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And of course, it had to fall on me

Mar 25 Juin 2019 - 13:01

La journée commençait comme toutes les autres pour la fleuriste, avec l'aube naissante qui vint la réveiller. Elle ne dormait jamais beaucoup et quand les premières lueurs du soleil teintaient le ciel d'orangé et de rose, elle n'était que rarement endormie. Ce matin-là non plus, alors que le soleil se levait lentement, elle ne dormait pas mais était assise, recouverte de son duvet vieillissant, à regarder le ciel. Elle poussa un long soupire, pensant à la journée qui l'attendait déjà, à la marche qu'elle allait devoir faire, s'orientant grâce au soleil pour toujours aller vers le sud. Vers le sud, c'était ce qu'ils visaient avec son frère, c'était par là qu'elle continuait de se rendre...Qu'aurait-elle pu faire d'autre de toute manière, elle ne savait pas se diriger, c'était Shin qui savait s'orienter, qui savait chasser. Elle n'était bonne qu'à faire cuire ce qu'il ramenait, à attendre que ce soit lui qui prenne les décisions...

Avant que le soleil ne se soit vraiment levé, Johanna avait déjà remballé ses quelques affaires, prête à reprendre la route. Elle n'avait avalé qu'un maigre morceau de viande séchée qu'il lui restait, pas grand chose mais c'était tout ce qu'elle pouvait se permettre tant qu'elle n'aurait pas récupéré quelques vivres. Il y en aurait peut-être sur sa route, au moins quelque chose de mangeable à défaut de pouvoir être gardé pour les jours à venir. La fleuriste ne voulait cependant pas penser à tout cela, elle préféra avancer, chargée de son sac et de ses maigres affaires, rien de tout cela ne pesait bien lourd. La progression de Johanna était lente, elle faisait attention à éviter les espaces trop découverts et à surtout ne pas faire de bruit. Elle était loin de savoir se défendre seule et sa meilleure chance était d'éviter de se faire remarquer, d'éviter les survivants comme les morts...

La ruelle qu'elle empruntait était silencieuse comme la mort, il n'y avait aucun mouvement, aucun bruit, juste elle qui avançait pas à pas en regardant de tous côtés. Elle préférait les petites ruelles, pour voir venir le danger, même si la fuite était plus difficile dans un espace restreint. Mais la ruelle s'arrêta bien trop vite à son goût pour déboucher sur une rue large, où se trouvaient plusieurs voitures rouillées et incapables de bouger. Johanna regarda partout, cherchant des morts ou des vivants dans les parages, cherchant quoi que ce soit qui puisse être une menace. Mais il n'y avait toujours aucun bruit, aucun mouvement. Elle en conclut que c'était sûr, qu'elle pouvait y aller, longeant l'un des immeubles avec prudence.

Elle n'était jamais venue dans cette partie de la ville encore, peut-être que certains des bâtiments qu'elle longeait n'avaient pas encore été pillés. Après tout, ça valait le coup d'essayer et ça aurait le mérite de l'éloigner de la rue jusqu'à ce qu'il fasse un peu plus sombre. Elle tenta de pousser plusieurs portes, qui restèrent toutes en place, toutes closes, jusqu'à ce que l'une d'entre elles, enfin, s'ouvre sous son poids. Elle pénétra dans un magasin, le genre magasin de bric-à-brac vendant pratiquement tout, de la vaisselle design aux bougies parfumées. Il y aurait des choses à récupérer, sans doute pas de la nourriture, mais des choses utiles peut-être.

La fleuriste se mit à tout regarder, soulevant quelques débris d'étagères, à la recherche de tout ce qui pourrait bien se garder et s'utiliser. Sa recherche la conduisit jusqu'à l'arrière-boutique, fouillant toujours, mais perdant un peu de sa prudence. Quand elle entendit un grognement sinistre, elle se figea, n'esquissant pas de mouvement avant quelques instants. Le grognement se reproduisit et elle tourna la tête avec une lenteur infinie jusqu'à voir le mort dans son dos, avancer vers elle en boitant. Paniquée, la fleuriste recula, trébuchant légèrement et tombant contre un placard dans lequel elle se hâta de s'enfermer. Elle sentait l'odeur de décomposition à plein nez et entendez les grattements frénétiques du rôdeur contre les portes en bois. Même si elle maintenait les portes fermées, elle ignorait combien de temps elle pourrait bien tenir et les morts ne se fatiguaient pas aussi vite qu'elle...
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Re: And of course, it had to fall on me

Mer 26 Juin 2019 - 10:08

C’est con, mais je sais toujours pas c’que j’ai fait d’mal ce matin.

En quittant le No Man’s Land, en croisant Kara, en lui lançant un bonjour presque enthousiaste, et en me recevant un regard lourd de reproche ensuite. J’sais pas c’que j’ai pu dire, et comme un abruti, ça m’tourne dans le crâne depuis. Alors ouais, j’suis un poil contrarié, faut bien l’admettre. Contrarié d’pas comprendre, d’pas savoir, d’me prendre la tête comme ça alors qu’ça devrait m’en toucher une sans faire bouger l’autre. Jarod a eu l’air d’en avoir rien à foutre – il a bien raison. Mais Jarod est pas vraiment intimidé par Kara, par son attitude, par ses regards défiants. Tout ça, ça lui échappe.

Mon frère est fort pour ça. Jamais se sentir rabaisser, moins bien qu’un autre. Moi, c’est pas aussi évident, même si j’en aurais envie. J’veux dire… J’suis pas un franc modèle de réussite contrairement à lui. J’le serais jamais. Et c’est pas le genre de trucs qui m’réussit de toute façon. Dès qu’j’essaie d’aligner les choses bien comme il faut, y’a un retour de bâton assez violent qui vient gâcher mes efforts. Alors, pourquoi essayer ?

Allez. J’me promets maladroitement d’plus y penser, et j’laisse Jarod au bout de la rue. J’ai besoin d’être seul, j’ai besoin d’me vider la tête autrement. Pas avec ses commentaires chiants sur ce que j’devrais faire de mon existence. Mon frangin est peut-être une grosse tête pleine d’intelligence, mais qu’est-ce qu’il peut me les briser parfois…

C’est p’t’être le cinquième local que j’visite sans trouver grand-chose. La boutique de décoration – ou ça y ressemble, mais moi tu m’demandes d’faire la différence entre un pantacourt et un bermuda, j’suis déjà perdu – est quasiment vide si on omet l’bordel qu’il s’déroule dans l’arrière-salle. J’me plante devant la porte qui mène jusqu’à elle, et pousse un long soupir. Sérieux, y’a un moment d’hésitation con qui passe, quand j’me dis que j’ai qu’à fermer et retourner à mes affaires. Sauf que l’un des morts s’retourne et me voit, et qu’j’ai plus vraiment le choix.

Tu fais chier, j’lâche ça en attrapant le tomahawk à ma ceinture, avançant au-devant des problèmes. Il m’suffit de le saisir par les cheveux et de lui enfoncer profondément la lame dans l’crâne. Quand j’la retire, une gerbe de sang marron en ressort, et les autres s’déconcentrent un peu. Ils sont plus que deux.

Deux, dont un qui s’fait surprendre par derrière quand je lui éclate la tête contre le bois du placard. Ça tape, une fois, deux fois. Puis ça l’balance en arrière quand l’autre se focalise sur moi. Le tomahawk tranche l’affaire, et j’reprends ou j’en étais avec le premier. Trois fois, quatre, cinq. Dix. C’est à douze que le cerveau putride prend, et que je lâche l’affaire en un soupir soulagé. Le souffle court.

J’suis trop vieux pour ces conneries, et j’éponge mon front couvert de sueur – et d’un peu de sang. J’sens la mort maintenant, un mélange de transpiration et de cadavre. Puis, j’me fige. Trop con pour pas comprendre pourquoi ces morts s’sont lovés contre le placard. J’avise la porte entrouverte, vois une silhouette prostrée. Sors de là.

Ma main s’porte à mon arme à feu que j’sors, prépare.

Doucement, et tes mains en évidence.

Evidemment.


Inachevés
La médiocrité commence là où les passions meurent. C'est bête mais j'ai besoin de cette merde pour sentir battre mon cœur. J'ai tellement misé sur mes faiblesses et mes failles, j'mérite une médaille au final j'ai fait qu'briller par mes absences.
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Re: And of course, it had to fall on me

Mer 26 Juin 2019 - 12:29

Espérer et prier n'était généralement pas la meilleure méthode pour que les choses s'arrangent. Souvent, il valait mieux agir et se sortir soi-même des emmerdes plutôt que d'attendre que quelqu'un le fasse pour vous. Ce n'était pourtant pas son genre, elle ne pouvait pas, elle n'avait pas les capacités pour se défendre, elle le savait. Alors s'enfermer dans un placard en priant que les morts se lassent ou qu'ils trouvent un autre centre d'intérêt était la seule chose qu'elle était en mesure de faire à l'heure actuelle...Elle luttait pour garder les portes fermées mais ses forces commençaient à s'amenuiser dangereusement et elle ne voulait pas finir en casse-croûte pour cadavres en décomposition...

Une voix se fit entendre, une voix d'homme. L'espace d'un instant, d'un tout petit instant où l'espoir et la folie surpassèrent la raison et la logique, Johanna crut entendre son frère. Mais non, ce ne pouvait être Shin. Ce ne serait plus jamais Shin et elle en était parfaitement consciente. Ce n'était qu'un mirage, il n'y avait pas eu de voix, il n'y avait personne pour lui venir en aide comme avant.

Et pourtant...Les bruits du combat retentissent de l'autre côté des portes en bois, le bruit de la chair qui se faisait taper dessus, les suintements dégoûtants du sang en putréfaction et des autres fluides que les morts relâchaient...Le placard lui-même servit d'arme, à entendre les chocs sourds et violents d'un crâne contre le bois. La petite fleuriste se recroquevilla complètement au fond du meuble, fermant les yeux et se bouchant les oreilles des mains pour ne pas entendre tous ces bruits, pour ne pas entendre le combat qui se déroulait là-dehors...Et si son vœu d'échapper aux morts s'était exaucé, maintenant elle ne priait plus que pour celui qui l'avait sauvé ne soit pas plus dangereux encore. Les vivants pouvaient être pires que les morts, au moins les morts ne voulaient que manger...

Tremblante et encore apeurée, Johanna entendit la voix de l'homme à nouveau, mais cette fois, c'était à elle qu'il s'adressait. Elle rouvrit les yeux doucement, décollant les mains de ses oreilles et posant ses grands yeux sur lui au travers de l’entrebâillement de la porte. Johanna était partagée. Elle voulait rester figée, ne pas bouger et espérer qu'il s'en aille. Mais elle avait aussi peur de ce qu'il pourrait faire, du danger qu'il représentait. Elle ne pouvait pas rester figée, elle le comprit en voyant l'arme à feu qu'il tenait et dont, elle en était persuadée, il n'hésiterait aucunement à se servir.

Johanna avança, les mains en l'air, poussant la porte doucement et sortant du meuble qui tenait encore debout par miracle vu les chocs qui l'avaient ébranlé. Elle se releva avec lenteur, constatant que l'homme était non seulement plus grand qu'elle mais également plus vieux et qu'il avait l'air bien plus à même de survivre dans ce monde qu'elle..." Me faites rien pitié... " marmonna-t-elle d'une petite voix suppliante, braquant ses grands yeux sur lui, comme si cela allait changer quoi que ce soit si il décidait de s'en prendre à elle pour son matériel ou autre chose.
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Re: And of course, it had to fall on me

Mer 26 Juin 2019 - 13:21

Mon canon est braqué sur la silhouette dans le placard.

J’suis patient quand il s’agit d’être prudent, notamment parce que j’ai horreur qu’ma vie soit dans la balance. J’sais pas trop sur quoi j’vais tomber, j’m’imagine presque à une gamine quand j’vois la forme se déplier, se mettre partiellement sur ses appuis. Partiellement, parce qu’elle reste voûtée, frileuse même, en se présentant à la lumière.

Une petite brune, de grands yeux sombres, un teint poupon, rougi par l’effort sans doute. J’la fixe de haut en bas, et un truc me frappe : j’viens de retrouver Bambi. C’est sûr. J’fronce les sourcils d’étonnement, j’peux pas cacher la surprise que cette rencontre m’inspire. Cette nana a l’air tellement flippé par ma présence que j’sais plus trop où m’foutre, j’me suis peut-être montré trop froid avec elle tantôt, c’est presque si elle se met pas à trembler comme une feuille en plein hiver.

Oh bordel, ça me met mal à l’aise, j’suis pas aussi effrayant quand même !

J’vais pas t’faire de mal ! Que j’lui lance, avec une pointe de reproche dans le regard, et un air de dire que c’est bon, si elle décide de me planter un couteau dans le dos, j’aurais juste l’air d’un gros blaireau.

J’baisse mon arme, Jarod me collerait probablement des claques, mais quand il s’agit de taper sur plus faible, j’suis encore trop lâche pour avoir le cœur d’le faire. On a volé jusque là que des gens qui savaient plus ou moins se défendre, des groupes surtout. Peut-être parce que des personnes isolées sont pas d’assez gros morceaux pour lui, va savoir. Dans tous les cas, on a eu un semblant de décence quand il s’agissait de s’en prendre à des gosses, des femmes seuls, des gars trop vieux.

Et là, j’viens plus ou moins de lui sauver la vie, c’pas pour la braquer ensuite. Pas vrai ? Oh merde, j’sais plus quoi faire. Et c’est agaçant. J’suis pas la tête pensante du duo, j’l’ai jamais été. Jarod trouverait sans doute l’bon truc à dire. Alors faut que j’me mette dans ses bottes là, que j’pense comme lui ! Qu’est-ce qu’il dirait ?

Qu’est-ce que tu fichais planquer là-dedans ? Et d’puis combien de temps tu y es ? Les questions fusent, elles sont un peu agressives, mais en même temps, j’suis pas censée être trop sympa. J’viens d’éclater trois zomblards à coup d’porte de placard, on a connu plus discret : T’as été mordu ?

Ouais ! ça c’est une bonne question.
J’aurais dû commencer par-là, quel con.

Et puis, en disant ça, mon flingue se relève de lui-même. Si elle dit oui, j’abrègerais ses souffrances. Rapide, mais pas de gaieté de cœur hein, qu’elle se méprenne pas.


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Re: And of course, it had to fall on me

Mer 26 Juin 2019 - 14:44

Était-ce vraiment de la surprise qu'elle pouvait voir sur son visage...? La fleuriste peinait à y croire, elle s'attendait à quelqu'un d'agressif, prêt à se défendre si elle faisait un geste de travers. Mais non, il semblait surpris de ce qu'il venait de trouver dans le placard, comme si il s'était attendu à tout sauf à une petite nana apeurée. Il tenta de la rassurer, baissant même son arme, et ça marcha au moins un peu puisque Johanna souffla un peu, tremblant moins, même si elle n'osait pas encore baisser les mains. Après tout, ça ne pouvait être qu'une ruse, même si elle y croyait peu, à la tête qu'il faisait...

La fleuriste ne savait pas bien où se mettre, ni quoi faire. Elle était face à un homme armé, déconfit par ce qu'il venait de trouver, mais il n'en restait pas moins plus fort et plus grand qu'elle. Les mains toujours levée, elle ne bougeait pas, restait devant le placard à le regarder, attendant qu'il se décide à dire ou faire quelque chose. Qu'aurait-il pu faire d'autre de toute façon...? Fuir ? Oui, elle aurait pu essayer de courir, de le pousser et de s'enfuir, mais elle ne se sentait pas capable de l'ébranler en le poussant ni même de le distancer si il voulait lui courir après...

Sa tête s'inclina de surprise à ses questions. Non seulement il était surpris mais il semblait accorder quelque importance à pourquoi elle était là et comment elle s'était retrouvée dans cette situation. Il ne pensait pas avoir sauvé quelqu'un en s'occupant des rôdeurs, sans aucun doute. " Je heu...Bah... " commença-t-elle à bafouiller alors qu'une idée venait de traverser la tête de l'homme, qui releva du même coup son arme vers elle. Johanna esquissa un bref mouvement de recul et déglutit de crainte. " Non...Je...J'ai pas été mordue... " dit-elle rapidement, dans un souffle apeuré. Elle ne voulait pas prendre une balle parce qu'il la croirait malade !

Ses yeux allèrent du visage de l'homme au canon de l'arme, et vice-versa, quelques instants. " Je me suis cachée là quand un des zombies m'est tombé dessus, " avoua-t-elle enfin, ses prunelles sombres retournant accrocher les siennes, claires et incroyablement bleues. " Merci, " marmonna-t-elle sans le quitter des yeux. " Si...si t'avais pas été là...Enfin bref, juste merci quoi. " Ce n'étaient que des mots, elle aurait aimé pouvoir faire plus mais ce n'était pas comme si elle avait quoi que ce soit à lui offrir pour le remercier. Parce qu'au-delà de la peur qu'elle avait ressenti en le voyant, maintenant qu'il semblait amical, la vérité s'était imposé à elle : sans lui, elle se serait faite bouffer.
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Re: And of course, it had to fall on me

Mer 26 Juin 2019 - 15:41

La menace passe, elle me regarde avec de grands yeux d’biches.

Elle a pas été mordu. Ok. Dans la foulée, je baisse mon arme, prenant pour argent comptant ce qu’elle me dit. Ça se trouve, elle me ment, j’en sais rien et j’irai pas vérifier. Tout a l’air terriblement absurde maintenant qu’on y regarde bien, et j’me sens toujours comme le dernier des cons dans ce genre de moment. Sans danser sur mes appuis, j’la fixe de haut en bas, comme si j’avais envie de voir quand même si une marque pourrait pas ressortir dans tout ça. Mais elle ressemble à toutes les survivantes qu’on croise dehors, en moins douée cependant.

Elle s’est cachée quand un zombie a essayé d’en faire son casse-dalle, c’que je peux comprendre. Ça peut surprendre, ces choses-là, et on peut se retrouver prise de court. Excepté qu’j’ai pas tout à fait l’impression que ça soit exclusivement ça en la regardant. Elle a quoi pour s’défendre ? C’est quoi, ces armes ? J’me mordille la joue un temps, signe que j’ai besoin d’une clope rapidement. Et j’sais pas où j’ai foutu mon paquet – quasiment vide.

Hein ?

Elle baragouine un truc vite fait, j’ai du mal à comprendre. Un merci, que je comprends vite fait, un machin du genre en tout cas. Ok, c’est sympa quand même. J’suis pas venu pour ça faut bien l’dire, mais je vais pas le lui souligner. Y’a sûrement moyen de se faire mousser. J’ai d’ailleurs l’air d’un grand dadet sur le coup, pas peu fier d’avoir fait mon petit effet. Boh, y’a pas de quoi en faire des caisses, mais j’vais pas trop laisser l’occasion filer de supporter des mots pas désagréables, pas vrai ?

Y’a pas d’quoi, que j’lui lance avec un presque-sourire. Mes rides s’creusent, j’relève mon chapeau pour rabattre mes cheveux grisonnants en arrière. On peut tous s’retrouver pris d’court par des morts, alors… Alors… Rien. Qu’est-ce que vous voulez que je rajoute à ça moi ? J’suis pas doué pour les grands discours. Enfin j’sais pas c’que tu cherchais ici, mais y’a pas rgand chose.

J’lui demande pas son nom, je tourne les talons brièvement avant d’aviser la pièce en face d’un autre regard. Des bougies ? Qu’est-ce que je pourrais foutre de bougie, moi ? J’sors un paquet de ma poche, fixe le néant à l’intérieur. Il m’en reste deux, c’est terriblement frustrant.

T’as pas une clope par hasard ? que je lui demande en me retournant vers elle, sur le départ aussi. J’suis à court, que j’mens en refourguant le tout dans ma poche. Deux, c’est pas être à court. Mais si j’peux économiser hein.


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Re: And of course, it had to fall on me

Mer 26 Juin 2019 - 16:48

La gratitude pouvait passer pour une faiblesse, parce que se sentir redevable envers quelqu'un n'était pas la meilleure manière de se protéger. Mais elle était comme ça, Johanna ne pouvait pas, même dans ce genre de circonstances, se dire qu'elle n'avait aucune dette envers cet homme-là, qui lui avait sauvé la vie. Ce n'était pas comme si il n'était qu'un voisin à qui elle aurait emprunté un peu de sucre ou de levure. Non, c'était bien plus que cela. Dire merci ne semblait évidemment pas suffisant mais que faire d'autre...?

Et puis, il semblait déjà passé à autre chose. Comme si ce n'était rien d'autre que lui prêter du sucre, justement. Johanna avait l'air idiote, les mains en l'air, et le savait bien alors elle les baissa. Il était loin d'être hostile de toute façon, on aurait même dit qu'il lui avait souri brièvement. Elle n'osa pas, elle, préférant se frotter le bras et détourner les yeux. Elle ne prenait pas sa remarque comme quelque badinerie qu'il aurait pu tenter, non, mais bien comme un reproche. Un reproche qu'elle entendait en permanence dans sa tête, que sa petite voix intérieure ne cessait de lui répétait et qui disait sans cesse : "tu avais tort de venir ici, t'aurais jamais dû survivre à tout ça, ton frère serait encore en vie si t'avais pas été là, si t'avais su te débrouiller".

L'homme commença à se détourner, leur rencontre avait été brève, c'était le moins que l'on puisse dire mais au moins, elle n'avait rien eu à craindre. Un bon point déjà, elle pouvait reprendre sa route vers le sud, en tâchant de faire plus attention à l'avenir. Ne pas se faire surprendre, c'était ce qu'elle essayait toujours de faire mais ça ne marchait pas aussi bien qu'elle l'aurait voulu, vraisemblablement. Elle ouvrit de grands yeux en l'entendant à nouveau, tournée vers elle. Surprise, elle l'était indéniablement. Par le fait qu'il ne s'en aille pas sans demander son reste déjà, mais aussi par sa question. Comme quoi, même avec la fin du monde, les addictions restaient. Elle aurait presque pu trouver cela drôle.

" Oh heu...Non, j'ai pas ça, " répondit-elle avec un air navré sur le visage, elle n'avait jamais fumé et ne pensait pas à prendre ce genre de choses quand elle en trouvait. Elle devrait. Surtout maintenant qu'elle était toute seule. Cela lui permettrait de négocier avec certains, il y avait plein de gens qui seraient prêts à donner plein de choses contre un paquet de clopes. " Je cherchais juste des trucs utiles, " précisa-t-elle d'un coup, comme pour relancer une discussion, se mettre à parler avec lui et se rassurer. Elle n'avait vu personne d'amical depuis quelques temps déjà et, bizarrement, une conversation, quelques brefs mots échangés, une histoire ou deux racontées...Eh bien ça lui manquait. " Moi c'est Johanna, " se sentit-elle obligée d'ajouter, cherchant à tisser un lien quelconque avec cet inconnu.
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