June se préparait toujours mentalement quand il était question d’aller voir Dinah. Celle-ci était très compétente dans son domaine mais c’était à croire qu’elle se faisait un malin plaisir à mettre sa patience à l’épreuve. La rouquine aurait préféré envoyer quelqu’un la rencontrer à sa place mais Evelyn était très occupée à l’intendance avec la préparation des expéditions pour le matériel médical, elle s’était décidée à y aller personnellement. Ça lui ferait prendre l’air dans tous les cas : le printemps offrait l’une de ses premières journées radieuses et l’enfermement donnerait presque des nausées à l’avocate. Après avoir rempli un sac à bandoulière avec un thermos de café, un bloc-notes et trois stylos noirs, elle torsada rapidement ses cheveux de feu pour les retenir avec une baguette blanc émail et quitta son pavillon.

L’odeur iodé de la mer l’accompagna tout le long du chemin. Elle qui avait toujours vécu dans les terres sans grand intérêt pour les bords de mer, elle commençait à se dire qu’il y avait pire cadre pour vivre cette nouvelle ère. Avant d’arrivée, la quarantenaire accorda quelques minutes à Hokulani qui partait prendre sa garde au dispensaire. La gynécologue s’était finalement ouverte, tout comme ses enfants. Elle avait retrouvé quelque chose de l’éclat qu’elle devait avoir avant. Enfin, June avait atteint la maison occupée par Dinah et frappa à sa porte. Si elle n’était pas là, elle avait quelques idées d’où pourrait se trouver l’ancienne photographe mais fort heureusement, le battant s’ouvrit finalement sur la concernée.

- Bonjour, elle n’irait pas plus loin dans les convenances, ce serait un peu contraire avec sa politique personnelle, ton appareil est prêt ? C’est le moment pour faire les photos sans déranger Valentine.

Avait-elle oublié ? Le principe des clichés à montrer aux survivants pour les convaincre de les rejoindre semblait plutôt bien fonctionner – du moins, il avait fait la différence pour certains. L’avocate tenait alors à régulièrement mettre leur collection à jour et ils n’avaient pas encore immortaliser les ruches et la serre souterraine. C’était pourtant un travail qui méritait d’être montré : il promettait une culture diversifiée mais surtout, il témoignait de la ténacité des survivants de Fort Ward.