir.

On finit par croiser des gens de temps en temps. Entre deux groupes de rôdeurs. On en aborde certains, il nous arrive même de passer plusieurs jours avec eux. Mais on se retrouve le plus souvent tous les trois. Contre le reste du monde, ou un truc du genre. Parfois, on retrouve notre vieille complicité, même si c’est fugace. Parfois, c’est explosif. Mais c’est vivant.

Et ça marche. Pendant des semaines, des mois. Plus d’un an même. Cassidy et moi on se rapproche de nouveau, peut-être un peu trop, je saurais pas dire. Et je préfère ne pas y penser. Parce que c’est tout aussi instinctif que de respirer pour moi. Mais Tom ne dit rien. Il fait avec ou il voit rien, là encore, c’est pas comme si le moment était propice pour y songer.

Y a des moments plus compliqués que d’autres. Que ce soit à cause des intempéries, des rôdeurs qui nous prennent, heureusement, de moins en moins souvent au dépourvu. Il nous arrive de perdre de vue des gens qu’on a croisés. De les perdre tout court. Alors on s’attache à personne d’autre qu’à nous. On se raccroche à ce qu’on a été depuis toujours, sans vraiment penser au reste.

Et tuer des rôdeurs devient habituel. C’est horrible de dire ça, parce que c’était des vrais gens avant. J’ai toujours une pensée pour Missy quand j’utilise ma batte de baseball mais la survie est plus importante que la mauvaise conscience. Pour un mec qui voulait sauver des vies, autant dire que c’est pas un truc sur lequel j’ai trop envie de m’appesantir. J’ai parfois l’impression d’oublier qui j’étais, qui j’ai voulu être. Parce que tuer, survivre et tenir bon prend le pas sur tout le reste.

On reste sur Seattle. Passant d’une maison à l’autre, d’un quartier à l’autre. Jamais plus d’une semaine au même endroit, question de principes. Et on s’habitue, à cette vie de nomades. Même si c’est usant pour les nerfs. A un point que Tom finit par nous proposer de rejoindre un groupe. Cassidy est contre, moi je suis plus mitigé. Mais, au final, on a pas vraiment le temps de se poser plus longtemps la question.

- Mars 2018 : C'est l'histoire d'un mec qui tombe dans un trou...

Je pose ma main sur sa joue et je l’oblige à me regarder dans les yeux, sans prêter attention au sang dont je lui macule le visage. L’avantage, c’est que c’est pas le mien, mais celui du rôdeur qu’on a explosé. J’essaie d’être calme, autant que possible avec tout le bordel qu’il y autour de nous et je souffle, d’une voix qui ne tremble presque pas. « Tu dois t’en aller Cass’. Sinon on va tous crever ici. Je vais rester planqué là, vous faites du bruit pour les attirer et vous revenez plus tard. Je serais là, je vous attends. C’est un plan parfait. Et au pire, on se retrouve dans quelques jours au mémorial. » On sait tous les deux que non, que je vais probablement y passer. Mais je dois jouer le jeu. Pourtant, elle commencer à répliquer, à parler, à bafouiller. J’avoue que j’ai trop mal pour l’entendre et que ça commence déjà à bourdonner dans mon crâne alors je fais la seule chose qui me vient à l’esprit, sans me préoccuper de Tom qui doit nous regarder. Et je l’embrasse, comme j’ai jamais osé le faire jusque-là. Avant de souffler, contre ses lèvres. « S’il te plait. Fais-le pour moi. » Je vois les larmes briller dans ses yeux alors qu’elle secoue la tête. « Je t’aime Cassidy. Ne l’oublie pas. »

Et, avant qu’elle ait le temps de dire quoi que ce soit, je vois Tom qui la ceinture par la taille pour l’éloigner de moi. Nos deux regards se croisent et je vois les larmes rouler sur ses joues. « Veille sur elle, d’accord ? » Il hoche la tête, marmonnant un truc comme « tu fais chier » alors qu’il l’entraine loin de la maison. Non sans me laisser un de ses flingues. Pour en finir avant que je me fasse submerger par la horde qui nous attend dehors je suppose.

Je baisse alors les yeux, grimaçant alors que je regarde ma cheville qui a déjà doublé de volume. Et l’estafilade le long de mon tibia quand je me suis retrouvé la jambe coincée et que j’ai du forcer pour sortir de là. Ca fait mal, super mal. « … okay Nolan, je crois que c’est pas ta journée là. » J’ai un rire nerveux alors que j’essaie de penser comme le médecin que j’aurais dû être. Il faut que j’évite de bouger mais que je désinfecte la coupure avant que j’ai un problème. Je fouine dans mon sac pour trouver de l’alcool à 90° dont je m’asperge généreusement, non sans pousser un cri de douleur. J’entends les cris dehors. Ils sont en train d’attirer leur attention, de les éloigner de moi. Quelle merde sérieux.

Presque autant que de se casser la gueule dans une congère, que de se coincer la jambe dans une voiture enfouie sous la neige et de se tordre la cheville au point de plus pouvoir poser le pied par terre. Tout en étant poursuivis par des rôdeurs, sinon ce serait pas drôle.

J’essaie de me concentrer pendant que je le peux encore et je regarde autour de moi. Que dalle. Y a vraiment que dalle. Au moins, la coupure est vraiment pas profonde, je dois juste faire gaffe à ce qu’elle s’infecte pas. J’essaie d’examiner ma cheville mais je la touche un peu trop fort.

Et je tombe dans les pommes.

Parfois, on peut croire aux miracles. C’est plus mon cas depuis longtemps. Sauf que le fait de me réveiller, au bout de je ne sais pas combien de temps, sans m’être fait bouffer, c’est juste hallucinant. Alors je me suis dit que j’allais peut-être pas mourir de suite.

J’ai réussi à me traîner jusqu’à la maison d’à côté. Puis encore une autre. A me trouver une atèle. Et de quoi désinfecter encore et toujours ma coupure. J’ai même balancé du whisky dessus une fois. Autant dire que ça m’a fait beaucoup de peine.

J’ai réussi à survivre, malgré tous mes pronostics. Comme quoi, j’aurais ptet pas fait un si bon médecin que ça. J’ai perdu pas mal de poids mais je me suis forcé. Tous les jours. A marcher, faire de l’exercice. Tous ces trucs d’abdos et de pompes qui me gonflaient quand j’étais ado. Même si ça faisait super mal. Au moins, j’évitais de penser au fait qu’ils étaient jamais revenus. Parce qu’ils étaient probablement morts.

Mais moi, je suis en vie. C’est déjà mieux que rien non ? Enfin, je crois. Et tant que je serais pas sûrs qu’ils le sont pas, je peux pas lâcher.

- Printemps 2018 – Printemps 2019 : I'm a survivor, I'm a... ouais non...

J’aimerais bien donner des dates mais, pour être parfaitement honnête, je crois que j’ai perdu toute notion du temps. Je sais vaguement quel mois on est. Et encore, j’ai souvent des doutes. J’ai fait un test l’autre jour, quand j’ai croisé un petit groupe. Aucun n’était foutu de me dire quel jour on était, aucun n’avait la même heure sur sa montre. Si tant est que leurs montres fonctionnaient encore.

C’est comme si le temps, sa mesure, n’avaient plus aucun sens.

J’ai passé l’hiver. Je sais pas comment en vrai. Je suis sorti de là la mine hagarde, blanc comme un linge et avec une tête de cadavre sur pattes. Je crois même que j’ai fait peur aux premières personnes que j’ai croisées. Mais les premières sorties, quand le soleil a commencé à faire fondre les tas de neige, m’ont fait du bien. Je me suis senti revivre un peu. Et je me suis senti un peu moins déprimé, moribond. Même si, depuis cet hiver-là, j’arrive plus à sourire comme avant. Je me sens comme l’ombre de moi-même depuis que je les ai perdus et, plus d’une fois, je me demande vraiment si ça vaut la peine de continuer comme ça. Pourtant je le fais, sans bien savoir pourquoi.

Appelez ça un réflexe de survie, allez savoir. Après des semaines à errer tout seul, je tombe sur un groupe et je reste quelques temps avec eux. Mais j’ai pas réussi. A rester. Comme si m’attacher à qui que ce soit était trop risqué. Ou alors j’en suis juste incapable. J’ai repris la route, passant d’une maison à l’autre, n’arrivant pas à me poser à un endroit précis.

Un nouvel hiver arrive et celui-là est encore pire que les autres. Je crois que jamais je me suis senti aussi seul de ma vie. J’ai l’impression que la mort se penche de plus en plus par-dessus mon épaule, comme si elle attendait de voir à quel moment je vais finir par craquer pour de bon et, quand je me dis des trucs du genre, j’en viens à me dire que j’ai pété un câble pour de bon.

J’ai arrêté. D’aller au mémorial. Ca servait à rien d’autre qu’à me déprimer d’avantage. Je sais pas s’ils sont morts ou partis, dans tous les cas, c’est pas vraiment important. Plus rien n’est important de toute façon.

- Juillet 2019
: Et maintenant ?

Et ouais, je sais quel mois on est. Un véritable exploit hein. Comme quoi tout peut arriver. J’ai survécu à l’hiver. A la déprime. A… un peu tout en fait. Je vais pas dire que je vais bien, ce serait mentir. Mais ça pourrait aller plus mal. Je suppose.

Je me passe distraitement une main dans les cheveux, non sans grimacer de douleur quand je sens la croûte qui finit à peine de se former à l’arrière de mon crâne. Je me suis pas raté cette fois. Enfin si, heureusement que je me suis raté en fait. Je suis passé à travers les lattes pourries d’un plancher et je me suis retrouvé à l’étage du dessous. Ma tête s’est fracassée contre je sais pas quoi et je me suis … encore… évanoui. J’ai eu du bol, je suis tombé sur un couple sympa. Ils s’appelaient comment déjà ? Merde, ça fait deux semaines et j’ai déjà oublié leurs noms. Ca craint ça. Je peux même pas dire que je perds la mémoire, je suis encore capable de me rappeler de tous mes cours et pire encore. Mais les noms, je retiens plus. Comme si mon inconscient voulait éviter. En tout cas, ce petit couple m’a sauvé la mise. Enfin après, c’était juste une petite déchirure du cuir chevelu au final. Donc ça saigne pas mal mais, au fond, ça craint pas grand-chose dès qu’on a bandé le tout. Ce qu’ils ont fait. Et ils m’ont veillé pendant quelques jours. Avant de repartir en direction du sud. J’ai hésité à les accompagner. Vraiment hésité. Vu que j’avais techniquement plus aucune raison de rester là.

Mais j’ai fini par dire non. Ils m’ont filé une adresse, dans le Nevada. Si un jour je me sens de faire la route jusque là-bas. Ma foi, on verra bien. Je commence à me dire que ça vaut plus vraiment la peine de m’attarder, que je peux pas continuer comme ça, à ne faire que survivre en espérant je sais pas quel miracle. Comme si l’un des deux allait apparaitre comme par magie. Le pire ? C’est que je me sens coupable à l’idée que je voudrais que ce soit juste Cassidy. Et ça, c’est super moche.

Je secoue la tête alors que j’entends un bruit inhabituel percer le silence pesant qui est devenu notre lot quotidien. Bordel, ça, je connaissais avant. Y a genre toute une vie. Et, sans que je sache bien pourquoi, je repense au toit de l’hôpital, quand les urgences arrivaient par hélico.

Je vois alors l’engin fumer dans le ciel, comme s’il lui laissait une sale cicatrice. Pour atterrir, ou s’écraser, je ne sais où. Et puis, de nouveau, le silence.

Enfin, pas tout à fait.

Alors, forcément, cette fois je vais éviter de faire mon associable. J’ai besoin de savoir ce qui se passe et je me rends au no man’s land, par lequel je passe régulièrement ces derniers mois. Faut dire que mes petits talents médicaux sont plutôt appréciés et que j’ai fini par les vendre. Enfin par les troquer. En échange de bouffe, de fringues, peu importe. Ca m’oblige à être un peu sociable, à ne pas m’enfermer totalement et à pas me laisser mourir dans un coin. Et j’ai presque l’impression de me rendre utile.

Sauf que je sais pas encore que tout va changer une nouvelle fois.



Je grogne tout seul alors qu’un rayon de soleil perce à travers les planches clouées. En plein sur la gueule. Y a pas à dire, niveau timing, je suis pas mal. J’ai pas spécialement envie de m’extirper de mon duvet ce matin. Faut dire qu’il fait plutôt frais et que je suis encore un peu malade. Y a que moi pour choper des rhumes alors qu’il y a un virus qui décime l’humanité. Enfin, au moins, j’ai plus de fièvre.

Mais, comme tous les jours depuis que la fin du monde est arrivée, je finis par me sortir de là. Je suis incapable de dormir plus de quelques heures d’affilée et, quand c’est le soleil qui me réveille, je peux m’estimer heureux. La plupart du temps, je dors que d’un œil et je sursaute à chaque bruit suspect. C’est l’inconvénient quand on est seul depuis plus d’un an. On a tendance à plus vraiment dormir. Et à avoir une tête de déterré.

Je soupire alors que je boitille jusqu’à la salle de bains de la maison où j’ai passé la nuit. C’est le matin que ça fait le plus mal mais, dans la journée, quand je marche, mes muscles se détendent et j’arrive à ne plus trainer trop de la patte. Sauf quand il pleut ou qu’il fait trop froid là c’est une autre histoire et je me retrouve souvent cloitré dans un coin en attendant que ça passe.

Et je fixe mon reflet dans le miroir, la mine dubitative. « Encore une grande journée devant toi Nolan. » Parfois, le son de ma propre voix me surprend. Je peux passer plusieurs jours sans croiser qui que ce soit, sans prononcer un seul mot. Alors je m’efforce de parler tout seul. Ca peut parait un peu dingue, je sais bien, mais c’est justement tout ce que j’ai trouvé pour pas devenir totalement cinglé.

Ca va faire cinq jours que je squatte ici. Je me dis que je vais devoir bientôt dégager même si je me sens plutôt en sécurité ici. Pourtant, je reste jamais plus d’une semaine au même endroit. Et c’est vraiment mon grand maximum. Question d’habitudes. J’attrape ma gourde et je m’asperge un peu de flotte sur le visage, histoire de me réveiller un peu, avant d’entendre mon ventre qui gargouille.

Je crois que le programme du moment, c’est soupe lyophilisée périmée. C’est pas aussi horrible qu’on pourrait le croire et y en avait encore tout un stock dans la baraque. Je me débrouille souvent avec ce que je peux trouver mais ça devient de plus en plus difficile. Enfin, en étant tout seul, ça reste plus gérable mais, le temps passant, j’ai dû me forcer et renouer des liens avec les autres humains. Pour troquer ce que je peux trouver contre de la vraie bouffe. Le pied quand j’ai remangé des légumes frais, pour un amateur de malbouffe, autant dire que c’était le comble.

Je vais peut-être aller troquer quelques trucs aujourd’hui d’ailleurs. J’ai trouvé des fringues potables que je pourrais échanger et, surtout des pains de savon dans un coin. J’en ai gardé pour moi mais je me dis que ça pourra bien se monnayer. Ou voir si quelqu'un a besoin du Doc. C'est comme certains que certains m'appellent. Faut dire que je reste pas bien longtemps, que je suis pas bien bavard. Ca les amuse parce que, bien souvent, je demande des bouquins ou des trucs improbables en échange des premiers soins que je peux prodiguer. Et après, je finis par passer quelques jours enfermé dans un coin, à bouquiner, à essayer de pas me demander pourquoi je continue, jour après jour, quel est le sens de tout ça. Autant dire que ça devient de plus en plus compliqué d’éluder cette question qui n’a bien évidemment pas de réponse.

Parce que tout seul, ça n’en vaut pas la peine, je le sais bien. Et je sais pas combien de temps je vais tenir encore comme ça. Pour autant, je me vois pas lâcher prise, je suis trop têtu pour ça. Et je me vois pas quitter Seattle. Comme si un part de moi espérait encore les retrouver en vie.

Alors, comme tous les jours, je vais sortir de là, passer au mémorial où on s’était fixé rendez-vous. Attendre une heure. Puis deux. Et repartir. Tout seul. En continuant de me raccrocher à quelque chose qui n’a probablement plus lieu d’être.


time to met the devil

• Pseudo (sur internet) : Riley c'est bien !Nolan donc Very Happy
• Âge irl : En panda roux, ça marche ?
• Présence : Régulière !
• Personnage : Inventé [x] / scénario/prédef [ ]
• Comment avez-vous découvert le forum ? Top-site si je dis pas de bétises
• Qu'est-ce qui vous a convaincu de vous inscrire ? je cherchais un post-apo depuis longtemps, celui-là m'a fait de l'oeil plusieurs fois sans que je me décide à sauter le pas ^^.
• Voulez-vous un parrain pour vous aider sur le forum Oui [ ] / Non [x]
• Crédits (avatar et gifs) ÉCRIRE ICI

• Code du règlement Validé Rrrroza

fiche (c) langouste.
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Re: Nolan Wilson - here I am...

Mar 19 Nov 2019 - 11:22

Bienvenue à toi !

Je te souhaite une bonne rédaction ! En attendant il va falloir corriger un petit point : le prénom de ton pion Very Happy ! Malheureusement Riley est un prénom mixte et déjà pris coté femme sur le forum, il faudra donc changer  Wink

Je te laisse MP un admin, celui de ton choix : @Selene Sweetnam ou @Jack Ross avec le nouveau prénom pour qu'il puisse te changer ça =)

Bonne journée !



bienvenue sur le forum !

Te voilà fraîchement inscrit sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :

1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours. Un délai supplémentaire peut être accordé par un membre du staff sur demande.

2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux bottins des noms, des prénoms, des métiers et des avatars.

3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.

4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire !  Si tu choisis d'intégrer le groupe des Travelers, il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.

5 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.

6 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.



Bonne rédaction !
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Re: Nolan Wilson - here I am...

Mar 19 Nov 2019 - 11:31

Oh mince, j'avais juste vérifié coté garçons Very Happy
Je m'occupe de corriger le tir de suite ! Désolé !
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Re: Nolan Wilson - here I am...

Mar 19 Nov 2019 - 11:39

Bienvenue à bord Mr Wilson et bon courage pour le reste de ta fiche !! Nolan Wilson - here I am... 1464651733
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Re: Nolan Wilson - here I am...

Mar 19 Nov 2019 - 11:51

Bienvenue dans le coin!
Ton prénom est changé Smile





What a lovely day.
Maxine E. Reynolds
Maxine E. Reynolds
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Re: Nolan Wilson - here I am...

Mar 19 Nov 2019 - 11:54

Bienvenue à toi Riley Nolan Smile bon courage pour la rédaction !
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Re: Nolan Wilson - here I am...

Mar 19 Nov 2019 - 14:16

Bienvenue Nolan !! Bonne rédaction ! =P
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Re: Nolan Wilson - here I am...

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