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Let's watch those trees

Jeu 30 Mai 2019 - 18:11

« Essaie d’agacer personne d’ici à ce que je revienne. » Petite pique lancée à mon frère et je quitte les dortoirs, un petit calepin dans la poche arrière de mon jean et un crayon de papier qui ne sera bien plus qu’un lointain souvenir. Il va falloir que je refasse mon stock, j’ai trop de choses à raconter depuis qu’on est arrivés ici Cameron, Josh et moi. Quatre mois, à la louche, on s’y rend utile, chacun à notre manière, avec ce qu’on sait faire, et j’ose espérer que ça ne passe pas inaperçu, que tout ça a une vraie valeur. Une nouvelle maisonnée pour héberger toutes les âmes que ce groupe a recueillies et dont nous faisons partie.

Je suis encore loin de connaître tout le monde pourtant en traversant la cour pour rejoindre la tourelle au nord du camp on me salue. Gregory et sa gamine Julia, j’ai toujours un petit pincement au cœur quand je les vois, quand je vois l’étincelle dans le regard de cette gosse, cette étincelle qui me rappelle l’instant où je n’existais plus dans les yeux de mon père. Je chasse rapidement la pensée de mon esprit alors que je croise Josh, il a assuré le tour de garde précédent, je le retrouverai plus tard, ou pas. Pas de prise de tête, comme depuis qu’on se connait. « Bon courage, c’est mort … J’me suis un peu emmerdé, j’aurais préféré faire cette garde avec toi. » J’esquisse un sourire, tête penchée sur le côté, avant de lui coller mon poing dans l’épaule. « Faut s’intégrer beau gosse, j’suis sûre que t’étais en bonne compagnie. » Valeria, il n’avait pas l’air déçu.

Je le laisse partir se reposer et je reprends ma marche. Je ne sais pas avec qui je vais devoir assurer cette garde, et ça ne me pose aucun souci finalement, il y a encore trop de visages que je ne connais pas, ou trop peu. Sans compter que le Conseil accueille régulièrement de nouvelles têtes, bientôt il va falloir que je fasse une liste de tous ces noms, trouver un appareil photo ça serait bien aussi, pour garder une trace de tout le monde. Il faudra que j’y pense, à l’occasion, il y a plus urgent, bien plus urgent. Ajustant mon fusil sur mon épaule, je grimpe les quelques marches qui mènent au palier de la tour de guet.

Mon regard accroche la silhouette de celui qui sera mon compagnon d’infortune. Une rapide réflexion et son prénom me revient à l’esprit. « Oliver ! » Je lance en le saluant. Il est arrivé il y a peu, je n’ai pas encore eu trop le temps de discuter avec lui mais pour le peu que je vois, il n’a pas l’air d’un mauvais gars. Il me semble avoir compris qu’il connaissait Frederik,  mais je ne me suis pas appesantie sur le sujet. La curiosité est un vilain défaut, maman me le disait souvent quand elle me voyait coller mon nez où il ne fallait pas. « Prêt pour quelques heures à surveiller des arbres ? » J’ironise un peu, mais en réalité, tant qu’on ne surveille que des arbres, c’est plutôt bon signe. Pourvu qu’il n’y ait que des arbres à surveiller, que ce havre de paix perdure encore.  
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Re: Let's watch those trees

Ven 31 Mai 2019 - 14:37

La journée file à grands pas. Dans un coin de la cour, après s’être occupé pendant un temps du potager, Oliver a retrouvé Emmanuel et Maisie. Quoi qu’il arrive, ses pas le conduisent presque à chaque fois vers elle. Elle est, et restera probablement, toujours celle qu’il connait le mieux au fort. C’est donc tout naturellement qu’Oliver recherche sa compagnie quand il n’est plus occupé.

Qu’elle soit avec Emmanuel est une agréable surprise, car les deux hommes se connaissent depuis longtemps. Et même s’ils se sont perdus de vue depuis le début de la fin du monde, les deux ont été plus qu’heureux de se retrouver une nouvelle fois. Oli les rejoint donc, et tous trois parlent de tout et de rien, de leurs expériences passées, de leurs actes "héroïques" et se remémorent les bons moments. Maisie rigole elle aussi à ses souvenirs dont elle est pourtant absente. La bonne humeur des deux garçons est contagieuse.

Vient cependant le temps pour Oliver de les quitter. Un peu trop tôt à son goût, mais chacun a ses tâches à accomplir. Il aurait préféré poursuivre encore et encore leurs éclats de rire, mais comme lui, Maisie et Emmanuel ont des obligations qui les attendent ailleurs. Oli craint d’ailleurs d’être en retard pour son tour de garde. Il presse alors le pas jusqu’à la tourelle à l’angle du camp.

Il grimpe quatre à quatre les marches qui mènent à la plateforme d’observation, au centre de laquelle un toit peut offrir un abri aux observateurs aux aguets en cas de mauvais temps… ou de grabuge. Là, Oli trouve Josh et Valeria en poste. Les prénoms entrent peu à peu dans sa mémoire, plus facilement lorsqu’il s’agit de personnes avec qui il a déjà discuté, même quelques mots rapides. Les deux affichent un air un peu blasé. Ils ont l’air de s’être ennuyés sec, la relève vient les soulager. Leurs yeux retrouvent un petit pétillement qui les trahit et qui fait sourire le nouvel arrivant.

« Tiens, salut Oli. » le salue Valeria, suivie par Josh. « T’as oublié de prendre un fusil à c’que je vois. J’te laisse le mien. »

« Ah, euh... Ouais. Merci Val. »

Oliver s’empare de l’arme qu’elle lui tend, se maudissant d’avoir oublié de passer par l’armurerie avant de venir.

« Allez, bon courage cow-boy. »

Puis elle disparait par le même escalier d’où Oli est arrivé, Josh sur ses talons. Oliver inspecte le fusil, vérifie machinalement le chargeur et la chambre. Évidemment, il ne manque aucune cartouche. Dans le cas contraire, tout le fort aurait été au courant, c’est un peu le but des tours de garde. Il glisse son arme en bandoulière autour de son épaule et s'accoude au parapet, fixant la limite des arbres qui lui font face. Seule une nouvelle arrivée vient le tirer de sa rêverie.

Il se retourne, un peu surpris et affiche un sourire à la nouvelle venue.

« Oh, salut Haley. J’savais pas que c’était toi qui était de garde. » La plupart du temps, il découvre son compagnon de garde quand il arrive sur la plateforme et pas avant. « Bah écoute, pour l’moment ils sont calmes ces arbres. Juste à croiser les doigts pour qu’ça continue. »

À en croire sa mine entendue, Haley partage le même constat.

« À combien est la côte qu’il se passe quelque chose d’intéressant ? » tente-t-il de plaisanter.

Ses propres pronostics l’évalue assez faible. Un mal pour un bien en somme, c’est toujours mieux que de se faire tirer dessus ou que de voir un de ces cadavres ambulants. Parfois, la monotonie peut avoir du bon.
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Re: Let's watch those trees

Sam 1 Juin 2019 - 8:15

Mon fusil en bandoulière sur l’épaule, même si très honnêtement, à cette distance de laquelle on observe les environs je ne serais pas capable de toucher quoique ce soit, je rejoins le plateau de la tour de guet. J’y trouve Oliver, il n’est pas là depuis longtemps, lui et Maisie si ma mémoire ne me fait pas défaut, mais déjà les deux sont très impliqués dans la vie du camp, dans la construction de ce groupe. Pourtant je le sais parce que notre arrivée à Cameron et moi n’est pas si ancienne, ça peut être dur de se faire une place dans un groupe déjà conséquent. Déjà soudé. Je le salue, il me répond et sa plaisanterie m’arrache un sourire. « Ils ont intérêt à rester sages alors, sinon j’rappelle Josh et il se fera un plaisir de les découper en planche pour qu’on construise encore d’autres maisons. »

J’avance et je dégage le fusil de mon épaule pour le poser contre la rambarde avant d’y appuyer mes coudes. Mains en coupe, je repose mon menton dans mes paumes alors que mes yeux parcourent l’horizon masqué par la cime des arbres. La question d’Oliver me fait tourner la tête vers lui. « Hm… j’aimerais dire qu’on a plus de chance qu’il se passe rien mais … pour ne pas trop baisser notre garde, on va dire 50/50 ? » En réalité, même si c’est ennuyeux de passer des heures à observer des arbres, je préfère que cela reste ennuyeux, moins de dangers, moins de risques, c’est toujours plus positif pour le groupe.

« Ça se passe bien pour Maisie et toi ici ? » Un sourire ponctue mes mots, mon regard posé sur Oliver, sans le dévisager, mes parents m’ont appris à ne pas faire ça. Mais ils m’ont aussi appris à me concentrer sur la personne avec qui je discute, à ne pas parler simplement pour parler. Ils m’ont appris à m’intéresser aux autres, à tout ce qu’ils pouvaient nous apporter et tout ce que, réciproquement, on pouvait leur apporter. « J’veux dire, ça fait bizarre au début non ? De se retrouver parmi tant de personnes … C’était Cameron, Josh et moi pendant un temps avant qu’on soit ici. » Un temps pas si long finalement, mais assez pour que je me réhabitue à juste leur compagnie. Ici, il y avait des enfants qui galopaient dans la cour, des chevaux qui hennissaient dans les écuries, toujours une vingtaine de personnes qui allaient et venaient. Les premiers jours, ça avait eu un côté étouffant.

A nouveau, je me tourne vers la forêt. Quelques oiseaux s’envolent plus loin, je plisse les yeux en espérant ne pas voir débarquer un groupe de rôdeurs, mais je ne vois finalement sortir des bosquets que Clint et James. Je leur adresse un signe de la main avant de soupirer. « Ça compte comme quelque chose ça ? » Un mince éclat de rire file mes lèvres, j’ose espérer qu’il ne se passera rien de grave durant cette garde, mais s’il pouvait au moins se passer un truc, n’importe quoi … Même la traversée de Bambi vers sa nouvelle maison ferait l’affaire à ce niveau-là.
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Re: Let's watch those trees

Lun 3 Juin 2019 - 12:34

« Va pour 50/50 alors. »

Un petit sourire en coin s’affiche sur le visage d’Oliver. Ils ne devrait pas s’ennuyer avec Haley. Elle n’est pas celle qu’il connait le mieux sur le camp, mais déjà il sent que le courant passe entre eux. D’une manière générale, il est assez rare qu’Oliver se montre véritablement hostile envers quelqu’un. Sauf si cette personne attente à sa vie ou à celle de ses proches.

Mais jusque là à Fort Nisqually, Oli s’entend relativement bien avec tout le monde. Il faut dire qu’il fait son petit bonhomme de chemin, participant autant que possible aux différentes tâches inhérentes à la vie en communauté et noue peu à peu des amitiés diverses et variées avec ses nouveaux compagnons. S’il n’est certainement pas le plus expansif ou le plus extraverti des hommes, Oliver se dit qu’il fait ce qu’il faut pour être un bon compagnon. Qu’il plaise ou ne plaise pas, il n’y peut pas grand chose. Dans tous les cas, il n’a rien à se reprocher.

Et justement, Haley oriente la conversation sur ce terrain. Ils ont tout le temps devant eux pour aborder une multitude de sujets.

« Écoute, j’pense que ça s’passe bien. On s’est pas encore fait virer en tous cas. » Il affiche un nouveau sourire en coin, accompagné d’un léger esclaffement. « Maisie est sûrement plus à l’aise que moi dans c’t’exercice, mais on s’soutient. »

Est-ce que ça fait bizarre ? Oui, forcément. Un peu. Après avoir passé tant de temps à vivre au jour le jour dans les décombres de Seattle, cela leur a fait un petit quelque chose d’assez difficile à expliquer la première fois qu’ils ont regoûté au confort d’un vrai lit, sous un vrai toit. Et entourés de personnes qui ne cherchent ni à prendre leurs biens ou leur vie.

« Mais c’est vrai qu’ça f’sait longtemps qu’on avait pas côtoyé autant d’vivants. Et surtout qu’ils cherchent pas à nous tirer d’ssus. C’est nous aujourd’hui, c’en sera d’autres demain. J’espère. C’t’un chouette endroit ici. »

Oliver est même en-dessous de ce qu’il ressent pour Fort Nisqually. Très largement. Évidemment, il ne s’attend pas à ce que tout le monde soit parfait, lui-même ne l’est certainement pas, mais il se sent bien au sein de cette communauté. Pour la première fois depuis longtemps, il a eu des nuits calmes, un contact franc et amical avec de nombreuses personnes. Il sait que la plupart des habitants ont été durement éprouvés, récemment ou moins récemment, et il espère qu’il pourra apporter sa modeste contribution pour permettre à tous une vie meilleure.

Il est tiré de sa rêverie par un bruit de plumes, puis le déboulé de Clint et James hors des arbres qui bordent le camp juste devant lui. Il répond à leur salut puis soupire à la suite d’Haley. Bien qu’étant plus en paix qu’auparavant, Oliver est toujours un peu fébrile et il avait été à deux doigts de se saisir de son arme. De cette hauteur, il ne craint rien cependant. C’est un simple réflexe qu’il a pris et malgré tout, Oli est plutôt content que ça ne lui passe pas. Qui pouvait savoir de quoi l’avenir serait fait ? Il préfère rester sur ses gardes, quand bien même cela s’avère inutile.

« Mmmh… Sur un échelle de zéro à dix, on est clair’ment sur un deux. Pas fou, peut mieux faire. »

Un un représentant un animal en vadrouille et un dix une horde ou une armée. Oliver espère clairement ne pas arriver à ce stade critique de son échelle d’urgence et rester dans la partie gérable et sans grand danger de mort imminente. S’ils peuvent échapper à la venue d’un rôdeur qui s’est perdu en forêt, ça lui irait assez bien d'ailleurs, encore qu’il apporterait un semblant d’animation à leur tour de garde.

« Vous faisiez quoi avant ? J’veux dire, avant ici, avec Cameron et Josh. »

Ce n’est pas forcément son genre de se montrer curieux de la sorte, mais il se rend compte qu’il connait Haley sans vraiment la connaitre. Et puisqu’ils sont là tous les deux, bloqués pour quelques heures, Oliver se dit qu’ils peuvent faire plus ample connaissance. D’autant qu’ils ont l’air de bien s’entendre et de se situer sur la même longueur d’ondes.
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Re: Let's watch those trees

Lun 3 Juin 2019 - 21:26

50/50. Une chance sur deux que la garde se passe bien, une chance sur deux que rien ne se passe comme prévu, dans le fond c’est un peu comme ça pour nous depuis ce mois d’octobre 2015. Quoique l’on fasse, on n’a jamais l’assurance que tout se passera bien, ça pourrait m’angoisser mais finalement ça me paraît dérisoire à côté de tout le reste. Entre mourir jeune sous les crocs d’un cadavero et vieille en ayant oublié tout de ma vie, je ne suis pas sûre que les morts soient le pire des sorts, mais c’est sans doute l’angoisse qui parle.

Curieuse, mais soucieuse aussi, je demande à Oliver comment se passent leur vie ici à Maisie et lui. J’esquisse un large sourire à sa réponse. « Effectivement, je pense que c’est plutôt bon signe. J’pense que je pourrais en dire autant, surtout pour Cameron … On l’a pas encore collé à la porte, ça doit être bon signe. » Je lui décoche un clin d’œil, tout le monde sait que mon frère est un emmerdeur de première, désagréable, mais tout le monde sait aussi qu’il a son utilité, qu’il n’a pas toujours tort. En fait, Cameron a rarement tort, même s’il a une drôle de façon de faire passer ses idées, j’y suis habituée, mais je pourrais comprendre si certains tentaient de le mettre à la porte. Comme d’autres comprendraient que je le suive. « L’important c’est de rester soudé. » Je hoche la tête, appuyant ses propos. Si Maisie se sent plus à l’aise dans ce groupe, elle peut l’épauler, le soutenir s’il a des doutes, ça fonctionne comme cela pour Cameron et moi aussi.

« C’est plutôt chouette ouais … Y’a du potentiel, celui de construire de grandes choses, et j’parle pas seulement des maisons même si avec une forêt comme ça autour de nous on a de quoi faire. » Débiter des planches de bois et faire des chalets, ce n’est qu’une étape dans ce vaste plan qu’est la reconstruction de l’humanité, de notre civilisation. Ici, il y a des enfants, on leur apprend des choses, autre chose que se battre même si ça fait partie des prérequis pour ne pas y passer. Il y a surtout des gens qui veulent pouvoir s’en sortir, vivre plutôt que survivre, sinon le camp n’aurait pas cette allure. Sinon il n’y aurait pas autant de monde. J’y crois.

Clint et James nous interrompent, pas de soucis, je me contente de les saluer avant de continuer la plaisanterie lancée plus tôt avec Oliver. « On peut clairement mieux faire … » Mais on peut aussi faire pire, il y pense sans doute aussi mon camarade de garde à ce pire qu’on pourrait faire pour cette garde. Une horde, un groupe, une meute de loups ? Que sais-je d’autre. Mon regard clair se repose sur les cimes des arbres qui dansent à peine sous la brise de la soirée quand sa question me pousse à tourner la tête vers lui. « La même chose mais ailleurs. » Je réponds sommairement, un sourire triste étirant mes lèvres au souvenir de nos anciens camarades. « On a un peu bougé depuis le début … on était vers Sea-Tac avant ici, mais on a dû partir. » Je n’en dis pas plus, parce que je ne suis pas certaine de vouloir m’étendre là-dessus de suite, pour ne pas penser aux premières semaines, à la perte de papa et maman, à notre groupe qui s’est étiolé avec le temps, les événements. « Et vous ? Vous connaissez Fred avant tout ça ou bien ? » J’essaie d’orienter la discussion vers Oliver, déjà parce que ça m’intéresse, mais aussi parce que ça sera peut-être plus simple de parler de tout ça après. Peut-être. Peut-être pas.
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Re: Let's watch those trees

Mer 5 Juin 2019 - 11:52

Oliver laisse échapper un petit éclat de rire. Il sait que Cameron a son caractère et qu’il peut taper sur le système de certains. Et encore, Oli se dit qu’il est peut-être loin de la réalité. Mais puisqu’il le côtoie assez peu, il n’a jamais eu à s’en plaindre jusque là.

Comme le dit si bien Haley, l’important est d’être soudés. Il est évident qu’on ne peut pas plaire à tout le monde dans une communauté, et réciproquement. Mais tant que tous tirent dans le même sens et ont en commun le même but de vivre en paix, Oliver ne voit pas de raison que ça ne marche pas. Il faut de tout pour faire un monde.

Toujours accoudé sur la rambarde, il reporte son attention sur les arbres, observant tant leurs pieds que leurs cimes. Mis à part quelques cris d’animaux et l’envol d’oiseaux dans le ciel qui s’assombrit peu à peu, rien à déclarer. Il se sent comme dans ce livre de Buzzati, Le Désert des Tartares, à attendre là - et las - que quelque chose se passe. En vain.

Il écoute avec attention la réponse que lui fait Haley. Elle ne se plonge pas dans les détails, il respecte ça. Ils ont tous ici vécu des expériences différentes, pour certains traumatisantes. Oli, lui, se dit qu’au fond il a eu de la chance. Il a perdu beaucoup, certes, mais a aussi beaucoup gagné. Maisie d’une part, et il a retrouvé Frederik en arrivant à Fort Nisqually. Et même s’il reste très marqué par ses expériences, toujours un peu mélancolique, il n’aurait pas pu demander mieux au fond. Dans le monde actuel, il faut savoir apprécier ce qu’on a. On n’est pas toujours sûr de l’avoir encore le lendemain.

« Ouais, Fred a débarqué chez moi quand il est arrivé en Amérique. Mon père l’a pris avec lui à son boulot. Il y connaissait rien en mécanique le pauvre. » Ce souvenir lui arrache un sourire. Quelle bande de bras cassés ils avaient été. « On a tout d’suite accroché. Y’avait mon frère aussi, et Emmanuel. T’sais, celui qu’est là aussi. On a fait les quat’ cents coups ensemble. » Il s’esclaffe, tout sourire en repensant à ces années, si lointaines. « C’était bien. Mais ça semble si loin. Si différent. Si… irréel. »

La joie qu’ont ravivé ses pensées laisse place à une nostalgie et à une certaine tristesse. Il était rare qu’Oliver aborde ces années et les stigmates qu’elles ont provoqué. Son regard se perd au loin, où s’envolent des dizaines de volatiles dans le ciel orangé du soir.
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Re: Let's watch those trees

Ven 7 Juin 2019 - 8:38

Mon regard rivé sur les arbres, j’appuie mes coudes sur la rambarde, mes avant-bras croisés et je pose mon menton dessus. A ça près je pourrais me pencher pour me laisser glisser par-dessus la rambarde, mais je ne le fais pas, je tiens trop à la vie pour risquer de mourir d’une chute idiote. Non, cette position, ça me permet de me cacher un peu en écoutant le récit d’Oliver. Il connait Frederik et Emmanuel depuis un moment. Il parle de son frère, lui n’est pas là visiblement, je ne pose aucune question dessus et je me contente de sourire au vide. L’espace d’un instant, j’essaie de l’imaginer, cette vie où Cameron ne serait plus là. Mon cœur se serre et un soupir file mes lèvres, c’est impensable, parce qu’il a toujours été dans ma vie, une constante rassurante, un pilier sur lequel m’appuyer.

« J’vois ce que tu veux dire … Ca fait pas si longtemps que … tout a disparu mais pourtant … j’ai l’impression que ça fait une éternité déjà que toute notre vie c’est … ça. » Je relève à peine la tête pour désigner du menton la forêt devant nous, par-là cette forêt les cadaveri, la mort, la fuite en avant. « C’est … rassurant d’avoir encore quelqu’un qui me raccroche à cette vie-là, enfin … je trouve. Tu sais comme … hm… » Je cherche mes mots, parce que dans le fond, je pense que ce monde ne m’a pas trop changée, mais je sais qu’il l’a fait quand même et que Cameron est mon ancre à mon ancien-moi. Comme je suis la sienne. « Une ancre. Pour pas dériver et devenir cinglée ou une personne totalement différente. »

Je ne sais pas si mes mots ont du sens, à plus forte raison quand je sais que c’est précisément pour lui que je pourrais devenir une toute autre personne. Tuer. Pour le défendre, le protéger. « Et tu f’sais quoi du coup dans cette vie si lointaine pourtant pas si éloignée ? » Je demande alors, parce que ça aussi, ça fait partie des choses qui me permettent de me raccrocher au fait qu’on est encore Humain, contre les morts-vivants, contre les moins humains de nos semblables. On a notre histoire, et elle dessine les contours de ce que nous sommes aujourd’hui. On est les derniers à se rappeler de tout ça, les enfants de ce camp pour les plus jeunes ne connaîtront jamais tout ça, parce qu’on n’aura pas reconstruit la civilisation à temps. Leur rôle à eux, à défaut de se rappeler de l’ancien monde, ça sera de créer le nouveau.

C’est plutôt ironique quand j’y pense, moi qui ai peur d’oublier je suis là pour raconter ce que c’était avant, pour aider les plus jeunes à savoir vers où aller, et vers où ne surtout pas aller. Ça serait vraiment un comble que j’oublie, je ne peux pas oublier, je ne veux pas. « Moi j’bossais dans la construction, je sais, on dirait pas. » Je relève enfin le nez de ma contemplation, esquissant un sourire aimable, rassurant.
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